[...]il faut rendre cette justice aux Hollandais, qu'ils s'entendent admirablement à l'œuvre de colonisation. Ce petit peuple a pu conquérir et administrer victorieusement des régions vingt fois plus grandes que son propre territoire.
-Ils sont, en effet, d'excellents colonisateurs. Ils ont eu la sagesse de laisser aux races conquises le côté extérieur et brillant de leur indépendance. "Ainsi les rois indigènes de Java ont conservé le droit d'entretenir des armées permanentes. Oh ! ces armées ne constituent pas un bien grand danger pour les conquérants. Elles ignorent l'usage du fusil moderne et de la mitrailleuse. Elles conservent les armes moyenâgeuses de leurs ancêtres.
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Plus d'une fois, des casoars ont forcé des naturalistes à se réfugier dans des arbres. L'ongle acéré de leur orteil inférieur est en effet une arme redoutable, qui vaut la griffe tranchante du kangourou et qui est capable de faire tout autant de mal.
On avait enlevé le cadavre, sur l'ordre même d'Herlokolms ; une simple barrière de bois protégeait cet endroit afin que les curieux ne vinssent point fouler la place, au cas où de nouvelles recherches eussent été nécessaires.
L'agent qui se tenait près de cette clôture nous salua avec respect, et fit même cette remarque philosophique :
-Des gens comme ça, monsieur Herlokolms, il vaudrait mieux leur tordre le cou quand ils viennent au monde.
Je n'étais pas tout à fait de l'avis du brave policeman.
Sans les assassins, que feraient les détectives ?
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Comme tout Anglais de race, je suis méthodique, car j'estime qu'avec de la méthode on arrive a une précision de mémoire extraordinaire.
Et il faut de la mémoire pour exercer l'art si complexe du détective, - je dis "détective" et non pas policier.
D'abord, je suis gentleman, fils de gentleman. Mon père, Arthur Edgar Dickson, était un des farmers les plus honorablement connus de l'Ouest Australien.
Le policier, lui n'est jamais un gentleman et c'est presque toujours un mauvais détective, car il manque précisément de ce qui fait notre force à nous : la méthode.
Devant nous s’étendait une plaine d’azur, bordée dans le lointain par des roches qui semblaient formées de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel…
Ah ! qu’un peintre impressionniste se fût extasié devant ces champs mauves, ces rochers bleus, verts ou jaunes !
Mais nous qui n’étions point des peintres et encore moins des impressionnistes, nous demeurâmes tout simplement ébahis !
Le docteur Oméga - Arnould Galopin - 1906
Il y a de ces misères physiologiques qui surexcitent les nerfs et qui, après avoir donné le frisson, finissent par horripiler. Elles deviennent une obsession et, à leur vue, au lieu d’une exclamation de pitié, c’est un cri de fureur qui s’échappe, car le moderne altruisme s’accommode mal de certaines complications et n’entend pas être soumis à trop rude épreuve. Il est entendu que chacun aime son prochain, est quelquefois disposé à le secourir et à le consoler, à condition toutefois que ce prochain ne force pas les cœurs à des dévouements trop héroïques.
Il était laid, atrocement laid, d’une laideur qui dépassait tout ce que l’on peut imaginer, non point que sa figure fût ravagée par quelque lupus, labourée par un chancre répugnant ou couturée de plaies immondes… Elle n’avait subi aucune déformation, nul accident n’en avait bouleversé les lignes, mais ce qui la rendait ignoble, monstrueuse, c’était sa seule couleur…
Il arrive qu’une vengeance porte parfois à faux et qu’elle atteigne des innocents.
Il ne tarda pas à en être amoureux fou et, de peur qu’on ne la lui prît, il l’épousa. Pauvre naïf qui s’imaginait qu’il suffit d’un « oui » pour enchaîner un cœur de femme !
Rien n’était impressionnant comme cette face, qui semblait celle d’un cadavre en décomposition et qui était cependant éclairée par deux yeux jaunes où se lisait la douleur de vivre encore et l’exaspération de ne plus compter parmi les vivants… La plume d’un Edgar Poe pourrait seule rendre une telle vision d’épouvante… Cela donnait le frisson et fascinait tout à la fois.