La nuit est venue et nous sommes violemment émus à l’idée de nous trouver en face de la «Maison Sacrée d’Allah» vers laquelle, comme les trois cents millions de musulmans du monde, nous dirigions chaque jour nos prières. Nous entrons par la Bab Es Salam, en disant : « J’implore le secours d’Allah contre le Cheïtane lapidé. Ô Allah ! Tu es le Salam, et de Toi vient le Salam, fais-moi vivre avec le Salam et entrer dans le Paradis, demeure du Salam, par Ta Clémence, ô Seigneur de la majesté et de la générosité ! » Après une prière à deux prosternations en l’honneur de la mosquée, nous nous dirigeons vers le centre de l’immense cour, pour accomplir le thouaf, c’est-à-dire les circuits rituels autour de la Kâaba. Mais où est-elle? Au premier moment, nos regards éblouis par les lampes électriques qui étincellent de tous côtés ne parviennent pas à la découvrir. Et pourtant, nous sentons qu’elle est là ; c’est vers elle que se tournent tous ces fidèles en prière ; bien mieux, c’est autour d’elle que ces nombreux pèlerins accomplissent les sept circuits du thouaf, en psalmodiant des invocations.
Nous avançons et, tout à coup, nous la devinons, mystérieuse dans son invisibilité presque complète et provenant de ce que sa kisoua noire, âgée d’un an, a perdu de son éclat et se confond entièrement avec les pentes sombres du Djebel Abi Koubeïs et avec le ciel nocturne. Elle dresse sa masse imposante au-dessus de nos têtes, et l’inscription d’or qui la ceinture aux deux tiers de sa hauteur, scintillant sous les rayons des lampes, semble une écriture surnaturelle, suspendue dans le vide ou gravée dans le ciel, au milieu des étoiles. Cette apparition, si différente de celle que nous attendions, nous secoue profondément, et c’est avec une palpitante émotion que nous approchons de ce «Cœur de l’Islam » vers lequel, comme le sang dans les veines, affluent toutes les prières de tous les coins de l’horizon pour le vivifier.
Ô livre !
Couronne de deux vies consacrées au culte des belles lettres et des arts, aux bienfaits de l’Islam, de la France et de l’humanité.
Fils de deux âmes, dont l’une est maintenant l’hôtesse d’Allah dans son Éden.
Étoile du soir de la fin d’un printemps, va éclairer de tes rayons les vastes horizons du monde. Que Dieu t’accompagne vers les buts que mon cher Nasred-Dine et moi nous nous étions proposés. Et, si sur cette terre, en attendant mon tour, je serai seul à suivre ta marche victorieuse, je suis sûr que, là-haut, l’âme du cher disparu aussi partagera avec moi ce bonheur.
Ce qu’il y a de plus agaçant, ce sont les exagérations de cet officier britannique jouant au «Bonaparte en Orient»; ce sont les proclamations et les promesses dénuées de toute sincérité qu’il fait aux mal- heureux Arabes pour les jeter sur leurs frères et sur les Turcs, ce à quoi il réussit avec l’aide encore plus efficace de la «Cavalerie de Saint-Georges».
Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "Quelques Rayons de la Lumière de l'Islam" de Etienne Dinet aux Editions Héritage.