Le livre que je présente au public contient le développement de ces théories. Elles ne me sont pas toutes personnelles, et j'en ai adopté plusieurs qui sont du domaine public; mais elles sont toutes l'expression, sous la forme que je leur ai donnée, de mes sentiments actuels sur l'art des jardins. Si l'on s'étonnait de me voir développer longuement des considérations esthétiques sur la théorie de la composition des jardins, je répondrais que mon but constant a été d'élever le sujet que je traite. Ce n'est pas en suivant des réalités vulgaires que l'art progresse, mais en se consacrant, avec résolution et persévérance, à la recherche de la beauté idéale.
Après Le Nôtre, les jardins symétriques avaient eu leur code, rédigé par Le Blond et quelques-uns de ses successeurs. Vers la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe des artistes anglais, allemands et français, poètes ou peintres, écrivirent, à leur tour, les règles de la composition des paysages, dont on fit usage jusqu'à la publication du livre de G. Thouin, en 1819. Cet ouvrage exerça pendant de longues années une influence légitime sur l'art des jardins. Plus tard, privé de ces règles salutaires, il devint individuel, sans style prédominante variable à l'excès, tout d'inspiration et de fantaisie. Depuis environ vingt ans, une nouvelle période a commencé en France ; elle exerce encore aujourd'hui sur la création des jardins du monde entier une influence considérable.