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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre dont la première édition date de 1956 est le premier écrit par Edward Abbey qui le dédit « Aux hors-la-loi. A tous les hors-la-loi : les bons et les brutes, les truands et les laids, les beaux, les morts et les vivants. »

Il commence par une ballade, « La ballade du brave cow-boy » chantant la vie de celui dont on va deviner au fil des pages vers quel destin il se dirige, le destin d’un homme insoumis qui va résister pour rester fidèle à son idéal, préserver sa liberté.

Viens t’asseoir près de moi
je m’en vais te narrer
l’histoire d’un cow-boy
à l’affreuse destinée

Il se dénommait Burns
et il venait de l’Est ;
il n’en disait pas plus
ni en mots ni en gestes
(…)
Comme tous les braves Cow-boys d’aujourd’hui et d’hier,
il vivait de galops, de bourrasques et d’étoiles
et d’une chanson à lui pour garder son coeur fier
et d’une chanson à lui pour garder son coeur fier.

Jack Burns, il se nomme. On ne le sait pas immédiatement. L’homme nous est présenté progressivement au fur et à mesure de son avancée vers la ville de Duke City ( Albuquerque) , dans une belle lenteur.
Il contemple avant de se diriger vers elle, la ville qui l’attend de l’autre côté du fleuve
« Le jeune homme fumait dans un silence contemplatif, en regardant la ville. (…) De l’autre côté du fleuve, à des kilomètres de là, la ville attendait, s’ébrouait doucement et en silence….
Dans la lumière du petit matin, vue depuis l’ouest par l’homme adossé à son genévrier, la ville était une flaque d’ombre bleu-gris indistincte, aux marges floues, aux extrémités sud et est invisibles, toutes fondues sous les vastes ailes de l’ombre des Sangre Mountains.
(…) Le silence était intense, brûlant, infini. L’homme entendait ce silence, ou ce qui semblait être la musique de ce silence, le chant du sang dans ses oreilles. »

Ce calme est brusquement rompu par une intrusion brutale, le rugissement d’un avion à réaction appartenant à une base militaire : « Le bruit enfla, perça le ciel comme un coin métallique, stria l’air d’ondes transparentes. Puis se contracta, faiblit, mourut, et le vaste silence se ferma de nouveau, plaqua son dôme parfait sur le désert, sur le fleuve, sur la vallée. »
Et à l’approche de la ville ce sera deux routes qu’il devra traverser en contraignant Whisky sa belle jument indocile, terrorisée par le rugissement des voitures et des camions.
On perçoit très vite que cet homme est un anachronisme, l’un des derniers représentants d’un mode de vie éteint, tué par l’avènement de la technologie et la soumission par la contrainte imposée par une société devenue ennemie de la liberté.

Mais si Jack affronte la ville ses bruits et sa violence c’est avant tout pour aider son ami Paul Bondi à s’échapper de la prison où il est retenu. Pour cela il va se faire emprisonner afin de le convaincre de s’évader en sa compagnie… A la beauté de la nature et la liberté infinie du ciel et des grands espaces va succéder la brutalité de l’incarcération incarnée par le gardien Gutierrez « masse énorme de silence malveillant ».
Pour savoir la suite et faire connaissance avec Paul Bondi, Jerry sa femme douce et forte, le shérif Morey Johnson, le routier Hinton qui fait des apparitions au cours du récit sans que l’on puisse deviner son rôle jusqu’à la fin, je vous conseille vivement la lecture de ce livre qui, je le crois, ne peut décevoir.

Dans son avant-propos à la réédition de 1971, Edward Abbey nous dit que « Seuls les indomptés appartient au jeune gars passionné et assez imbécile qui l’a écrit, ainsi qu’à la petite bande de fans fidèles, dont l’acteur Kirk Douglas, qui ont contribué à la maintenir en vie au fil de toutes ces années de calamité et d’espoir renouvelé. »
En effet, un film en a été tiré que je ne connaissais pas et que j’ai pu visionner en intégralité sur You Tube après la lecture du livre. Je préfère le livre et on souhaiterait à beaucoup d’écrire comme le « jeune imbécile » avec une telle puissance d’évocation qu'il sait rendre aigüe la beauté comme la laideur et l’amitié autant que la haine et faire vibrer le silence. Un livre qui contient en germe tous les suivants de cet auteur que j’admire et qui est resté fidèle à ses idéaux, comme Jack Burns, tout au long de sa vie et jusque dans la mort puisqu’il a voulu être enterré dans le désert et que seuls ceux qui ont procédé à l’inhumation connaissent l’endroit.
Merci à Babelio et aux éditions Gallmeister qui m’ont permis de renouer avec l’univers de Edward Abbey

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Formidable ! Ce livre est un chef-d'oeuvre du nature writing. Que de qualités concentrées dans ces quelques 340 pages !

