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Le soldat désaccordé

Plus de neuf millions de morts et disparus, plus de vingt millions de blessés. C’est pour eux que Gilles Marchand a écrit ce très beau roman autour de ce qui devait être la Der des Der. Eux qui, contrairement à ce que veut faire croire l’histoire officielle, ne sont pas partie la fleur au fusil « Je ne connais d’ailleurs personne qui l’ait vécu ainsi. L’image était certes jolie, mais elle ne reflétait pas la réalité ».



Ils ont laissé une amoureuse, une famille. Ceux qui sont revenus étaient souvent blessés, estropiés, défigurés. Notre narrateur est rentré chez lui, mais impossible de reprendre une vie normale, d’ailleurs y avait-il encore une vie normale ? Avec une main en moins, il lui est impossible de continuer à conduire un tramway, alors il vient aide aux familles qui sont à la recherche d’un des leurs, disparu sans laisser de trace. Une enquête en particulier va l’occuper plusieurs années, celle d’Emile Joplain, jeune homme promis à un bel avenir et amoureux fou de Lucie.



Cette affaire, c’est une incroyable histoire d’amour qui nous mène sur les traces de ces soldats qui ont vécus l’horreur des tranchées, la faim, le froid, le bruit …

« On voulait des lions, on a eu des rats.

On voulait le sable, on a eu la boue.

On voulait le paradis, on a eu l’enfer.

On voulait l’amour, on a eu la mort.

Il ne restait qu’un accordéon. Désaccordé. Et lui aussi va nous quitter. »



De certains passages dans les tranchées, je n’ai pu m’empêcher de penser au livre (absolument magnifique) d’Erich Maria Remarque « A l’ouest rien de nouveau ». D’ailleurs, avec la même justesse, il écrit ces mots « Si on avait su qu’un boche c’était rien qu’un Français qui parle allemand, on aurait eu du mal à continuer à leur tirer dessus » qui disent tant de l’absurdité de la guerre.



Une plume délicate et empreinte de poésie pour dire l’horreur de la guerre et rendre, avec grâce et honneur, un vibrant hommage aux combattants de toutes les guerres.
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Le soldat désaccordé

Fin de la Première guerre mondiale.

Le narrateur qui a perdu une main dans les tranchées et s'est vu proposer le boulot de convoyeur sur la fameuse Voie Sacrée a du mal à se reconnecter avec la vie d'avant. Il en a transporté des corps mutilés et des troupes angoissées sur cet axe devenu aussi célèbre que « le chemin des Dames »!

A la fin du conflit, le survivant poursuit son long chemin de croix en se mettant au service d'enquêtes qu'ouvre l'administration des armées pour identifier les soldats disparus et essayer de répondre au mieux aux questions de familles privées du corps de leur cher disparu. C'est ainsi que durant des années, il va s'oublier dans un improbable et interminable travail de fourmi dont l'issue laisse la plupart du temps peu de doute.

Le roman raconte l'enquête de notre pugnace narrateur lancé sur les traces d'Emile Joplain, fils chéri d'une mère inconsolable qui l'a mandaté pour retrouver ce soldat poète amoureux disparu dans d'obscures circonstances.



Dans un genre tout à fait nouveau qu'on peut qualifier de Polar historico-romantico-réaliste, Gilles Marchand nous livre un récit passionnant et vraiment très bien écrit qui transporte le lecteur au coeur du conflit et des ahurissantes conditions de vie des poilus de la der des Der. C'est lyrique, poétique, dramatique et d'un réalisme bouleversant. L'histoire d'amour du soldat Joplain permet en outre à l'auteur d'évoquer la situation complexe de l'Alsace dont les habitants n'étaient pas tous des « malgré nous » et le statut particulier de ces soldats germanophones combattant pour la France tout en parlant la langue de l'ennemi.



Pourtant, la narration s'essouffle sur la dernière partie du roman, s'enlisant à mon avis dans un romantisme excessif et le choix d'un scénario parfois peu vraisemblable dans ce cadre-là. J'aurais donné sans hésiter 5 étoiles à ce très beau texte si l'auteur nous avait conté une histoire au développement plus crédible ainsi qu'au dénouement peut-être plus audacieux.



Ce roman n'en demeure pas moins une digne évocation de l'horreur de ce conflit dont on ne dira jamais assez combien il fut une impitoyable et inutile machine à broyer l'humanité. Très belle découverte que je recommande chaudement.

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Le grand Meaulnes

En traversant le village d'Epineuil le Fleuriel dans le département du Cher, on peut encore de nos jours voir la "maison-école" où, à la fin du du 19ème siècle, Alain-Fournier fit ses 1ères études sous la houlette de ses parents instituteurs.

L'auteur s'est inspiré de ce lieu pour évoquer celui qui sert de cadre à ce roman, et pour y glisser l'apparition fortuite et passagère d'Augustin Meaulnes, un jeune homme de 17 ans, appelé "Le grand Meaulnes" par les élèves du Cours Supérieur qu'il fréquenta quelques temps.

Augustin Meaulnes est une sorte de chevalier aventureux et romantique qui symbolise à lui seul l'adolescence, cette période de la vie qui porte en elle l'envie "d'ailleurs" et de liberté sans restriction, l'amour fantasmé et l'amitié que l'on voudrait indestructible. C'est un être "de passage" que l'on admire, que l'on jalouse, ou que l'on aime " à ses risques et périls", car il ne fait que passer.

D'autres personnages, inspirés eux aussi de rencontres majeures faites par l'auteur - la jeune Yvonne de Galais et son frère Frantz, notamment - interviennent largement dans le récit, complétant ainsi ce tableau intemporel de la lente rupture d'avec les années d'enfance;

Le lecteur se prend à aimer cette écriture au charme désuet qui dépeint une France rurale aujourd'hui disparue, et dont on peut toutefois douter de l'attrait qu'elle exerce encore sur les adolescents du 21ème siècle.
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