Comme le genre vampirique susurrant actuel n'étanche pas ma soif (de lecture !), je me suis intéressée au phénomène "Goule"...ce monstre cannibale qui arrache la chair de ses victimes pour s'en repaître goulûment...
S'il faut croire ce manga-seinen (et je veux !), il paraît que dans le Tokyo de nos jours, ces espèces de margoulettes refont surface en prenant une parfaite apparence humaine... déchiquetant la nuit venue, hommes et femmes tombant entre leurs serres. Les médias en font leurs gros titres avec des caractères saigneux...
Cela aurait dû alerter ce doux rêveur de Ken Kaneki qui choisit de se balader en amoureux sous un ciel sans lune. Échappant de justesse à une agression d'une de ces stryges, il atterrit à l'hôpital où un chirurgien zélé (et certainement aveuglé par la fatigue) lui transplante un organe d'une de ces ogresses...
On assiste alors à la lente transformation du jeune étudiant, tiraillé entre la faim monstrueuse, dévorante et son combat intérieur (d'humain restant) pour essayer de résister...
Exception faite dans l'illustration "animé" des attaques des goules, la mise en scène, le cadrage et les dessins restent sobres. Ce dépouillement sert idéalement les détails, notamment dans l'expression des visages, qui soulignent d'autant les tourments de conscience de Ken... ce Ghoul, resté Homme...
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Ah ça, le Japon est vraiment une terre de prédilection pour la culture horrifique. Dans ce manga, Ken Kaneki était un jeune étudiant amoureux de la belle bibliophile Lise, une cliente du café L’Antique, et il est le plus heureux des hommes quand la belle gosse littéraire accepte un rendez-vous amoureux, mais celui-ci tourne au cauchemar… Tous les deux sont victimes d’un tragique accident de chantier : Lise meurt, et ses organes sont transplantés à Ken qui obtient la vie sauve pour basculer dans un autre monde, celui des goules anthropophages… Et le voici bientôt pris entre les guerres de territoires entre créatures de la nuit et les purges effectuées par les inquisiteurs-chasseurs du gouvernement ! (à moins que sa situation particulière de sang-mêlé n’en fasse le parfait médiateur pour réconcilier humains et créatures de la nuit ?)
Ce tome 1 s’attarde joliment sur la transfiguration de Ken, qui nous seulement s’aperçoit que son flirt était un prédateur et qu’il était sa proie, mais voit aussi se métamorphoser ses sens du goût et de l’odorat : une faim insatiable et contre-nature le déchire les entrailles, et ses vaine tentatives de suicide ne mène à rien du tout car il n’est déjà plus humain… Le parallèle avec "La Métamorphose" de Kafka est faire part l’auteur lui-même, mais on peut aussi voir l’héritage de "La Mouche" de David Cronenberg, le tout enrobé dans un petit un petit côté lovecraftien pas déplaisant du tout !
La mise en abîme autour du livre fictif "L’Œuf de la chèvre noire" est assez intéressante, la mère assassine représentant Lise et son fils tourmenté représentant Ken… Car dans la deuxième partie du tome, Ken entre en mode David Vincent (remember "Les Envahisseurs" !) pour découvrir peu à peu le monde des goules (remember "Le Modèle de Pickman" !). Ken fait ainsi ses premiers pas dans un monde de ténèbres entre la dure mais altruiste Toka Kirishima et le dur et égoïste Nishiki Nishio : il ne peut plus revenir en arrière vers des humains qui le mettraient à mort pour ce qu’il est devenu, et peut difficilement se faire accepter par ses nouveaux congénères qui lui reprochent de découvrir naïvement les problèmes auxquelles ils sont confrontés depuis leur naissance.
L’ambiance sombre et malsaine est bien rendue par les dessins. Les charadesign est simple mais soigné, les arrière-plans qu’il soit détaillés ou épurés sont travaillés et pour ne rien gâcher le découpage est globalement bien réussi. Personnellement je trouve que le travaille de Sui Ishida n’est pas très soin de celui Takeshi Obata, mais en mode dark attitude ! ^^
Tout cela rappelle quand même tous trucs urban fantasy des années 1980/1990, notamment ce bon vieux "World of Darkness" pour ceux qui ont un peu roulé leur bosse dans le jeu de rôle, mais quand c’est bien fait on se souvient pourquoi tout c'était des bonnes idées à la base, en sachant que les bonnes idées sont faites pour être reprises (surtout quand Ken marche dans les pas du Shin'ichi de "Parasite" / "Kiseiju"). Tout n’est parfait pour autant :
- le coup de la transplantation au motif que deux personnes sont du même groupe sanguin AB… Il a vraiment fait médecine ce chirurgien ?
- cela aurait été tellement mieux que Ken découvre que Lise n’était pas humaine après l’accident plutôt qu’avant… Mais on tombe dans le vieux dilemme hitchcockien : vaut-il mieux 15 seconde de surprise ou 15 minutes de suspens ?
