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EAN : 9781720073109
169 pages
Auto édition (04/09/2018)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
À la recherche de l’amour, Morgane s'ouvre le cœur et partage sa vie privée sur son blog, avec une touche de poésie. Vive d’esprit, rêveuse et passionnée, elle se questionne sur ce qui l’entoure, sur la vie, l’amitié, l’amour…

Après avoir visité Julien en Italie, Morgane part seule à la découverte de la Roumanie. Dans ce pays mystérieux, elle rencontre Maëva, qui l’invite à demeurer avec elle dans le cirque ambulant tsigane où elle est danseuse.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les deux jeunes hommes me déshabillaient de la tête aux pieds. Mon teint de pêche commença à virer à la framboise.
– Il y a beaucoup de bohémiens en Roumanie ? demandai-je pour briser le silence qui me gênait.
– Plus d’un demi-million, répondit Zirka avec une pointe de fierté.
– Tu n’es visiblement pas du coin, gadji. Il va falloir qu’on fasse ton éducation, proposa Latso en me faisant un clin d’œil.
J’avais le ticket avec deux mecs ! Allaient-ils se battre pour tenter de me séduire ? Vu leur gabarit, cela ferait un beau match de lutte gréco-romaine, surtout en caleçons… et voilà, je rêvassais encore. N’empêche que je semblais bien leur plaire, aux deux Tsiganes.
– On est des Ursari ! déclara fièrement Zirka. Saltimbanques et prestidigitateurs de père en fils… et de mère en fille, ajouta-t-il sous le regard sévère de Maëva.
– Nos ancêtres survivaient grâce à de la chiromancie et à des spectacles d’ours dressés, mais nous, on a décidé d’exceller dans l’art de… divertir les gadjé ! ajouta Latso.
Son sourire me fit craquer. Assurément, ils me plaisaient, ces trois Roms.
– On parcourt l’Europe à longueur d’année, mais là, on est de retour à la maison pour une semaine.
– Je te fais faire le tour du propriétaire ? me demanda Maëva en me prenant par la main.
Je n’eus pas le temps de lui répondre que déjà elle m’entraînait vers le grand chapiteau. On y jeta un coup d’œil. À l’intérieur, jongleurs, funambules et trapézistes s’entraînaient pour le spectacle du soir.
Tout autour du chapiteau principal étaient dressées une dizaine de tentes, et derrière, en périphérie, les caravanes des gens du cirque.
– Lorsque le spectacle principal est terminé, les gens vont de pavillon en pavillon, m’expliqua Maëva. Dans celle-ci, il y a ma cousine Irma, qui lit l’avenir dans les cartes ; là, c’est la Maison des horreurs, avec plein de trucs… horribles.
Celle-là m’intrigua : que pouvait-il bien y avoir sous cette tente ?
– Dans celle-ci, il y a une charmeuse de serpents, poursuivit-elle, et là, deux jumeaux nains contorsionnistes.
– Quoi ?! m’esclaffai-je.
– Ne ris pas, ils sont géniaux ! ajouta-t-elle en riant elle-même. Ici, c’est la tente de Zirka. Il y présente un spectacle après son numéro sous le grand chapiteau.
– Que fait-il comme numéro sous le grand chapiteau ?
– Il séduit les fauves. Il les charme et ils font tout ce qu’il veut, en ronronnant.
Un dompteur, comme je ne suis pas surprise. En espérant qu’il n’use pas de ses techniques de séduction infaillibles sur moi. Malgré que…
– Et sous cette tente, que fait-il ?
– Il fait rêver…, se contenta-t-elle de répondre.
– Et Latso ?
– Il est trapéziste.
Je le savais !
– Et toi ?
– Moi, je suis danseuse. Viens.
Maëva me fit entrer dans sa tente. Tout au fond, une petite estrade, juste assez large pour que puisse s’y mouvoir une danseuse, peut-être deux.
– Les gens restent debout ? demandai-je, remarquant l’absence de sièges.
– Le spectacle ne dure pas assez longtemps pour que les hommes aient besoin de s’asseoir.
– Les hommes ? Y a pas de femmes ?
