Nouvelles Sous Antalgiques

Ayant suivi les aventures éditoriales de Joanne sur le site des Jeunes écrivains, et dans la mesure où nous avons désormais le même éditeur, j'avais forcément envie de chroniquer son recueil de nouvelles sur mon blog.

Après ma lecture, je suis définitivement fière d'avoir le même éditeur que Joanne Richoux : Hugues Facorat. J'ai en effet dévoré les treize textes qui composent son recueil. C'est frais, léger, pétillant.

J'ai forcément mes nouvelles préférées : "Adrénaline", "Lettre à Amour", "Les monkey girls" et surtout "Au gré des vitesses", qui se présente d'abord comme une banale histoire de covoiturage pour acquérir la profondeur d'une belle leçon de vie. On entend le plus souvent tinter une petite musique triste. Derrière la grossièreté de surface se cachent les maux des protagonistes.

En quelques pages sont ainsi croqués toute une série de personnages. Les narrateurs, qui s'expriment tous à la première personne, sont variés : de la blonde au miroir de poche, de l'étudiant aux Beaux-Arts à la chatte espagnole. Ils nous révèlent à chaque fois un pan différent de réalité, expriment un regard le plus souvent sans illusion sur le sexe, l'alcool et l'amour. Ils semblent chanter des lendemains de fête qui n'en sont plus.

le registre se veut tantôt familier, tantôt courant, avec un beau sens de la formule. J'ai d'ailleurs trouvé excellente l'idée des citations sur la quatrième de couverture, qui trouvent chacune leur place dans une des nouvelles. Il manque, à mon humble avis : "Je suis née vieille et désabusée, il mourra immaculé." Je l'y aurais bien vue aussi.

le recueil se termine sur deux nouvelles un peu particulières. L'une, "Petit dico amoureux pour garçons gogols" , est un petit exercice de style plutôt marrant, un dictionnaire portatif sans prétention sur les relations hommes / femmes. L'autre est un récit autobiographique qui clôt le recueil sur un retour au Je alors qu'il s'ouvrait en nous présentant un petit miroir de poche.

Bref, un recueil qui se veut sans prétention, que j'aurais cru sympa, sans plus, mais qui est définitivement une belle surprise !

Lien : http://lectiole.canalblog.co..

Je ne sais plus comment, au gré de mes pérégrinations sur la toile, je suis tombé sur ce livre, mais je me souviens ce que je m'étais dit alors : "Tiens, un petit recueil de nouvelles sans prétention, écrit par une auteure qui semble avoir la plume aiguisée malgré son jeune âge". Je l'ai donc acheté.

Eh bien je n'aurai pas dû.

Non pas que ce livre soit un ratage complet, non, ce serait exagérer.
En effet, on ressent un style personnel plutôt efficace par moment, quoiqu'assez simpliste. Quelques tournures sont même franchement bien vues, comme par exemple lorsque l'auteure parle de "rencarts motorisés" pour la nouvelle sur le covoiturage.
Les personnages sont parfois bien esquissés et correctement mis en scène.

Mais alors, pourquoi n'aurais-je pas dû l'acheter me demanderez-vous ?

Première raison : le fond.
Car une écriture correcte ne saurait se soustraire à une trame qui vaut le coup d'être contée. Et ici, c'est bien souvent le vide intersidéral. Les histoires, qui se veulent courtes, sans doute pour favoriser un zapping cérébral, sont bien souvent vaines, ce qui fait qu'on les zappe effectivement, mais parce qu'on les oublie une fois lues. Car à peine commence-t-on à se demander où l'auteur veut nous emmener que l'histoire s'est terminée.
Les contenus s'apparentent eux à décrire les maux des personnages, souvent jeunes. Malheureusement, j'ai souvent eu l'impression du lire le journal d'une adolescente prépubère qui découvre la vie, avec tout l'ennui que cela implique. On s'enfonce même parfois dans la parabole métaphorique incompréhensible, comme cette "Lettre à Amour" que j'ai beau avoir relu deux fois sans rien y comprendre.

Deuxième raison : la forme.
J'avoue avoir été surpris par la taille du livre, plus petit qu'un format poche. La police de caractère à l'intérieur est elle très grande, quand aux pages elles sont plutôt épaisses. Hum-hum. Ne chercherait-on quand même pas à gonfler le nombre de pages et/ou l'épaisseur du livre à l'aide d'artifices aussi voyants ?
En parlant de la police, je ne connais pas son nom mais la lettre "a" m'exaspère, vous savez le genre de "a" qu'on écrit à la main. Les retours à la ligne sont parfois hasardeux (non respect de certains espaces insécables) et on trouve des doubles espace entre certains mots, et même des espaces à l'intérieur des mots (exemple "ré troviseur"). J'ai aussi relevé quelques fautes d'orthographe. Bref, tout ceci fait terriblement amateur.

Pour terminer sur une note positive, je dirais que ce recueil contient quand même quelques très bons textes, comme celui du covoiturage justement, et sa chute poignante.
Mais est-ce que quelques pépites perdues dans un désert d'ennui vain valent cet achat ? Personnellement, je répondrais par la négative.