Ce livre m'a déboussolé : je ne sais pas trop dans quel direction orienter ma critique ! le texte lui-même ne me pousserait pas à vous le recommander; je m'en expliquerai plus bas. Par contre, le texte ne manque pas d'intérêt par les questions qu'il suscite. Il n'est pas bien long, ouvrez-le donc et faites vous votre propre religion.
Héléna a perdu son père, son héros devenu son maître. Elle apprend alors qu'il lui a fait un frère dans le dos, Paul, que son père s'est contraint à abandonner pour pouvoir s'occuper d'elle.
Situation intéressante. Car certes, je n'ai pas lu tous les livres, loin de là, mais je ne me souviens pas d'avoir lu l'histoire d'une fille à ce point sous la coupe morale de son père. Il n'est ici question d'aucune violence physique ni d'aucun jeu sexuel. Si je ne me trompe, il n'y même pas de menace. Juste une pression morale. Très forte. J'ai lu des histoires de mères castratrices détruisant leur fils, ou des histoires de femmes brimées par leur mari, ou des histoires de filles violentées par leur père. Mais un père castrateur pour sa fille, c'était nouveau pour moi (si vous avez en tête d'autres récits de ce genre-là, contribuez à l'amélioration de ma culture !).
Pour découvrir cette situation-là, le livre à son intérêt. Mais il m'a souvent fallu résister à la tentation de le refermer ou de sauter des pages tant l'écriture pouvait devenir pesante. J'imaginais la fille baffant son père à deux mains, à s'en décrocher les deux épaules, sans pouvoir arrêter sa rage; voyez la citation que j'ai laissée ici. Lourd, mais peut-être parce que je n'avais pas l'impression que le discours venait des tripes de l'auteur. Dans le genre règlement de compte, je me souviens de "La fille démantelée", de Jacqueline Harpmann (ahhh... les belges...), dans lequel une fille se déchaînait contre sa mère: beaucoup plus lourd, à la limite du supportable, mais combien plus fort !
Refermant le livre, je me suis demandé où Éliette
Abécassis en avait trouvé l'inspiration. le livre ne me semble pas assez fort pour qu'il soit autobiographique. L'histoire d'une proche, peut-être ? Ou alors un pur fruit de son imagination ? Que peut-il donc passer par la tête pour pondre un texte pareil ? Si d'aventure vous la croisez au supermarché ou chez le coiffeur, soyez gentil et posez-lui la question de ma part. Je suis vraiment curieux de savoir...
Voilà. Ce n'était pas mon premier livre d'Éliette
Abécassis. J'avais de loin préféré "Te voici permise à tout homme" et "Un secret du docteur
Freud".