Ben, vous êtes en pleine ascension. Il n’y a pas grand-chose qui puisse vous arrêter. Mais l’abus des cocktails est le plus sûr moyen de dégringoler. Il n’y a qu’une seule manière d’y arriver plus vite, c’est de courir les putains. Ce qui, du reste, ne s’applique aucunement à vous.
Je ne te reproche pas d’avoir pris du bon temps. Pas du tout ; seulement, voilà : dans ta partie, les hommes ne peuvent se permettre de faire bon marché de leur réputation. C’est comme si tu travaillais dans une banque. Tu manipules de grosses sommes d’argent qui appartiennent à des gens qui ont le droit de compter sur ton sérieux et ta sobriété.
Ce qui vient de se passer ne leur a pas échappé, et la plupart ont des préjugés ; ils y réfléchiront à deux fois avant de traiter des affaires avec un débauché qui reçoit des gifles en public. Et s’ils n’ont pas de préjugés, leurs femmes s’en chargent, croyez-moi.
Si, tu bois trop. Ça m’est absolument égal que tu te donnes du bon temps. Seulement, j’ai toujours peur qu’un jour tu te couvres de ridicule et que tu aies à le regretter le lendemain.
Les femmes pouvaient bien porter des fourrures de chez Révillon ou des robes de chez Dior, mais elles ne différaient guère de la première pipelette venue.