Au fond, c'est un honneur qu'il fait à Rousseau, ce vieux, de venir le voir tous les jours, lui qui a bien fait son service jusqu'à l'âge de la retraite. On ne le persuadera pas que c'est quelque chose que la peinture de Rousseau. Presque tout le monde en rit, et ceux qui la prennent au sérieux sont quelques Américains. Les Américains terme qui pour lui englobe tous les étrangers les gens qui achètent toutes les curiosités de la terre sans distinction, des mégots de rois tout aussi bien que des tableaux de toqués.
Dans l'emploi du vert et du noir, il est d'une maitrise incomparable. Il a peint des tableaux entiers presque exclusivement avec du vert dont il trouve d'innombrables nuances. Ses noirs, que Gauguin, dit-on, admirait déjà, sont d'une hardiesse à faire trembler tout autre peintre. Mais l'effet produit est naturel, grandiose et plein de caractère. Il n'a point de théorie, mais une grande sensibilité de la couleur et une maîtrise absolue dans son emploi.
Ce ne sont pas les dimensions qui font le tableau. …
mais l’amour profond et passionné pour les êtres et les objets de la nature. Cet amour est la caractéristique du grand art, au contraire de cette excellente pratique du métier qui n’est que de la bonne peinture. En ce sens, le concept de « tableau » est un jugement porté sur l’étendu et l’unité d’esprit du créateur, un jugement hiérarchisant.
Wilhem Udhe. Un découvreur ezntre la France et l'Allemagne.