Le Jazz dans tous ses Etats

Réédité en 2011, cet ouvrage a été complété d'un chapitre en forme d'essai, qui tente de faire le point sur les dix années écoulées depuis la fin de ce que nous pourrions appeler « le siècle du jazz ». En effet, le jazz aura été la musique du Xxe siècle avec lequel il naquit et qu'il traversa selon une foudroyante évolution, comparable à celle que suivit la musique classique en un demi-millénaire. Depuis les années 1980, l'histoire du jazz s'est pourtant ralentie tout en fournissant une actualité peut-être plus foisonnante que jamais. D'une part, certains des derniers héritiers d'une lignée de défricheurs qui allait de Jelly Roll Morton à Albert Ayler ont cessé de se réclamer du mot jazz. D'autre part, la tradition de métissage qui va de Duke Ellington à Weather Report est devenue telle que le jazz ne progresse plus que latéralement, combinant entre eux les différents courants de son histoire et les esthétiques qui lui sont étrangères. le plus troublant est de voir aujourd'hui des musiciens du monde entier s'approprier ce qui fut d'abord le bien de la communauté noire-américaine. Et pourtant, à l'aube du XXIe siècle, les fondateurs du genre peuvent revendiquer une descendance importante parmi les élites artistiques, et leur héritage continue à donner un sens particulier aux musiques que l'on rassemble encore sous le mot « jazz » dans les bacs des disquaires, sur les scènes des grands festivals, dans la presse. Ce livre ne donne pas du jazz une définition immuable, comme on pourrait le faire d'un folklore fossilisé. Nous ne prétendons pas dire ce que le jazz devrait être. Nous avons plutôt cherché à établir sa généalogie, à montrer ce qu'il lègue à la scène contemporaine, à décrire les cheminements de son devenir, de ses pères fondateurs à ses dissidents actuels, de sa terre natale à ses pays d'adoption.