L'histoire peut être résumée en quelques mots, sans révéler l'étonnante et tragique fin en forme de pied de nez à la folie du monde moderne "civilisé". Dans les années 1950, Paul Bondi vient d'être incarcéré pour objection de conscience. Dès lors, son ami Jack Burns, qui vit encore en cow-boy solitaire et parcourt le pays sur sa jument Whisky décide de se faire arrêter pour une pécadille, trouble à l'ordre public, afin de le retrouver en prison et l'entraîner dans leur évasion. Pourtant, Bondi l'intellectuel refuse finalement de s'évader...
Jack Burns lui le fait...et va déchaîner une course-poursuite impitoyable dans les grandes étendues montagneuses du Nouveau-Mexique.

Certes, pendant les deux premiers tiers du roman, on éprouve un sentiment de lenteur. L'auteur prend le temps de poser ses personnages. Souvent pensifs et nonchalants, ils sont pudiques et maladroits, se posent des questions (les passages où Burns se trouve en présence de Jerry la femme de son ami Bondi, qui manifestement en pince pour lui...), parfois vulgaires voire sales (le shérif Johnson), brutaux (le gardien de prison Guttierez)...

Mais au moment où la cavale de Burns commence, c'est la révélation ! Rarement on aura ressenti autant la présence de la nature. Les descriptions des paysages, des terrains arpentés sont splendides, précises, le héros fait corps avec son environnement, littéralement immergé, comme il ne fait qu'un avec son cheval. On perçoit les dénivelés des canyons, presque la composition des rochers granitiques, et chose étonnante, l'auteur parvient à nous démontrer que poussent sur ces sols arides des centaines d'espèces végétales, tellement il en cite en permanence !

Et puis le suspense monte, le fugitif va-t-il s'en sortir devant les moyens détachés pour le pourchasser ? Un grain de sable, un geste fou, jusqu'au-boutiste, pourrait bien déclencher et emballer une machine infernale...Des coups de théâtre interviennent à propos pour maintenir cette tension en permanence, et créer la surprise avec une fin en forme de parabole sur l'absurdité du monde.

Abbey était une sorte d'anarchiste écologiste qui s'est fait enterrer dans le désert, et c'est bien ce qu'on ressent ici, cette passion absolue de l'écrivain pour ces terres arides, inhospitalières et pourtant d'une beauté grandiose.

A coup sûr ce roman est un parfait scénario de western, avec ses personnages bien typés, ces grands espaces inviolés...On pense à Impitoyable de Clint Eastwood, mais aussi plus encore à la "Poursuite impitoyable" avec Brando / Redford...Mais il va bien au-delà, car c'est une ode à la nature, au cheval, une dénonciation du progrès quand il incarne la folie des hommes, et alors on plonge dans "l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux", mais aussi hommage à l'amitié indéfectible qui scelle le destin du héros.

Et que la langue est belle, quelle puissance évocatrice, c'est à la fois précis et poétique (on dirait que l'auteur non seulement écrit mais filme !) Quelle intelligence aussi dans cet anti-conformisme militant pour la liberté.

Un tel ouvrage est un hommage funèbre à un monde perdu, non mécanisé, qui en ces années d'après-guerre s'éteint, symbolisé par ce Jack Burns, dernier cow-boy romantique dangereusement égaré avec sa monture sur l'asphalte brûlant, au milieu des voitures.

