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EAN : 9782350880891
104 pages
Encre marine (19/03/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Pourquoi Spinoza ? Parce qu'il est le penseur de la liberté et de la nécessité, du désir et de la raison, de l’individu et de la société, de l’homme et de la nature. Ces tensions sont le signe de son incroyable exigence : il a toujours voulu philosopher vraiment, sans limites, sans peurs, guidé par la seule vérité, visant la joie et la puissance. Tensions mais aussi intensité : la pensée de Spinoza enthousiasme, bouleverse, élève, autrement dit libère. C’est ce que ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quiconque a assisté à un cours de philosophie sur le thème de la liberté, a probablement été invité à lire la Lettre à Schuller (lettre n°58) dans laquelle Spinoza développe l'exemple, quelque peu incongru, d'une pierre qui se trouve en mouvement en raison d'une cause extérieure, qui a conscience de son existence et de ce mouvement et qui, en raison de cette conscience, affirme sa liberté.
La position de Spinoza sur la question de la liberté est, en effet, très singulière dans l'histoire de la philosophie : rares sont les philosophes qui se sont aventurés jusqu'à nier, purement et simplement, l'existence du libre-arbitre chez l'être humain.
Même chez les philosophes matérialistes, peu vont jusqu'à cette extrémité, la plupart avançant divers "astuces" pour sauver le libre-arbitre. Ainsi Lucrèce et son fameux « clinamen » (la déclination des atomes) qui permet d'expliquer, outre la formation du monde, l'existence de la liberté humaine.
Toutefois, loin d'abandonner le concept de liberté, Spinoza affirme que celle-ci est accessible mais qu'elle « doit s'inscrire dans la nécessité ». Position qui, de prime abord, ne peut paraître que très paradoxale. Dédier un essai à ce sujet est donc particulièrement pertinent. D'autant que certains exégètes reconnus de Spinoza, tel que Robert Misrahi, n'hésitent pas à affirmer qu'il n'existe pas chez Spinoza de liberté, mais uniquement du déterminisme, conscient ou inconscient.

Dans la première partie de son essai, Jean-François Robredo s'attache donc à décrire la conception spinoziste de la liberté humaine. Cette explication permet notamment de comprendre que la "controverse" sur l'existence ou non de la liberté chez Spinoza relève d'un désaccord sur la définition de la liberté.
En effet, pour la majorité des philosophes, la liberté consiste en la possibilité de choisir librement, hors de tout déterminisme, extérieur comme intérieur. Elle se manifeste donc par l'exercice du libre-arbitre.
Pour Spinoza, la liberté consiste à s'affranchir des déterminismes extérieurs pour assumer notre nécessité intérieure : notre Désir de joie, de béatitude.
« Est dite libre la chose qui existe par la seule nécessité de sa nature et se détermine par elle-même à agir. » (Ea res libera dicitur, quae ex solâ suae naturae necessitate exisit, & à se sola ad agendum determinatur). Ethique I, définition VII.

Dans la seconde partie de cet essai, J.-F. Robredo passe de l'analyse de la liberté sur un plan individuel à la liberté dans sa dimension politique. Sur ce sujet, la position de Spinoza est encore plus subtile, tout en nuances. Certes, Spinoza indique sa préférence pour la démocratie et les libertés individuelles : « Plus l'organisation politique permet la liberté, plus l'homme se libère intérieurement ; et plus l'homme est libre, plus il construira une société de liberté ». Cependant, sur de nombreux aspects il se montre plutôt conservateur : «Nulle société ne peut subsister sans un pouvoir de commandement et une force, et conséquemment, sans des lois qui modèrent et contraignent l'appétit du plaisir et les passions sans frein ». L'approche politique de Spinoza est éminemment pragmatique et loin de toute idéologie : « Il faut réfléchir à partir de l'homme tel qu'il est ; Spinoza ne démentira jamais cette exigence ». On est donc très loin de la pensée binaire de Bakounine qui, dans Dieu et l'Etat, affirmait que :
« le matérialisme nie le libre arbitre, et il aboutit à la constitution de la liberté ; l'idéalisme, au nom de la dignité humaine, proclame le libre arbitre, et, sur les ruines de toute liberté, il fonde l'autorité. »

Au final, en abordant les deux dimensions de la liberté chez Spinoza, J.-F. Robredo nous livre dans cet essai, très court (moins de 100 pages) mais particulièrement dense, une véritable introduction à l'oeuvre de Spinoza. Il réussit, en effet, ce tour de force d'expliquer les principaux axes de la pensée de Spinoza dans un style précis, concis, et qui ne s'embarrasse pas de tout le jargon spinoziste.
Certes, à la fin de cet essai des interrogations subsistent, des points qui nécessiteraient des développements, des nuances, des illustrations. Comment pourrait-il en être autrement avec un essai si court ? Mais ce sont autant d'invitations à lire et à approfondir l'oeuvre de Spinoza.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Être sage, c'est reconnaître la finitude de l'homme, c'est-à-dire son enracinement fondamental à la vie présente et concrète. Toute volonté d'y échapper n'est qu'une attraction vers le néant, soutenue par un moralisme destructeur. En ne promettant rien de mieux que la vie, Spinoza ne nie pas la difficulté d'atteindre le bonheur, mais il nie que celui-ci puisse être trouvé au-delà de la vie elle-même.
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Spinoza n'invite jamais à l'engagement idéologique mais à la réflexion sans limite et toujours renouvelée. Car au-delà de tout jugement de valeur, il y a la réalité concrète.
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La liberté de la volonté ne peut exister parce que la contingence est un non-sens. La liberté doit s'inscrire dans la nécessité.
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