Pour mettre un peu de clarté dans ce programme de toute une vie, u pensée de jeunesse réalisée dans l'âge mûr », on peut distinguer des stades de sept ans. Le premier, de 18 à 24 ans. accuserait une dominance des poètes et des romanciers. Le second, de 20 à 31 ans serait consacré aux grands poètes étrangers, aux classiques français, aux historiens anciens. Le troisième, de 32 à 38 ans, aux grands poètes antiques aux politiques modernes, aux vieux chroniqueurs. Le quatrième, de 39 à 45 ans, à nos poètes classiques et à nos moralistes contemporains, aussi aux grands philosophes et aux auteurs de mémoires des siècles derniers. Le cinquième, de 46 à 52 ans, à nos grands penseurs des dix-septième et dix-huitième siècles, aux philosophes anciens, aux récents auteurs de mémoires. Le sixième enfin, de 53 à 59 ans, aux plus hauts esprits religieux.
Un jour qu'on s'aperçoit qu'on ne les lit plus depuis quelques mois, on se
désole, on s'imagine arriéré, on entasse sur sa table dix ou douze gros in-8, on les dépouille, la plume à la main, et on n'en a pas pour prendre une page dénotes. Conclusion : trois ou quatre soirées fébrilement perdues qu'on aurait pu passer voluptueusement à ne rien faire, ou, si le démon de la lecture avait été trop persuasif, à secouer quelques branches fruitières du verger de Rabelais ou à écouter quelques murmures dans la forêt de Platon.