Quand son regard émeraude plongea dans le mien, je fus saisie de vertige et mon cœur se mit à battre violemment dans ma gorge. Je me sentis un peu comme une souris crucifiée par les yeux du chat qui va la dévorer, mais étrangement, non seulement je n’avais pas peur, mais un frisson d’excitation me parcourut l’échine, tandis qu’une faiblesse inconnue remontait dans mes jambes. Incapable de soutenir plus longtemps l’intensité de son regard, je fermai les yeux. Je ne sus jamais s’il prit cela pour un accord tacite, mais toujours est-il qu’une seconde plus tard, il posait sa bouche sur la mienne. À ce contact, la faiblesse de mes jambes me sembla se répandre comme du feu dans mon ventre, et je ne pus empêcher mon corps de prendre les rênes, alors même que mon esprit me criait de cesser cela immédiatement. Je gémis de désir tandis que mes hanches se collaient au siennes. Sa bouche caressa doucement mes lèvres avant qu’il n’approfondisse le baiser et je jetai les bras autour de son cou, dans le désir fou de me serrer plus étroitement à lui, de fondre nos deux corps ensemble.
La raison me soufflait que ce n’était pas ainsi que j’allais obtenir ce que je savais être sûre de vouloir, à savoir une véritable relation, basée sur le respect de l’autre et non sur le sexe. Je n’avais jamais été attirée par les aventures éphémères et encore moins depuis mon divorce, vécue dans la honte du ridicule de la trahison. Il me fallait en avoir le cœur net, savoir absolument ce que je représentais pour Frédéric, et j’espérai, bien que sans grande conviction, ne pas être la énième dans un tableau de chasse déjà bien rempli.
Elle était la seule qui savait à quel point toutes ces simagrées me dégoutaient à présent que j’avais constaté que les serments d’amour éternel se brisaient si facilement, mais je n’avais pas non plus envie de blesser la timide Anna qui attendait ce moment depuis si longtemps, ni de briser ses rêves. Il était donc plus sage de revenir à des préoccupations plus terre à terre.
Je n’avais aucune envie de regarder la télévision au milieu de la nuit car cela m’avait toujours semblé le comble de la déprime, et je n’avais aucune envie de m’identifier à une fille désespérée qui n’a plus d’autre recours que brancher la télé pour bénéficier d’une présence amie !
J’avais raison en tous les cas, affirmai-je véhémente, les hommes sont tous pareils, intéressés par une seule chose, et cette chose, franchement, pour l’instant, je ne veux pas en entendre parler !