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EAN : 978B00AQKIU1U
Books (07/11/2012)
4.06/5   9 notes
Résumé :
Le combat d'une PME contre une grande entreprise, le roman-besteller du Japon post-Fukushima. Tsukuda Kôhei, brillant ingénieur, participe au développement d'un nouveau moteur de fusée, mais les lancements-tests virent au fiasco. Il démissionne et reprend l'affaire familiale. En quelques années, il transforme la petite fabrique de pièces pour machines-outils fondée par son père en une performante PME spécialisée dans les composants de précision pour l'aérospatiale. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Comme je vous l'avais promis en ce début d'année, il m'importait de me tourner davantage vers la littérature noire asiatique afin de me laisser surprendre par les nouvelles perspectives d'un genre particulier que les auteurs de ces contrées lointaines abordent avec un regard bien différent de celui que peut nous offrir nos romanciers occidentaux. Ainsi, le monde de l'entreprise a fait l'objet, dans nos régions francophones, de nombreux romans noirs pointant disfonctionnements managériaux et autres disparités sociales tandis qu'au Japon, Ikeido Jun aborde le thème en empruntant des éléments narratifs propres aux thrillers et aux récits d'aventure avec un roman intitulé La Fusée de Shitamachi qui nous entraîne dans le sillage d'une PME nippone de pointe de l'arrondissement d'Ôta à Tokyo, devant faire face à une concurrence aussi féroce qu'impitoyable.

Ingénieur de renom Tsukuda Kôhei a participé à l'élaboration du moteur d'une fusée dont le lancement s'est révélé être un fiasco. Contraint de démissionner, il a repris la petite entreprise familiale de machine-outil qu'il a transformée en usine de pointe, spécialisée dans les composants de moteurs de haute précision. Mais diriger une PME d'excellence telle que la Tsukuda Seisakusho n'est pas une sinécure. Une entreprise qui annule brutalement son carnet de commande tandis qu'une autre l'attaque pour des questions de brevet et ce sont les investisseurs qui vous lâchent. Il faut donc faire face à l'adversité et Tsukuda Kôhei qui n'a jamais renoncé à ses rêves de succès dans le domaine de l'aérospatial, se lance dans la conception d'un modèle de valves destinées à équiper la fusée d'une grande compagnie industrielle ne pouvant supporter de dépendre d'une entreprise aussi insignifiante que la Tsukuda Seisakusho. Dans un contexte de rivalité extrême, nombreux seront les obstacles et trahisons en tout genre pour mettre à mal le projet de cet entrepreneur audacieux.

Premier roman traduit en français pour cet auteur qui a commis une vingtaine d'ouvrages dont plusieurs polars, Ikeido Jun est un romancier à succès dans son pays d'origine ce qui explique sans doute cette écriture très classique, répondant aux standards du best-seller international. Il n'empêche, l'efficacité du texte ne saurait être remise en question lorsque l'on constate que des sujets à priori arides comme le financement des entreprises, les dépôts de brevets ou les processus de fonctionnement d'un moteur de haute précision deviennent les éléments centraux d'une intrigue riche en tensions narratives qui se mettent en place dans un climat de compétitivité exacerbée par les dissensions internes et les rivalités entre modestes PME et grandes compagnies. Emprunt d'une certaine forme de théâtralité, La Fusée de Shimatachi décrypte les multiples services composant une entreprise japonaise que l'on découvre par l'entremise de Tsukuda Kôhei, un ingénieur devenu patron qui se concentre davantage sur les concepts d'une technologie de pointe que sur les aspects stratégiques et financiers de ses affaires. le lecteur fait ainsi la connaissance d'un entrepreneur dont les rêves de conquête dans le domaine de l'aérospatial deviennent les enjeux d'un récit où les défît entrepreneuriaux font l‘objet de trahisons en tout genre, d'embûches financières et technologiques pouvant faire capoter le projet à tout instant. Les rêves de l'entrepreneur face à la réalité du marché, la petite PME devant lutter contre les desseins d'une grande compagnie, l'employé réticent se ralliant finalement au projet, l'auteur s'appuie sur des schémas narratifs manichéens assez convenus pour alimenter les différents ressorts d'une intrigue qui n'en demeure pas moins passionnante.

Même s'il n'a pas pour vocation de dénoncer les dysfonctionnements du monde de l‘entreprise nippone, La Fusée de Shitamachi permet d'appréhender un univers hiérarchisé, codifié à l'extrême, où le collectif ne laisse aucune place à l'individualisme. Et bien au-delà du maintien de l'emploi ou des questions salariales, c'est la fierté de la réussite des projets de l'entreprise qui importe avant tout, ceci au prix de tous les sacrifices. Ainsi les lecteurs attentifs pourront s'interroger sur les rythmes de travail effrénés de ces « salaryman » consacrant la majeure partie de leur temps au labeur quant ils ne se retrouvent pas, le soir venu, dans des izakaya, ces bars japonais où se déroulent les nomikai, « réunions pour boire », permettant de discuter encore du travail entre collègues et qui deviennent un véritable phénomène de société avec cette image de salariés ivres morts, titubants dans les rues ou affalés sur les sièges des métros. Egalement à charge, c'est le monde de la finance comme les banques mais également les société d'investissement et leurs rapports ambivalents à l'entreprise qu'Ikeido Jun, ancien employé bancaire, se charge de disséquer au gré d'un récit entremêlant son expérience professionnel à la fiction d'un récit riche en péripétie où l'innovation des technologies de pointe se heurte à l'absence de vision et au manque d'audace des financiers.