- de la même manière l’univers des goules est spoilé dès de départ du coup puisque que les conséquences de leur mode d’alimentation font jour après jour la une des médias et que le Centre de Contrôle des Goules a pignon sur rue… Comment font les gens pour ne pas flipper chaque jour que Dieu fait, et pourquoi il y a encore des gens pour se balader tout seul dans la rue à point d’heure de la nuit… Dans une telle situation c’est couvre-feu direct pour tout le monde (et cela simplifierait grandement le travail des inquisiteurs chasseurs du gouvernement). C’est peut-être une allégorie de la résilience au phénomène terroriste, mais je n’y crois pas…
- les scènes d’action sont visuellement un peu fouillies dans leur mise en scène, mais ce n’est pas très grave vu que le manga ne mise pas spécialement sur l’action…
Sinon, carton jaune à Glénat qui a classé en shonen un manga d’horreur truffé de scènes gores dont le thème principal est l’anthropophagie ! C’est n’importe quoi… Alors je vois déjà par avance les puristes venir nous expliquer que les mangas shonen c’est ceux qui sont prépubliés dans les magazines shonen et les mangas seinen c’est ceux qui sont prépubliés dans les magazines seinen. Moi, je dis bullshit car il y a la jurisprudence "Hokuto no Ken" ! Le méga succès du Weekly Shonen Jump de l'éditeur Shueisha, a toujours vu son adaptation animée passer à la télé à des cases horaires adultes (le weekend passé 23 heures)… En France, pays de gougnafiers dont les élites ne comprennent rien du tout à la réalité, on a choisi de diffuser tout cela le mercredi après-midi à l’heure du goûter, provoquant ainsi l’ire justifiée de Familles de France et une prise de bec mémorable entre le dessinateur Tetsuo Hara et la Ministre de l’Education Nationale Ségolène Royale !
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Merci à Mladoria de m'avoir conseillé ce livre suite à un commentaire laissé sur une critique de l'attaque des titans.
Lisant peu de livres du genre, je suis toujours déstabilisé par la lecture "à l'envers".
Mais en fait j'ai très vite trouvé mes marques car dès le début l'auteur tisse un lien avec "la métamorphose de Kafka", livre que j'adore, pour son côté décalé. Dans celui-ci y réside la même problématique du héros différent, incompris, seul contre tous.
Ken Kaneki est un jeune étudiant amoureux. Avec son pote Hide il se rendent "à l'antique" pour y rencontrer la belle Lize Kamashiro. Mais en la belle sommeille une bête, Lize s'avère être une goule. Après l'avoir ferré, Lize entraine Ken pour le dévorer tout cru car les goules se repaisse de chair humaine.
J'ai vraiment adoré, l'histoire m'a emballé de suite, les dessins sont très évocateurs avec pas mal de plans vu du dessus. Un code couleur vous avertit des scènes gore. Un premier tome très engageant qui donne envie de lire la suite. Ça tombe bien j'ai le tome 2.
Encore merci à Mladoria.
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Je voulais juste jeter un coup d'oeil ! Bon, finalement, je suis restée debout à côté de l'étagère des mangas à lire ce premier tome de Tokyo Ghoul. Evidemment, je suis tombée sur la scène où Ken Kaneki se fait agresser par une personne pas vraiment humaine (je ne spoile rien c'est au début). Alors j'ai lu la suite… Fort en actions, ce premier tome, si je continue cette série manga, je risque d'avoir mon quota de frissons par jour (ne pas dépasser la dose prescrite). Beaucoup de scènes d'attaques, de combats sans compter celui-ci intérieur de Ken… J'ai eu mal à suivre certaines scènes, qui attaque, qui se prend un coup fatal… Mais je suis formelle, il faut que je lise la suite ! Sauf qu'il va falloir que je me déplace un peu plus loin pour la trouver…
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Dans ce shônen qui ne manque pas de piquant et de rebondissements, avec des dessins souvent dans le mouvement, les personnages sont assez caricaturaux pour permettre de faire baisser la tension de certaines scènes gore et offrir quelques moments humoristiques bien venus. Attention, grosse série en perspective !
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Je ne suis pas du genre à être le héros d'un roman... je suis un simple étudiant amateur de lecture, comme il y en a tant...
cependant...
Si on écrivait une histoire avec moi en personnage principal... cette histoire serait à coup sûr...
Une tragédie.
-- J'ai du mal à te comprendre, Ken... Pour nous les goules, les humains sont juste... de la nourriture... Comme les porcs ou les bœufs pour les hommes... Tu t'amuses à faire ami-ami avec du bétail ?
[Ken] Pourquoi ai-je tout à coup autant de goules dans mon entourage ? C’est juste que je ne remarquais rien ! Elles ont toujours été là, sous mes yeux. Ce ne sont pas les goules qui se sont invitées dans mon monde, mais moi qui suis entré dans le leur…
L'oiseau cherche à se dégager de l’œuf.
L’œuf est le monde.
Celui qui veut naître doit détruire un monde.
Tu es à la fois une goule et un humain…Tu es un être unique, qui a sa place dans les deux mondes.
En 1998, suite à la multiplication de surhumains appelés “choujin”, le monde a été divisé en provinces autonomes.
Cinquante ans après, un crash aérien va changer à tout jamais le destin de la jeune Ely, cultivatrice de “tomeïto”, et impacter le paisible quotidien des lycéens Tokio Kurohara et Azuma Higashi qui jouent aux justiciers face aux petits malfrats de quartier…
Sa première série Tokyo Ghoul avait permis à Sui Ishida de s'interroger sur le bien et le mal, en prenant comme point de départ un héros tiraillé entre ses sentiments et ses besoins physiques en tant que goule. Avec Choujin X, manga de super héros 2.0, il pousse la réflexion plus loin, avec des personnages qui s'interrogent chaque seconde sur la définition du bien, du mal et du profit que leurs pouvoirs peuvent engendrer. Car aujourd'hui, qui ignore qu'un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ?
Initialement publiée sur les plateformes Young Jump et Manga Plus, Choujin X est également une série qui joue avec les codes du numérique et du papier, en s'autorisant une plus grande liberté dans les paginations et les mises en page. Un challenge graphique et narratif qui tend à pousser les murs du “manga” à l'ancienne !
https://www.glenat.com/shonen/choujin-x-tome-01-9782344055106
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