Beaucoup d’auteurs qui, à une époque, ont eu un succès mérité se sont trouvés au fil du temps, relégués au second rayon de nos bibliothèques, puis au troisième, quand ce n’est pas directement au grenier !
On les dit désuets, passés de mode, au style vieillot…
Prenez la peine de les relire, vous vous rendrez compte, qu’ils sont toujours actuels, et que leur style n’a pas vieilli mais au contraire pris de la patine, ce qui confère leur un charme réel.
Car figurez-vous que c’étaient de bons écrivains…
Aujourd’hui Gilbert Cesbron (1913-1979)
Dans la liste des écrivains dits « catholiques », (François Mauriac, Georges Bernanos, Julien Green pour les plus connus, mais on peut citer aussi Luc Estang, Jean Cayrol, Paul André-Lesort, Pierre-Henri Simon, Roger Bésus, Jacques de Bourbon Busset, ou Henri Queffélec), Gilbert Cesbron tient une place à part. Il n’a certes pas le statut de classique, comme les auteurs de Thérèse Desqueyroux, du Journal d’un curé de campagne ou de Léviathan, mais il a sur eux l’avantage d’être immédiatement populaire. Les romans de Cesbron partent toujours d’un fait, d’un phénomène, ou d’un thème de société (la jeunesse malheureuse ou délinquante, l’euthanasie, la non-violence, le naufrage de la vieillesse, le racisme, etc.), mais il n’en fait pas un sujet de thèse, il ne cherche pas de causes ou de responsabilités, et il n’en tire pas de conséquences. Son propos réside dans le constat, souvent tragique, d’une vérité qui est celle de notre époque. Mais l’originalité de Cesbron est d’attacher sur cette souffrance un regard éminemment compatissant. Chrétien, certes, mais pas dans le militantisme en soutane noire, plutôt dans le christianisme des origines. Cesbron préfère Vincent de Paul à Saint Augustin, l’exemple à la parole, et les humbles aux puissants.
Son œuvre, claire et profonde, se voulait miroir de son siècle. Elle a certes vieilli, car les canons de la société ont explosé. Mais par son message, elle est intemporelle. Gilbert Cesbron, parce qu’il touche du doigt la condition humaine dans ce qu’elle a de plus pathétique, sera toujours d’actualité.
Dans son œuvre éclectique (romans, contes, nouvelles, essais, théâtre), voici une dizaine de titres (neuf romans et une pièce de théâtre) pour mieux cerner ce grand écrivain qui était aussi une belle âme.
La Tradition Fontquernie (1947)
Notre prison est un royaume (1948)
Les saints vont en enfer (1952)
Chiens perdus sans collier (1954)
Vous verrez le ciel ouvert (1956)
Il est plus tard que tu ne penses (1958)
Avoir été (1960)
Entre chiens et loups (1962)
C’est Mozart qu’on assassine (1966)
Il est minuit, docteur Schweitzer (1952)