Lorsque l’étranger, le provincial et même le Parisien arrivent sur les bords de la Seine et contemplent le spectacle à la fois grandiose et gracieux de l’Exposition qui marque la dernière année du xix' siècle; lorsqu’ils ont passé cette première minute de stupeur et, pour ainsi dire, d’irréflexion que cause à tout homme la vue des choses inattendues et inaccoutumées, ils laissent presque tous échapper l’expression d’un regret ainsi formulé : « Quel dommage que toutes ces merveilles disparaissent si vite ! Ces palais, résultats et témoins de tant d’efforts, ne dureront que six mois. Ces produits, ces machines, ces objets d’art, seront dispersés aux quatre coins du monde. Leur souvenir s’effacera peu à peu dans les cerveaux de ceux qui les ont contemplés ».
La porte franchie, nous voici dans un parc planté d’arbres, semé de massifs, de plantes fleuries et décoré de statues, et bientôt nous arrivons à la voie triomphale d’Alexandre III. A notre droite, la large avenue mène aux Champs-Élysées. Elle est bordée par les deux palais qui s’élèvent sur l’emplacement du Palais de l’Industrie, témoin évanoui de la première Exposition universelle, de l’Exposition de 1855. Le Grand Palais, imposant avec son immense colonnade peuplée de statues, contient, dans son rez-de-chaussée et dans ses salles du premier étage, les expositions décennale et centennale des Beaux-Arts. En face, le Petit Palais, qui doit revenir à la Ville, la merveille de l’Exposition, de l’avis unanime, avec sa ravissante cour intérieure, contient l’Exposition rétrospective de l’art français et réunit des richesses enfouies dans les églises et les collections particulières, qui ne se trouvèrent jamais ensemble, et que jamais plus, très probablement, ne contemplera l’œil de l’artiste.