Un grand merci, encore, à Babelio, pour nous offrir tant de belles découvertes...et celle-ci est une perle rare.
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Enfin, voici la traduction de "A brave cow-boy" le premier ouvrage d' Edward Abbey (1927-1989 ), l'icône de la contre-culture, l'auteur de "Désert Solitaire" (ça, c'est pour le plaisir d'écrire encore le nom de son chef-d'oeuvre !! )
Abbey est un des plus grands écrivains de l'Ouest américain, précurseur du nature writing, activiste écologique redoutable (c.f. "Le gang de la clé à molette" ).Amoureux des grands espaces, il passa sa vie à les défendre, marchant dans les pas de John Muir,dénonçant les ravages des promoteurs ou des grands groupes industriels ,du tourisme de masse .

" Seuls sont les indomptés "annonce bien la suite de l'oeuvre littéraire d'Abbey.

L'histoire se passe dans les années 50. Paul, l'ami de Jack Burns se retrouve en prison pour avoir refusé de se soumettre aux obligations militaires. Burns décide de se faire incarcéré avec son ami dans un but d'évasion commune.Mais, s'en suit une traque sans merci...
Et Abbey y trouve là le prétexte de nous entraîner dans ce désert qu'il aime tant, par une narration superbe de poésie et de sensibilité, débordant d'humanisme.

Un seul regret, cette traduction arrive bien longtemps après les autres.
Ce livre contient pourtant tous les germes qui composent l'oeuvre d'Abbey: activisme écologique, insoumission à l'ordre établi, humanisme et bien sûr son immense amour du désert ( il s'y est fait enterré : récit de ses funérailles dans "Une guerre dans la tête" écrit par son ami Doug Peacock ).
Seuls sont les indomptés " a été adapté au cinéma en 1962 par Dalton Trumbo sous le titre de "Lonely are the brave ". You Tube en propose une version originale .
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Imaginez la scène… un cow-boy, seul dans la montagne, prépare un feu, y pose sa gamelle de fayots en regardant la ville au loin. Une fois son cheval sanglé et le feu éteint avec le reste de café, il se dirige vers la ville en chantant une vieille ballade. Vous y êtes ?

Et bien, cette scène, Edward Abbey arrive à en faire un chapitre, à vous faire voir le cow-boy, à vous faire sentir l'odeur du café, à vous immerger dans le paysage de telle manière que vous accompagnez Jack Burns sur son cheval et que vous l'aimez déjà.

Avec Edward Abbey, vous ne vous ennuyez pas parce que c'est un poète, un passionné de son ouest lointain. Il sait vous le faire largement apprécier à travers des descriptions magnifiques. Au fur et à mesure du récit, votre coeur calque son rythme sur celui de la nature, des peupliers de Virginie, des chênes palustre, des cactus chollas et des yuccas.

Pourtant, vous n'êtes pas dans un western spaghetti avec des scènes aussi interminables que la musique. Vous êtes au milieu des années 50 au Nouveau-Mexique à l'époque des autoroutes, des camions et des hélicoptères. Votre coeur va en voir de toutes les couleurs malgré ce décor poétique car vous êtes dans un vrai livre à suspense, avec le bon, la brute et le truand version 20ème siècle, sans oublier le shérif évidemment. Je n'ai pas envie de vous en dire plus.

Je ne sais pas ce que vous en penserez mais moi, ce lonesome cowboy, bourré de valeurs simples qui fait la nique au système, je suis totalement tombée sous son charme et je l'ai suivi jusqu'à la dernière ligne, dans sa vie d'indompté solitaire.

Je vous laisse déguster cette pépite du nature writing et prendre un grand bol de liberté. Moi, j'ai juste envie de mettre mes chaussures de marche et d'aller randonner en montagne, loin de la civilisation.

