AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Locus Solus Editions [corriger]


Livres populaires voir plus


Dernières parutions


Dernières critiques
Le Matelot Gus

Ce curieux album, petit album pour un grand voyage, est à glisser dans son sac de marin avant l'appareillage.

Il est un hommage à Gus Bofa, un hommage qui durera ce que peut durer le temps d'une escale.

"Le matelot Gus" est une sorte de grand carnet d'illustrations de Christian Cailleaux.

Cet album d'une soixantaine de pages raconte une histoire et dégage une atmosphère.

Il nous présente le matelot Gus, "bouchon gras" attaché à sa machine.

On l'a surpris après six semaines de mer.

Autant dire, rien !

Quelques coups d'hélices, quelques escales et puis le retour sur le continent ...

Gus est marin, un de la "mar-mar" mais son bachi vissé sur la tête, son caban défraîchi et son tricot rayé délavé lui font une silhouette de "bateau gris", gris comme les teintes plus ou moins foncées du crayonné de Christian Cailleaux.

Mais qu'importe le type du bâtiment.

Tout part du quai et revient sur le quai.

Gus est en errance.

Il va d'une page à l'autre, d'un bar au café de la marine, d'un visage parfois juste aperçu à un corps bientôt oublié.

Pourtant il ne faut pas s'y tromper, Gus connaît la peur et la solitude ...

Il est ici question dans la préface, et aussi dans la postface de Mac Orlan.

C'est que Gus Bofa l'a illustré dans nombre de ses romans, lui offrant souvent de splendides couvertures.

Pourtant le matelot Gus donne ici l'impression d'avoir voulu traverser un roman d'Edouard Peisson.

Il crâne.

Il veut se donner des airs d'Hans le marin.

Cet album de Christian Cailleaux est déroutant et très original.

Il a saisi la grisaille du métier, celle qui n'amène que des regrets : celui d'être resté à terre pour y vivre sa vie ou celui d'avoir appareillé en abandonnant tout ce qui fait la vie d'un homme.

Jean-François de Nantes avait autrefois abandonné son bateau sur un "adieu saleté !".

Mais même le coeur de la belle Thérèse Cordemais n'avait su finalement le retenir.

Il était reparti, maugréant comme il était venu, le regret au coeur.

Cet album a été publié par les éditions bretonnes Locus-Solus".

J'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de dire le bien que je pensais de cette belle maison d'édition et de son splendide catalogue.

Quelle chance d'habiter, non pas le triangle des Bermudes, mais le losange contenu par les angles des éditions de l'Atalante à Nantes, du Chasse-Marée à Douarnenez, des Terres de Brume à Dinan et de la maison Locus Solus à Chateaulin.

Que Dieu me savonne et que papa tango charlie me pardonne, c'est moins risqué d'y perdre ses affaires et plus facile d'y trouver un bon livre.

Et comme un plaisir ne vient jamais seul, et qu'une plume en appelle souvent une autre, un oiseau rare s'est joint au beau voyage.

Sur le même modèle que celui du matelot Gus, les éditions Locus Solus ont réédité le roman de Jacques Perret illustré par Gus Bofa ... deux beaux cadeaux pour une bibliothèque qui aurait envie de prendre la mer ...

Commenter  J’apprécie          100
L'oiseau rare

Ce qui frappe, d’un premier abord, c’est l’élégance du livre. Moi qui aime le livre papier, j’ai eu plaisir à tourner ses pages. Puis, ce sont les illustrations, des eaux-fortes signées Gus Bofa, dont le trait noir à la candeur assumée accompagne bien à propos les deux textes.

