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EAN : 9782875860101
193 pages
Kerditions (18/11/2013)
3/5   5 notes
Résumé :
Par une nuit sans lune, un écrivain fit un songe. Il rêva qu?il se réveillait en sursaut et, sous l?effet d?une modification physique inattendue, s?en allait rédiger les souvenirs d?un voyage auquel il n?avait jamais participé. Un voyage au cours duquel Frédéric Verratti, alter ego de l?écrivain, rencontre de mystérieux personnages. Un metteur en scène qui, chaque année, avec l?aide d?acteurs issus de la population locale, monte invariablement la même pièce au c?... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La muse hante les nuits l'écrivain. Tout bout en lui. Les connaissances acquises durant ses études, sa vie professionnelle, ses lectures, ses voyages, ses rencontres. le besoin de partir à la découverte, de regarder l'autre, les autres, qui peuplent un autre continent, une autre civilisation, avec d'autres moeurs, d'autres vécus, d'autres philosophies.
Mille et une nuits que la muse le hante, mille et une nuits que la belle fait virevolter les fiches de notes que Giuseppe Santoliquido cache au plus profond de son être.
Et par une nuit sans lune, Giuseppe Santoliquido brandit sa petite lampe d'Aladin tel le génie apparaissant au plus profond des ténèbres.
Sous la lueur de la petite lampe, dans la pièce, nous entrapercevons l'homme qui est couché, agité par le rêve du zombie qui vient de quitter son corps. En totale dysharmonie avec son être, en décalage flagrant avec ses traits habituels. Dans son échappée, le double happe toutes les ressources, toutes les connaissances détenues dans la profondeur du subconscient du corps qu'il vient de quitter. du corps de l'écrivain cinquantenaire au sommeil agité.
« L'extru », comme tout écrivain à la recherche intérieure d'une soudaine inspiration, s'en alla prendre place à la table de travail, s'octroyant derechef le droit de manipuler calepins, notes, agendas et rédigea le manuscrit tant rêvé.
Quelle heureuse trinité s'offre à nos yeux. le tronc, un Giuseppe Santoliquido à la plume ferme et concise. Ensuite, l'écrivain mature cinquantenaire un brin baroudeur, et pour clore cette trinité, le zombie du précédent. Trois pièces d'un puzzle découpé dans une carte de l'Afrique. Plus précisément du Cameroun, une Afrique en miniature. Quittant Bruxelles pour la découverte de nouveaux paysages, la savane, la brousse avec ses arbres hauts comme des montagnes, il ou elle (cette trinité) part à la découverte d'une oasis (son nouveau havre de paix ?). Après les soifs du désert (vide mental du zombie ?), une forme de retour en soi dont il percevrait l'écho de plus en plus distinctement. le berceau d'une renaissance.
Frédéric Verratti avait longtemps hésité sur le choix de la compagnie et avait opté pour une société suisse qui décollerait de Bruxelles. Il monta dans l'avion et prit place près du hublot. Voyant un passager voisin en proie à un début de panique, tout en gardant ses réflexions pour lui, il songea : « la vie n'est rien d'autre qu'un emboitement de petits voyages dans un voyage beaucoup plus long, cela ne sert de s'inquiéter, de toutes les manières, personne n'en connaît la destination finale ». le temps de vol passa en partie à s'adonner à ce jeu qu'il pratiquait dans son enfance, quand un mot prononcé au hasard en appelait un autre, une sorte de jeu de l'oie de l'esprit. Apparence, rencontre, Jeanne…
Yaoundé, des senteurs inconnues, des effluves inhabituelles. En provenance de la plaine, l'écho d'un chant traditionnel, auréolant l'apparition du « souïmanga »…
A leur passage, le bruissement des fougères semblait véhiculer un message divin, prophétique… . Ensemble ils chemineraient ensuite vers un monde dont nul n'est jamais revenu, avec le sentiment de l'extraordinaire facilité du rapport entre les éléments.
Enivrée par l'encens sortant de la lampe d'Aladin brandie part Giuseppe Santoliquido, la quête de notre propre identité se dessinera tout au fil des pages.
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"La vie n'est rien d'autre qu'un emboîtement de petits voyages dans un voyage beaucoup plus long, (...), cela ne sert à rien de s'inquiéter, de toutes les manières personne n'en connaît la destination finale."

Mesdames et messieurs, bouclez votre ceinture, embarquement immédiat pour un voyage onirique, un aller-retour imaginaire entre Bruxelles et le Cameroun...

