Si les comics sont devenus une telle industrie artistique, c'est surtout grâce à deux hommes.
Stan Lee, d'une part, a révolutionné Marvel en contribuant a la création de nombreux personnages plus modernes qui ont propulsé la Maison des Idées, au début des 1960's, dans l'Age d'Argent. Mais le grand Stan eut son pendant chez DC, en la personne de
Julius Schwartz, dont le nom est resté plus confiné aux amateurs de comics et qui fit passer DC de l'or à l'argent par le biais de la redéfinition de personnages déjà existants, Flash en premier lieu, puis Batman.
Ayant assemblé une équipe comprenant des pointures de l'époque, à savoir, outre les géniteurs du chevalier noir (Bob Kane et
Bill Finger), les scénaristes
John Broome, Eddie Heron et surtout
Gardner Fox et les dessinateurs Shelly Moldoff, Joe Giella et l'inimitable
Carmine Infantino,
Julius Schwartz a totalement relooké et redynamisé un personnage qui n'était plus que l'ombre de lui-même. Il faut dire que le lectorat cible (8-12 ans) avait grandi et il était devenu urgent de faire de même avec Batman.
Schwartz commença par imposer des adversaires ordinaires ce qui apporta une innovation bienvenue par rapport aux extraterrestres et autres robots de l'ère précédente qui avaient tendance à "supermaniser" Bruce Wayne. Si les méchants présents dans les épisodes de ce recueil (Detective Comics 334 à 339 et Batman 168 à 171) n'ont pas fait date (Criquet, Mr Mammouth, Grimage, la Sorcière...) les nouvelles versions du Pingouin, du Sphinx et consorts ne tardèrent pas à apparaître, perpétuant l'idée d'adversaires "ordinaires". Par ailleurs, il mit l'accent sur la prépondérance des mystères et donc sur le travail d'investigation mené par Batman, faisant véritablement de lui "le plus grand détective du monde", dont les armes sont avant tout ses méthodes scientifiques.
Ce nouveau Batman remporta très vite, grâce à des histoires plus sophistiquées et le dessin percutant d'Infantino, un vif succès, à tel point qu'il servit de modèle à la série TV des 1960's. N'hésitez donc pas à découvrir la source d'inspiration d'un monument de la culture pop américaine, à travers la lecture de ces épisodes, qui paraîtront sans doute vieillots pour certains, mais conservent néanmoins un charme indéniable.