Lien : https://belettedusud.wixsite..
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Critique sur l'évolution du monde moderne qui montre la pollution de l'air et des terres et où la liberté est arrêtée par des barreaux et barbelés. Roman écrit en 1955 et revisité en 1970 par Edward Abbey. Jack Burns, un cowboy solitaire, va sciemment se faire arrêter pour être mis en prison dans le but de rejoindre et d'aider Jack. Deux amis bien différents, Burns est un solitaire aimant chevaucher en toute liberté, tandis que Jack est un intellectuel anarchiste (la raison de sa condamnation) plutôt raisonnable. C'est ce trait de caractère qui lui fera refuser la proposition d'évasion. Il ne veut pas être un fugitif le reste de sa vie. de petits chapitres de ci de là parlent d'un chauffeur routier. Pourquoi ? Réponse à la fin. On sent bien qu'Abbey a distillé ses idées et son caractère dans les deux personnages. Tourné la dernière page du livre, j'ai regardé le film qui porte le même nom avec Kirk Douglas et où l'auteur a participé au scénario. Assez fidèle et complémentaire. Permet de voir les paysages et un rapport très fort de l'homme à sa jument Whisky. Un peu déçue, que dans le film, notre cowboy ne chante pas et n'a pas de guitare. Je suis bien triste de quitter ce dernier Abbey que je gardais au chaud. Pourvu que Gallmeister nous offre d'autres traductions de mon écrivain préféré.
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L'action se situe au Nouveau-Mexique en 1950 ; un homme seul est traqué par la police et l'armée.
Alors que la meute tentera de le dépouiller, en vain, de sa droiture, de son indépendance d'esprit et de sa volonté de vivre en homme digne et libre…
Ce roman anticonformiste et politique est un vrai coup de coeur !
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Superbe lecture, superbe plume, une troisième rencontre avec Edward Abbey qui se solde de nouveau par «Waouh» !

Je continue de marcher sur les pas d'Edward Abbey. Après «Le feu sur la montagne», sublime et «Désert solitaire», et bien, sublime aussi !, j'ai voulu découvrir ses premiers écrits, comment il avait commencé, quels furent ses premières pensées couchées sur papier. Mettait-il déjà en exergue la force d'une amitié solide ? Décrivait-il déjà si merveilleusement bien les grands espaces sauvages qu'il affectionnait tant ? Avions-nous déjà envie de chevaucher aux côtés de ces personnages aux caractères bien trempés, avides de libertés, de les suivre dans leur combat face à la modernité omniprésente et destructrice ? Sentions-nous déjà la rage qui les animent devant les désastres engendrés par le progrès ? Allais-je être de nouveau chamboulée, bouleversée par ses mots ? Force est de constater que oui !

Edward Abbey distille amour et bienveillance, il allie subtilement poésie et colère, dissémine des touches d'humour et d'ironie pour alléger la rage qui anime ses personnages. En l'occurrence, dans cet opus, Jack Burns, cow-boy solitaire, un indompté au coeur tendre, un réfractaire qui aspire à un mode de vie en osmose avec la Nature, sans artifice, dans des endroits où l'homme blanc n'a jamais mis les pieds (en dehors des toilettes pour femmes !), un Professionnel de la débrouille, prisonnier de la réalité, en quête d'un tunnel pour retourner dans son univers onirique de gamin, un monde de grands espaces, de chevaux et de soleil. Mais un homme dévoué à son ami, Paul Bondi. Ils ont tous deux déjoué la loi militaire en vigueur sur le territoire américain en ne s'inscrivant pas à la conscription en septembre 1948. Paul a été rattrapé par la justice et mis en cellule pour quelques années. Jack chevauchera alors des journées entières à travers les plaines du Nouveau-Mexique pour rejoindre la ville, et tenter de libérer son ami. S'en suivront des dialogues forts et poignants entre les deux hommes, chacun ayant suivi un chemin différent depuis l'époque où ils étaient étudiants, et ayant ainsi une vision divergente de la vie, de la justice, des obligations. L'un est prêt, a toujours été prêt à tourner le dos à la justice, libre de penser, d'agir, de choisir par lui-même; l'autre, davantage philosophe, et plus à même d'emprunter le chemin vers le conformisme.

« - [...] Chaque fois que je me retrouve en cabane, je ne pense qu'à une chose.- À sortir ?- Exact.Tu ne seras jamais philosophe, dit Bondi. Pas à ce rythme-là. Seul un philosophe peut transcender ces barreaux et ces murs sans quitter son corps. Ni même ouvrir les yeux. Malgré la surprise et le ravissement de ces retrouvailles, Bondi avait conscience de la présence d'une troisième partie, le moniteur objectif de son cerveau, qui inspectait et jaugeait avec un certain détachement critique, l'apparence, le discours et les réactions de son vieil ami. Il semblait un peu lent, remarqua le moniteur, comme émoussé par trop de vent, de soleil, et de n'avoir eu pour compagnie que des animaux - comme s'il n'avait pas encore totalement de son rêve du loup sauvage, avec son rocher et son ombre noir. Une concentration artificielle au sein du monde naturel.Je serais peut-être jamais philosophe, admit Burns. Mais il y a une chose pire encore, une seule. C'est que toi t'en seras toujours un. »