Tout commence dans l'appartement bruxellois d'un écrivain qui désespère pouvoir écrire un jour ce récit de voyage dont il aspire. Endormi, il rêve qu'il se réveille, "lui et plus tout à fait lui". La surprise passée, il se met alors à écrire de manière frénétique le récit d'un séjour qu'il n'a pas vécu ! Son personnage, Frédéric Verratti, quitte Bruxelles et un mariage raté et s'envole pour le Cameroun où il espère se retrouver et prendre un nouveau départ. Dans son périple, il rencontre des personnages hors du commun qui vont lui apporter bien des réponses, sur lui, sa relation à l'autre et au monde... Un voyage entre l'irrationnel et le rationnel qui lui apportera peut-être la sérénité qu'il recherche.

Ce titre, à la construction tout à fait originale, est à l'intersection du roman et du recueil de nouvelles. Entre une introduction, justement intitulée "Au commencement" où l'on découvre cet écrivain qui vit une expérience d'écriture tout à fait particulière et un épilogue où l'on retrouve le même homme qui se souvient avec effarement et bonheur de son rêve, on parcourt quatre courts récits construits autour des pérégrinations de son double de papier.

Deux qui le mettent directement en scène et relatent ses rencontres extraordinaires. La première avec Simon alias Akàb, un chauffeur de taxi philosophe. La seconde, avec P.P.P., un vieil italien qui met en scène, année après année, la même pièce, l'Orestie d'Eschyle.

Le troisième récit s'intéresse à la veuve d'un leader politique indépendantiste qui a lui aussi, dans son jeune temps, joué dans la pièce de ce mystérieux P.P.P.... Désormais seule, dans un monde qu'elle ne reconnaît plus, la vieille dame doit trouver un compromis entre ses idéaux d'antan et le bien commun.

Quant au quatrième récit, Frédéric Verratti n'en est que le lecteur. Il s'agit de l'histoire d'un vieux chasseur qui, au seuil de son passage dans l'au-delà, fusionne avec l'animal totem qui a guidé sa vie.

Toutes ces nouvelles sont donc liées, formant les pièces d'un puzzle qui trouve ses clés dans l'épilogue. On y découvre ainsi, en référence à la théorie des rêves de Freud, ce qui a nourri le songe. le narrateur y dévoile l'identité de certains personnages ainsi que ce qui sous-tend certaines de ces histoires. Procédé qui donne envie au lecteur de reprendre tout depuis le début ! On y découvre aussi l'origine du titre, hommage à Pier Paolo Pasolini et à ses Écrits corsaires...

S'il est question d'un voyage, celui-ci se déroule à différents niveaux. Il y a bien évidemment celui du personnage qui découvre un pays, ses paysages, ses façons d'appréhender l'existence. Ce périple se double d'un voyage intérieur puisqu'il lui permet de faire des retours sur lui-même, sur son passé et son avenir, et de réconcilier le tout.

Il y a également le voyage de cet écrivain qui expérimente l'écriture comme "le meilleur moyen de vivre plusieurs vies conjointement."

Et puis, celui de Giuseppe Santoliquido lui-même. A travers cet ouvrage et la voix des différents personnages, il nous donne à lire sa propre vision du monde, de la vie et du pouvoir de l'écriture... Réflexions nourries, comme il le confie dans la note de fin, par ses propres lectures de Pasolini et de Ungaretti ainsi que par les nombreux voyages, réels ceux-ci, qu'il effectue en Afrique centrale.

Enfin, au travers de cette multiple mise en abyme, le lecteur est à son tour invité à se mettre en route, à ouvrir les vannes de la réflexion et à participer à ce voyage collectif à bord de ce paquebot nommé humanité, où rationnel et irrationnel ; modernité et tradition ; vie et mort ; ... forment "les deux faces d'une même réalité".

"(...) la vie est comme une tresse de nattes, jamais vous ne parviendrez à dénouer quelque explication que ce soit si vous ne prenez en considération les tresses du haut et celles du bas, l'endroit et le revers, parce qu'en définitive tout se tient et s'entremêle."