Dépaysant, autant dans sa forme que du point de vue exotique, La Fusée de Shitamachi, est un pur roman populaire, mettant en scène l'aventure palpitante d'un entrepreneur audacieux et innovant confronté aux aléas des financements et de la concurrence tout en disséquant, avec une acuité redoutable, les différentes strates hiérarchiques qui compose un univers du travail où employés et cadres se dévouent corps et âmes et surtout sans compter leur temps au bon fonctionnement de l'entreprise. Surprenant et édifiant.

Ikeido Jun : La Fusée de Shitamachi (Shitamachi Rocket). Traduit du japonais par Patrick Honnoré. Books Editions 2012.

A lire en écoutant : Come Close (feat. Common) de Indigo Jam Unit. Album : re : common from Indigo Jam Unit. Rambling Records 2009.

Lien : http://monromannoiretbienser..
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Dynamique et caustique, ce roman d'entreprise conte l'aventure de passionnés d'aéronautique d'une PME japonaise face à la morgue d'une puissante entreprise du secteur alliée au cynique système bancaire nippon.
Vous vous passionnerez pour le boss, chercheur et aventurier de l'espace, Tsukuda Kôhei ; Vous vous inquiéterez pour sa PME, la Tsukuda Seisakusho ; découvrirez le visages de ses collaborateurs tels Tonomura, le buchô de la compta ou Yamazaki de la R&D ; râlerez contre les avocats incompétents ; haïrez le prédateur financier Nakashima Kôgyô et le banquier Yanaï de la Hakusui Ginkô ; détesterez Teikoku Jyûkô, le grand groupe et ses salariés se prenant pour des demi-dieux.

Si Ikeido Jun n'apprécie pas la course aux résultats financiers, ce roman n'est qu'un divertissement magnifiquement rendu par la traduction de Patrick Honnoré. N'y cherchez pas d'engagement politique, juste un regard d'un japonais parmi les siens écrivant pour les siens. Et si, avec 350 000 exemplaires vendus dans l'archipel, la Fusée de Shitamachi est un succès de librairie, il ne le doit qu'au plaisir que vous y trouverez en passant quelques heures avec les protagonistes de ce bras de fer.

A conseiller vivement, pour vos déplacements en transports en commun, le soir et le matin.

Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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Ne connaissant pas d'équivalent au niveau littéraire, je prends une comparaison avec le cinéma : il y a un côté Franck Capra dans ce livre, mélange de candeur, de solidarité, de rêve. Il est aussi question d'honneur et d'honnêteté, et les personnages – par contre quasi que masculins – sont suffisamment nombreux pour offrir une belle variété de personnalité et de motivation. Car le sujet est pour le moins inhabituel : l'univers des PME travaillant dans la technologie des moteurs. On est dans une littérature authentiquement populaire, un peu feuilletonesque avec ces rebondissements : on passe du juridique, aux brevets, aux innovations technologiques. Il n‘est guère étonnant que le télévision japonaise s'en soit emparé : c'est haletant. Sans être démonstratif, l'auteur montre les rouages universels du capitalisme, qui ne peut que servir les grands face aux petits. David combattant Goliath. Aussi intéressant pour le fonctionnement de l'économie japonaise.
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Pot de terre contre pot de fer

La lutte d'un ingénieur, "petit" entrepreneur, pour exister face à une multinationale. Une plongée intéressante dans le monde de l'entreprise japonaise. Sans grand talent cependant, même si on a quand même envie de connaître la fin. Mais finalement, ça ne tient que par l'exotisme de la chose. Les personnages ne sont pas assez fouillés, et le tout est fort manichéen.
Dommage, Books nous avait habitué à mieux.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Zaizen regarda Tomiyama quitter son bureau penaud. Il fit un bruit avec sa bouche. Qu'un projet de cette importance repose sur une histoire aussi bête, il y avait de quoi avoir peur.
S'il s'était douté que ça tournerait ainsi...
D'ailleurs, à quel moment le scénario avait-il déraillé ?
Quand il avait compris que Tsukuda Kôhei était un ancien ingénieur en développement technologique pour l'astronautique, il avait cru qu'au moins ils partageraient les mêmes bases, les mêmes notions de bon sens. Mais non. Un chef de PME de quartier, ça ne pensait pas comme ça. Un patron de PME, Zaizen en avait connu un autre : son père. Il n'en avait pas parlé à Tsukuda, mais il avait, à son époque, dirigé une entreprise de quelque importance à Kawasaki, dans la zone industrielle de Keihin. Il n'avait vécu que pour son travail, en homme typique de l'ère Shôwa, né dans les années 20. Le rôle de sa mère, c'était de le soutenir. Il avait eu jusqu'à une centaine d'employés. Et Zaizen avait toujours vu ses parents couverts d'huile et de cambouis, travaillant du matin au soir.
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Il existe une loi non écrite selon laquelle la banque principale d’une société doit procéder au sauvetage financier d’un client. Si elle nous refuse un financement, je doute qu’une autre banque accepte de nous prêter à sa place.
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Le moteur-fusée est un ouvrage humain qui transcende l’intelligence et l’imagination, c’est un lieu sacré. J’oserai même dire : c’est le territoire de Dieu.
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Très fier de leur statut de société d’élite, ils avaient cru pouvoir traiter le petit atelier de quartier de haut, et le prix à payer s’annonçait salé.
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Quand un dieu vous abandonne, un autre vous ramasse.
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