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Verticales

Les éditions Verticales sont une maison d`édition fondée en 1997 par Bernard Wallet. L`objectif affiché par cette maison d`édition est d`être "une centre de ralliement des divergences" et de faire connaitre des auteurs aux positions singulières et originales afin de lutter contre une littérature "utile, utilisée, utilitaire, utlisable". La majeure partie du catalogue est consacrée à la fiction française et une grande importance est portée à la découverte de nouveaux auteurs. La maison d`édition fait aujourd`hui partie du groupe Gallimard.

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Dernières critiques
Naissance d'un pont

Alors que ce roman peut sembler, de prime abord, partir dans tous les sens, il permet en réalité à Maylis de Kerangal de faire briller, une fois encore, toutes les facettes de son talent.

La première impression vient du fait que l'on suit de multiples personnages, tous impliqués dans la "naissance d'un pont" : ouvriers, cadres, dirigeants, opposants. Sans suivre les milliers d'opérateurs engagés pour la construction, l'autrice en sélectionne quelques-uns, de profil variés, et leur donne vie en retraçant pour chacun et chacune, le parcours qui a mené jusqu'au chantier du pont. On part alors dans de multiples recoins de la planète et dans des milieux sociaux disparates.

Cette manière de tisser plusieurs fils en parallèle peut faire tiquer les lecteurs habitués à une cohérence d'horloge suisse. Mais l'autrice parvient tout d'abord à dessiner des personnalités hautement réalistes et qui offrent chacune une manière différente d'appréhender le projet de ce pont titanesque. Par ailleurs, elle dévide chacune de ces existences jusqu'à leur point de rencontre et les agence les unes par rapport aux autres avec précision et finesse. Pas de caricatures, pas de facilités, juste des humains réunis face à la matière qu'ils doivent dompter pour produire un ouvrage d'art.

Il est d'ailleurs inévitable de remarquer à quel point l'autrice a intégré tous les éléments liés à son sujet, qu'il s'agisse de la technique ou des rôles de chacun. Ce n'est pas étonnant, quand je me souviens de sa maîtrise du monde médical dans Réparer les vivants ou des méthodes picturales dans Un Monde à portée de main. Le plus étonnant est sa façon d'intégrer ces données techniques dans son texte sans qu'aucun passage ne semble artificiel.

Une fois exposées toutes ces qualités de l'autrice, il me faut pourtant évoquer ce qui, à mon sens, constitue sa force la plus remarquable : son éloquence.

Outre la structure de ses phrases, souvent très longues, images parfaites de l'agitation des esprits, des corps, des engins de chantier, elle a une manière unique de dompter le langage : images inattendues et si parlantes, vocabulaire atypique, bigarré, puisant à de multiples registres, transcription précise et vivante des idées, des angoisses, des désirs, représentation puissante et convaincante des décors et des actions.

Cette maitrise de toutes les possibilités de l'écriture fait de Maylis de Kerangal une autrice réellement inimitable. Et cette nouvelle lecture ne fait que me le confirmer.

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Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de..

Imaginez-vous une mère qui, l'espace d'un instant bref, laisse sa petite fille échapper à sa vigilance. Fort heureusement, elle la retrouve mais... elle est persuadée que cette enfant n'est pas sa fille et elle compte vous le prouver.



J'ai beaucoup aimé ce court roman. D'abord parce que nous sommes plongés directement dans les pensées de la mère, également narratrice de l'histoire. Ses pensées sont des méandres, à nous de savoir ce qu'il en est. Nous suivons ses doutes, son regard qu'elle pense lucide et juste.

Le roman aborde le cas d'une maladie rare, peu connue, qui atteint le cerveau. Peu à peu le lecteur plonge dans la folie de la mère, qui voit peu à peu sa famille détruite, ses certitudes s'effondrer et son monde s'anéantir.

Je recommande la lecture de cet ouvrage oh combien touchant et dur.
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J’entends des regards que vous croyez muets

Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une forme de journal de l’auteur, qui partout où il passe semble ne jamais pouvoir se départir de sa nature d’écrivain : celle d’un homme qui observe ses contemporains d’un regard curieux, bienveillant, tendre même parfois, qui tel Sherlock Holmes n’a besoin que de quelques petits détails pour reconstruire aux personnes croisées toute une vie. Que ce récit corresponde à la réalité, quelle importance ? Le plaisir est dans l’exercice de pensée.



Pour le lectorat, il est dans la délicatesse avec laquelle Arnaud Cathrine esquisse des portraits, s’attardant souvent, consciemment ou non, sur des personnes dans une situation de fragilité ou de vulnérabilité, de laissés-pour-compte comme son voisin qui parle tout seul et semble avoir peur de tout au dehors, ce jeune homme à la laverie dont la vie semble tenir dans un seul sac, ce musicien des rues dont la dégaine se surimpose dans l’esprit de l’auteur avec des événements traumatiques. Parfois, au contraire, ce sont des gens en apparence bien sous tous rapports, mais alors l’auteur débusque les failles, comme si ses propres fragilités lui donnaient la capacité de repérer celles des autres. C’est une tenue légèrement élimée, la quête de quelqu’un à qui parler, le choix d’un emplacement à la plage. Parfois, on se reconnaît, dans certains des gestes ou des comportements adoptés par les personnages qui peuplent les pages. Parfois, on reconnaît des situations qu’on a nous aussi pu observer, et c’est tantôt drôle tantôt déchirant.



Au fil des textes, c’est aussi l’auteur qu’on apprend à connaître, car il n’est pas toujours simplement un observateur discret. Arnaud Cathrine se met en scène, planqué derrière un magazine dans un train ou derrière un journal dans un café, et c’est aussi lui qui se dessine et qui devient la matière de son livre, dans ses astuces pour pratiquer ses vols, comme il appelle cette façon de réécrire la vie de ses contemporains, mais aussi dans des conversations avec des proches, ou avec des inconnu(e)s. A-t-il vraiment aidé cette femme à porter un pack d’eau ? Raccompagné ce jeune serveur en voiture ? Pris le train avec des ami(e)s qui venaient d’euthanasier leur chat ? Peu importe, ce qui compte, c’est qu’il y a pensé, que ces situations lui sont venues à l’esprit et lui ont parues dignes d’être consignées. Et à chaque texte, on ne sait pas quel rôle il va tenir dans celui-là, et cela fait partie de la surprise, de l’impression d’ouvrir en tournant la page un nouveau paquet cadeau qui laisserait jaillir un bibelot unique et surprenant.



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