Bon voyage !
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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On suit un écrivain dans un voyage, qu'il ne fit qu'en rêve, au Cameroun. Voyage entre rêve et réalité. Voyage intérieur …

Très beau roman … enfin roman, je ne sais pas si c'est le terme exact. C'est plutôt une succession de nouvelles, mais qu'il faut lire dans l'ordre. Quoique … Disons qu'en respectant l'ordre du livre, on est emporté dans un mouvement, dans un crescendo dans l'écriture, qui d'une relation factuelle passe à un récit poétique et fantastique, proche du mythe. C'est un peu comme si on descendait dans les profondeurs de l'homme, pour s'approcher de son caractère spirituel, pour ne pas dire sacré.

L'écriture est ciselée avec précision et très efficace. Les mots sont choisis avec beaucoup de soin. Les événements sont brefs et à peine esquissés, point de détails inutiles, ce qui laisse beaucoup de place pour l'imagination du lecteur …

Une excellente découverte d'un auteur belge trop peu connu.
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Ce roman commence comme le rêve d'un écrivain qui rêve d'écrire ce roman. Ensuite la logique appartient à celle de l'onirisme : une succession d'impressions et un voyage dans l'inconscient. Et certaines impressions sont claires et leur message accessible. le voyage est africain, il y est parfois question de dépaysement, parfois de politique imparfaite, parfois de légende animiste. Parfois, il est fait appel à la mythologie grecque pour un parallèle intéressant sur les liens africains entre le rationnel et l'irrationnel, comme "les deux faces d'une même réalité". Parfois aussi, le lecteur, comme dans un rêve, s'y perd. D'un taxi à un hôtel tenu par des allemands. du Cameroun nommément cité au Burkina Fasso juste évoqué. Des cases en pisé à la villa coloniale d'un vieil aristocrate italien mystérieux. du carnet de voyage aux réflexions philosophiques. le narrateur se réveille dans un épilogue où il nous livre quelques clés pour comprendre pourquoi ce titre, cette succession de nouvelles ou qui se cache derrière les initiales PPP. Mais l'auteur s'y glisse aussi pour nous souffler sa grille de lecture de l'oeuvre, son rapport à l'écriture, à "l'égrènement du temps, conclut-il, les problèmes d'identité ou le rapport à l'autre". Mais cela c'est lui qui le dit et parce que l'interprétation du rêve n'appartient jamais qu'au rêveur, il revient au lecteur de s'arroger le droit d'être lui aussi le rêveur et d'en tirer les conclusions qu'il lui plait !
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Elle l’entendait encore s’épancher sur le pouvoir de l’écriture, répéter que le monde extérieur était un manège qui tournait autour de nous sans s’arrêter, un engrenage gigantesque, et que de chaque pièce prise individuellement dépendait le fonctionnement du tout. L’écriture est le seul moyen d’arrêter la machine, ne fut-ce que pour un instant, disait-il, pour essayer d’en comprendre le mouvement, d’identifier les mécanismes un à un, d’en percevoir la façon dont ils s’emboitent l’un dans l’autre, et ainsi tenter d’identifier ce que nous sommes, ou ce que nous ne sommes pas, cela dépend du point de vue. C’est pour cette raison que l’écriture, quelle que soit sa forme, ne peut se permettre d’être mensongère. En aucun cas.
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Elle l'entendait encore s'épancher sur le pouvoir de l'écriture, répéter que le monde extérieur était un manège qui tournait autour de nous sans s'arrêter, un engrenage gigantesque, et que de chaque pièce prise individuellement dépendait le fonctionnement du tout. L'écriture est le seul moyen d'arrêter la machine, ne fût-ce que pour un instant, disait-il, pour essayer d'en comprendre le mouvement, d'identifier les mécanismes un à un, d'en percevoir la façon dont ils s'emboîtent l'un dans l'autre, et ainsi d'identifier ce que nous sommes, ou ce que nous ne sommes pas, cela dépend des points de vue. C'est pour cette raison que l'écriture, quelle que soit sa forme, ne peut se permettre d'être mensongère. En aucun cas.
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L’idée lui était venue qu’à bien y réfléchir, les histoires, toutes les histoires, rêvées ou non, étaient semblables à ces grappes de raisins que l’on croise en Méditerranée sous le soleil d’octobre, belles et généreuses : elles ne demandent au fond qu’à être cueillies.
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Tout autour d’elle les filles étaient éclatantes d’une beauté proche de celle des blanches, avec de belles robes à fleurs et des talons hauts comme des fougères, les lèvres peintes, les yeux cerclés de noir.
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Il n’est pas exclu que le temps ne soit rien d’autre qu’un sentiment, songea-t-il, une représentation permettant, selon les circonstances, d’étirer les distances, d’atténuer les regrets.
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