La suite nous embarque dans une chasse à l'homme sans merci, une traque haletante, démente, inimaginable. On ne joue pas avec le gouvernement américain, l'obéissance est due, toute forme de rébellion, tout manquement aux règles met le feu aux poudres, une fois l'engrenage de la répression lancé, il est difficile de le contrer, de le stopper... Ce roman a finalement traversé le temps sans prendre une ride ;-)

Merci Edward Abbey, merci aux éditions Gallmeister de nous offrir cette pépite ... et tant d'autres.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Avec une introduction sous forme de ballade, l'auteur nous emporte dans son monde, son univers avec force de conviction et une écriture sublime...

Seuls sont les indomptés, titre qui m'a immédiatement plu, interpellé, raconte l'histoire de Jack Burns, un homme habité par la nature, par les grands espaces et le chant qui s'en dégage. Un homme qui va y renoncer - a priori pour un court instant - afin d'aider à l'évasion de son ami Paul. C'est une amitié unique qui transparait entre ces lignes, lorsqu'on est capable de se faire incarcérer, de faire face en quelque sorte à son pire cauchemar par pure amitié.

Là où ce livre est magnifique c'est par la capacité de l'auteur à retranscrire les grands espaces et d'en faire ensuite une mise en parallèle avec l'univers carcéral. Ainsi vous découvrirez tout un monde sauvage lors de la ballade de Jack vers une ville qui se rapproche progressivement... Une ville remplie de violences, de bruits et d'odeurs tellement différentes du monde qui l'entoure. Ici Edward Abbey rend hommage à un environnement qui n'existe déjà plus, c'est cela que j'aime le plus dans le nature writing : c'est une sorte de témoignage, une photographie de ce qui fût et n'est plus... Je voudrais ainsi applaudir la splendide traduction de Laura Derajinski et Jacques Mailhos!

Vous l'aurez compris, n'ayant pas encore atteint la trentaine à cette époque, nous étions déjà en présence d'un immense écrivain !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Un film de David Miller, datant de 1962, est issu de ce beau livre.
Kirk Douglas y incarne Jack Burns, seul, dans la sierra du Nouveau-Mexique. Il a un chapeau sombre, un fusil à la main, et sa fidèle jument Whisky semble nerveuse.
Un hélicoptère les survole.
Au loin, les tours de la grande ville.
L'autoroute.
Le monde moderne.
Jack Burns , donc, est seul contre tous. Et seul de son espèce. Un homme sauvage qui refuse de voir disparaître tout ce qu'il aime. Qui refuse de savoir son ami Paul en prison. Paul, intello, anarchiste, emprisonné pour ses idées. Paul, qui a épousé la belle Jerry, Paul qui est maintenant père de famille. Paul, qui devrait partager cette vie au grand air, au soleil , sans entraves.
Et que fait un cow-boy quand son meilleur ami est en prison ? Il le fait sortir. Jack s'arrange donc pour se faire coffrer, rejoindre Paul, et la nuit venue il lime les barreaux de leur cellule. Comme au bon vieux temps.
Sauf que Paul ne veut pas s'évader.
Sauf que Jack se retrouve dehors, seul. Et désormais hors-la-loi.
.
Un roman admirablement écrit (et traduit) , une histoire d'hommes comme on n'en voit plus souvent, et un héros auquel on s'attache furieusement.
Un chef d'oeuvre.
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Ce roman est une sorte d'ultime western dont l'action se déroule dans les années 50. Une grande mélancolie parcourt ce récit qui est un adieu aux vrais héros: les amoureux de la nature et de la liberté, qu'ils soient moches ou beaux, hors-la-loi ou loyaux, bons, brutes ou truands.
Les derniers cow-boys solitaires dans les espaces somptueux du grand ouest, en opposition à ce qu'offre de banal et de quotidien l'esclavage moderne de nos sociétés qui ne débouchent sur rien d'autre qu'une existence insensée.
L'écriture est superbe, le fond est noble, la nature sauvage.
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