– Disons… que ma danse est un peu lascive et que les femmes sont habituellement jalouses de voir leur mari les yeux brillants...
J’essayai d’imaginer le genre de danse que Maëva pratiquait. Une question me brûlait les lèvres :
– Tu danses nue ?
– Non, pour qui tu me prends ?!
Un silence envahit le chapiteau. Je sentais qu’elle cherchait ses mots.
– Mais disons que mon costume est plutôt… léger. Je te montre ? me demanda-t-elle.
J’acquiesçai et elle m’entraîna vers l’estrade. Nous sortîmes par l’entrée des artistes (une large fissure dans la toile !) et montâmes à l’arrière de sa caravane, garée juste derrière la tente.
Je venais de pénétrer dans l’antre de Maëva la magicienne…
Qu’allais-je y découvrir ?
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Nous sortîmes. Nous étions dans un vaste appartement circulaire entièrement vitré. Dans la pièce, une trentaine de personnes discutaient en buvant un verre, des écrans géants diffusaient des films en noir et blanc, et au fond trônait un bar.
Je marchai jusqu’à une paroi vitrée. Devant nous, les milliers de lumières de la belle Bucarest… une féerie ! Et au loin, rien que la plus profonde obscurité.
« Avec plaisir », entendis-je. Je me retournai. Maëva venait de prendre deux coupes sur le plateau d’un serveur. Elle m’en tendit une. Je la pris et observai attentivement le liquide écarlate qu’elle contenait.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Ne t’ai-je pas dit où nous étions ? fut la seule réponse de mon amie, qui la ponctua d’un clin d’œil.
L’antre de Dracula… Non, cela ne pouvait pas être du sang…
– Je vous ai vue danser, dit un homme en s’approchant de nous. Mon nom est Vladimir.
– Russe ? demandai-je.
– De Saint-Pétersbourg. Une petite balade sur le toit ?
– Volontiers ! répondit Maëva spontanément.
Nous nous retrouvâmes alors sur le toit du gratte-ciel. Une dizaine de personnes s’y trouvaient aussi, discutant çà et là.
Je levai les bras et me mis à tournoyer, envoûtée par le vent qui soufflait sur mon visage. L’air était frais et avait une odeur agréable, ce qui me surprit étant donné la pollution du centre-ville. Là, au sommet de cet édifice, on se serait crus dans un autre monde.
Le toit était richement décoré : des lits à baldaquin trônaient ici et là, entourés de voiles transparents rouge et or ; des arbustes décorés de lumières et des bouquets de fleurs tous plus somptueux les uns que les autres, posés sur des tables en fer forgé, enjolivaient le décor.
Maëva sauta sur l’un des grands lits, se laissant retomber dans un tas de coussins moelleux, les yeux brillant comme ceux d’un enfant.
Je m’assis à ses côtés et Vladimir vint nous rejoindre. Nous fîmes plus ample connaissance. Je lui racontai que j’étais Française, en voyage dans toute l’Europe pour… découvrir la vie.
Tandis que nous discutions, je ne perçus aucun désir sexuel dans son regard. À sa façon de s’installer entre nous deux, comme s’il eût été une copine de lycée, je jugeai même qu’il était gai. Ce qui me plut, je dois l’avouer, car je n’avais aucune envie de me faire draguer.
Nous levâmes nos verres et trinquâmes : « À l’amitié, à la folie et à la magie ! » s’exclama Maëva, et nous répétâmes ses paroles haut et fort.
Puis, elle m’observa, comme si elle attendait que je fasse quelque chose. J’approchai le verre de mes lèvres et humai le parfum du liquide vermeil. Était-ce du sang ?
– Tu vas découvrir ce que c’est que d’être un vampire…, me murmura Vladimir à l’oreille.
J’éloignai la coupe de mon visage. Mais il me prit la main et la rapprocha de ma bouche.
– Allez, bois… Tu n’es pas en France, ici ; tu es au pays de Dracula… Si tu veux découvrir la vie… bois.
Il approcha la coupe jusqu’à ce qu’elle touche mes lèvres.
Maëva, que faire ?!