Puis, je suis entrée dans l’histoire, L’oiseau rare, et j’ai eu l’impression d’avoir décollé pour atterrir dans un monde étrange au langage plein de mystère. Jacques Perret manipule la langue avec une sorte de magie. A bord du « Messager de Pluton »

Quand on sait que Pluton est le dieu des enfers, on ne meut que sourire à l’évocation de ce vieux rafiot baptisé « Messager de Pluton » et qui nous emporte dans un voyage plein de dangers dans la tourmente. Mais c’est un étrange oiseau, échoué sur le pont et visiblement épuisé, qui va devenir l’objet de toutes les suppositions et faire remonter les superstitions des gens de mer.



« Le plus singulier de cet oiseau était la tête : fort grosse et plutôt allongée avec un occiput bien galbé du genre dolichocéphale, elle offrait une physionomie étrangement humaine. »



Le second, Victorien Flan, qui a recueilli l’oiseau dans sa cabine, voit défiler plusieurs personnes, chacune avec un avis bien personnel. Serait-ce un oiseau miraculeux ou bien un Migrateur Propitiatoire ? Le vieux matelot penche plutôt pour une Grande Goële de la compassion ou bien un oiseau farfulant. Le mystère reste entier….

Dans la seconde nouvelle, on quitte l’atmosphère maritime pour le plancher des vaches et plus particulièrement les immenses champs de blé de l’Alberta au Canada qui attendent leurs moissonneurs. Un jeune paysan tourangeau fraichement débarqué, découvre les étrangetés de ce pays si éloigné de sa culture.



Même si parfois, les mots bizarres qui parsèment le texte sont déconcertants, j’ai pris plaisir à lire ces deux nouvelles et à savourer l’écriture imaginative et pleine de cocasserie de Jacques Perret.



Commenter  J’apprécie          410
Le Matelot Gus

Comment dire ? Le matelot Gus est une sorte de Petit Prince de la mer. Amoureux fou d’elle comme on peut l’être d’une rose, amoureux de la vie et de ce bateau qui est à l’image de son cœur, solide et voyageur, le matelot Gus porte sur le monde un regard pur, étonné, maladroit, empli de silences et de non-dits, de pensées éphémères et profondes, au rythme de ses pas dans une ville anonyme qui est celle de tous les ports du monde, avec ses bars à matelots, ses filles fatiguées, ses nuits d'errance et ses lumières criardes, sa foule du quotidien, et surtout l’immense ombre de ses solitudes.

Gus, à l’aise sur son bateau est un peu perdu à terre, parmi tous ces hommes et ces femmes inconnus. Lui qui a fait le tour du monde ne se retrouve pas parmi eux. Et pourtant il les aime. Il ne sait pas communiquer mais il aime. Il regarde et il aime.

Comme j’ai aimé moi aussi ce livre dans lequel le peu de mots dit si bien les silences du coeur, de page gauche en page gauche, tandis que les dessins, de page droite en page droite en disent toute la richesse de ce qui est tu....

Ce roman ou plutôt poème graphique est un bel hommage au dessinateur Gus Bofa, introduit par une belle préface de Joseph Incardonna sur Christian Cailleaux, et refermé sur une postface de Cailleaux lui-même qui explique ses rapports à Boffa. Deux petits notes, une sur Cailleaux et une de l’éditeur sur l’aventure de ce livre parachèvent l’ouvrage. On y trouve également les esquisses qui ont précédées l’œuvre.

Ce qui m’amène à parler des dessins, en noir et blanc, faits de lumières et de contrastes, de formes mouvantes et précises à la fois, de jeux d’ombres et de tourbillons, qui, au fil des déambulations et des rencontres de Gus suggèrent l’infinie solitude de tout être humain jusque dans la foule et peut-être surtout dans la foule. L’arrogance, la dureté voire la méchanceté des êtres, les mensonges des plaisirs faciles ou la violence des architectures, tout est rendu d’un coup de crayon magistral qui evince les mots. Il y a des scènes qui font penser à des plans de films, un peu comme chez Tardi.

Un grand merci à Babelio et aux éditions lotus solus et un grand bravo à Christian Cailleaux pour cette belle réussite, toute en épure.
Commenter  J’apprécie          30

{* *}