Ce vingt-neuvième tome comprend les strips parus du 19 juin 2006 au 25 mars 2007. Il peut se lire indépendamment de tout autre tome. le tome 28 est Try rebooting yourself, et le tome 30 est Cubes and punishment.
Comme d'habitude, il s'agit d'un recueil de strips. Ceux parus un jour de semaine (du lundi au samedi) se composent d'un gag en 3 cases, avec de temps à autre le gag suivant qui reprend la même situation. Les gags du dimanche se présentent sous la forme d'une suite de 8 cases (4 lignes de 2). Chaque page comprend 3 gags de semaine, ou 1 gag de dimanche.
Dilbert est un technicien supérieur dans une entreprise produisant des éléments technologiques indéterminés, en relation avec des équipements informatiques. Il travaille dans un bureau à cloisons (en anglais "cubicle") sur un plateau assez important.
Scott Adams (l'auteur de ces comic stips) brocarde les inepties nées des petites et grandes stratégies de management dans l'entreprise. le supérieur hiérarchique (son boss, le manager) est d'une incompétence exemplaire. Wally a développé des stratégies efficientes pour éviter tout travail concret. Alice est efficace et compétente, et honteusement exploitée. Asok (jeune stagiaire) se heurte à l'absurdité des règles de base de la vie en entreprise. le responsable des ressources humaines est un chat (Catbert) qui passe son temps à jouer au chat et à la souris avec les employés. L'un des consultants extérieurs est Dogbert dont le cynisme n'a d'égal que son mépris pour les abrutis qu'il conseille.
Scott Adams introduit de temps en temps de nouveaux personnages tels que Steve (ex-soldat, vétéran de guerre) qui se voit confier des missions professionnelles d'une insignifiance rare, Betty Bulldozer (une collègue qui obtient tout, en exigeant sans ménagement), une femme incompétente embauchée pour sa beauté physique, etc.
Scott Adams est de ces créateurs qui prouvent tome après tome que l'imagination humaine ne connaît pas de limite. Avec une poignée de personnages et des lieux toujours identiques (ces terribles cubicles), il invente des situations sans pitié pour ces individus prisonniers d'un travail dérisoire et dépourvu de sens.
Par le biais de dessins simplistes, chaque lecteur peut facilement se projeter dans ce monde du travail insensé. Adams utilise plusieurs formes d'humour. Malgré ses limitations graphiques évidentes, il arrive à recourir à l'humour visuel : un collègue ayant un pot de fleurs à la place de la tête, un fumeur en manque de nicotine à qui on met un casque de scaphandrier pour qu'il puisse s'intoxiquer, etc.
Mais bien sûr les 2 sources principales de l'humour de
Scott Adams sont les comportements irrationnels ou émotionnels des individus et les modes managériales imbéciles. Sur ces bases, Adams peut mettre en gag une palette de thèmes impressionnante : le comportement féminin stéréotypé (lors d'une réunion de femmes ayant pour objet "Comment transformer vos problèmes imaginaires en problèmes réels ?"), l'incapacité des personnels techniques à mentir, l'obligation de travailler en équipe (avec des individus qui ont des objectifs opposés au votre), les entretiens motivationnels, le sentiment d'urgence créé artificiellement, les promesses intenables du service marketing, les chefs incapables d'assimiler les présentations techniques de leurs subalternes, l'impossibilité organisationnelle de faire aboutir un projet (coupe dans le budget, réduction arbitraire d'effectif, etc.), l'ineptie inhérente aux modes opératoires et autres procédures, les règles du Code du Travail conduisant à des résultats contre-productif, etc.
Chaque employé finit par se heurter de plein fouet au fait que pour pouvoir faire avancer son dossier, il doit user de stratagèmes mesquins, recourir au mensonge, calomnier, falsifier les chiffres, et pire encore. La logique est inutile, les qualités professionnelles vous mènent droit à l'échec, seuls les imposteurs tirent leur épingle du jeu. Toute ressemblance avec la réalité n'est bien sûr qu'une coïncidence. Ça rappelle quand même le concept de stratégies absurdes développé dans Comment faire pire en croyant faire mieux.
Dans un des précédents tomes,
Scott Adams avait prétendu que l'imbécillité des comportements professionnels lui avait déjà fourni de la matière pour continuer Dilbert jusqu'à sa mort. Ce tome prouve qu'Adams n'a rien d'un incompétent ou d'un imposteur. J'ai fini par me retrouver en train de rire tout haut à la lecture de ce tome devant la pertinence et l'absurdité des comportements tournés en dérision.