Maëva buvait à petites gorgées le contenu de son verre. J’entendis sa voix dans ma tête : « À l’amitié, à la folie et à la magie ! » Nous étions amies, je chérissais la douce folie qui nous emmenait vers des horizons inconnus, et cet appel à la magie avait réchauffé mon sang de fée.
Je bus !
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Sarajevo, Bosnie-Herzégovine, le 20 juillet
Trois jours plus tard, je tentai à nouveau de vérifier ce que faisait Maëva après notre représentation. Pourquoi ferait-elle du ménage alors qu’ils devaient avoir engagé des gens exprès pour cela ? Peut-être avait-elle besoin d’argent ? Avait-elle des dettes envers le patron du cirque ? Dans ce cas, je voulais l’aider.
J’entrai d’un pas décidé dans la grande tente. Je tombai sur Zirka qui en sortait.
– Je cherche Maëva, lui indiquai-je. Elle m’a dit qu’elle faisait du ménage ici tous les soirs.
– Du ménage… euh… Oui, elle fait du ménage, mais pas ce soir. Je ne l’ai pas vue.
J’étais déçue. Mais où pouvait-elle bien être ?
– D’accord, merci.
– Attends, je te raccompagne, me proposa-t-il.
J’oubliai Maëva et son ménage et j’acceptai cette proposition, qui m’enchanta.
– Tu m’as dit, la première fois que nous nous sommes rencontrés, que vous, les Roms, viviez encore comme des êtres libres, pas comme des moutons dans un troupeau, lui rappelai-je alors que nous marchions jusqu’à ma caravane.
– C’est vrai, c’est la première parole que je t’ai dite, que dois-tu penser de moi ?
– Je pense que tu es un homme de convictions…
Il sourit et se détendit.
– Mais dis-moi, tu penses vraiment que les hommes sont comme des moutons dans un troupeau ?
– Mais c’est évident ! Regarde tout autour de toi ! Les hommes sont des cruches que l’on remplit, qui se gavent de nouvelles à sensations et de potins sur les stars, aveugles devant la tyrannie des multinationales qui dirigent le monde par le biais d’élus corrompus. L’humanité riche se complaît dans un monde basé sur l’exploitation des pauvres, mais en fait, les riches aussi sont esclaves, enchaînés à leur travail qui les oblige à donner leur temps et leur vie pour faire rouler la machine !
Ouah… j’avais à mes côtés un altermondialiste pur et dur, un José Bové tsigane… et cela me plut vachement !
Nous étions arrivés devant ma caravane.
– Tu veux entrer ? Je peux t’offrir un jus de fruits ou un Coca, lui dis-je, un peu gênée.
Il me faisait de l’effet et, comme chaque fois qu’un garçon me faisait vraiment de l’effet, je redevenais une petite fille, souffrant d’insécurité et maladroite. Un jus de fruits ou un Coca, mais qu’allait-il penser de moi ? J’aurais dû lui offrir du vin ou de la bière. Mais je n’avais pas envie d’être amortie par l’alcool, je voulais me faire une véritable opinion de lui.
– Un Coca, ce serait super, répondit-il. Je n’aime pas trop boire de l’alcool quand je suis avec une jolie fille…
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Le reste de l’après-midi fut tout aussi pénible que les heures précédentes. Et je fus bien contente lorsque nous rentrâmes enfin au cirque et que nous fûmes débarrassés de cette… poupée russe.
Maëva, Latso et Nadia partirent de leur côté et je suivis Zirka, prétextant l’oubli d’un foulard dans sa caravane pour être seule avec lui.
– Belle journée, dit-il.
– Oui, super, répondis-je, ironique. Surtout pour toi: tu t'es fait draguer toute la journée !
Je regrettai immédiatement ces paroles non réfléchies, mais trop tard: elles étaient prononcées.
– Oui, je crois qu’elle me faisait de l’œil, mais bon, ce n’est pas grave.
– Pas grave… parce qu’on est amis, c’est ça ?
– On est amis ? répéta-t-il.
– C’est ce que tu veux ?
– D’accord, des amis, répondit-il.
Mais non, non ! Ce n’est pas ce qu’il faut que tu répondes. Tu dois me dire : « Non, Morgane, je ne veux pas être ton ami. Je veux t’embrasser et te faire l’amour passionnément ! »
J’aurais dû essayer de me reprendre, de reformuler ma question, de lui dire ce que je ressentais vraiment, mais à la place, je dis, d’un ton neutre:
– Oui, c’est ça, des amis…
Je le regardai dans les yeux, espérant que cette fois, il lirait vraiment dans mes pensées, qu’il comprendrait que je n’en avais rien à faire de son amitié, que cette discussion avait seulement mal tourné.
– Alors, bonne nuit, Morgane, mon amie, fit-il avec un demi-sourire.
Et je ne parvins pas à déchiffrer son expression faciale. Était-il heureux ou déçu ? Ou avait-il lu dans mes pensées et s’amusait-il à me faire languir... ?
Je rentrai chez moi et allai m’effondrer sur le lit, dans les bras de Maëva, à qui je racontai cette discussion.
– Mais Morgane, c’est toi qui as dit la première que vous n’étiez que des amis !
– Oui, je sais, je sais ! m’exclamai-je en enfouissant ma tête sous un oreiller. Mais je voulais qu’il me contredise…
– Et qu'il te prenne dans ses grands bras virils pour t’emmener dans sa caravane afin de te faire l’amour !
– Ouiiiii !
– Eh bien, je ne crois pas qu’il ait pigé ton message ! lança Maëva.
Et nous éclatâmes de rire.
– Non mais, quelle conne !
– C’est toi qui le dis !
Ah oui, quelle conne j’étais ! Non mais, vraiment, quelle conne ! J’étais prête à postuler un emploi de James Bond girl !
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Prague, République tchèque, le 5 août
La poupée russe n’était pas montée avec mon beau Tsigane : quel soulagement !
De savoir cela me réjouit, comme une gamine qui joue à se faire peur et qui est heureuse quand elle apprend que le monstre n’habite pas dans son placard. J’avais joué à me faire peur et j’étais une gamine ! Oh oui, comme je me trouvais immature dans toute cette histoire !
Mais voilà, j’avais un cœur d’enfant, et parfois, les cœurs d’enfant s’emballaient pour des riens. Mais je ne voulais pas vieillir, je voulais même accorder plus de liberté à cet enfant en moi, car j’avais compris que c’était lui, le rêveur. C’était lui qui rêvait ma vie. Si les adultes ne parvenaient plus à rêver, c’était parce qu’ils avaient tué cet enfant.
Oui, assassiné le petit être qui les faisait sourire devant une gerbe de ballons, rire en entendant des sons incongrus, courir avec des pissenlits pour voir les aigrettes s’envoler au vent, lever la tête et tirer la langue pour goûter les gouttes de pluie, et avoir peur des monstres dans les placards !
Je ne l’avais pas tué, il était toujours vivant. J’étais toujours vivante…
Le troisième soir après notre arrivée, juste avant le spectacle, Maëva me prit par la main et m’emmena de force frapper à la porte de Zirka. Elle en avait assez d’entendre ma détresse. Depuis que nous avions eu cette conversation sur l’amitié, Zirka n’était pas revenu me voir et j’étais tourmentée.
– Frappe, me murmura Maëva alors que nous étions plantées devant la porte close de la caravane du dompteur. On va sortir tous les trois, on va bien s’amuser, et quand je me ferai discrète, tu feras en sorte qu’il comprenne que vous n’êtes pas que des amis !
J’hésitai… trop tard ! Elle frappa pour moi, très fort, pour être sûre qu’il vienne ouvrir. Mon cœur, lui, se mit à cogner dans ma poitrine.
La porte s’ouvrit sur un Zirka en jeans, torse nu. Un dieu grec ! Maëva avait bien raison : je devais faire de moi une femme et lui montrer, à ce Tsigane, comment embrassaient les Françaises ! De quoi avais-je si peur ? Peut-être n’attendait-il que ça...
– Bonjour, dit-il, visiblement heureux de notre visite. Vous voulez entrer ?
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