À quatorze ans, l'existence d'Axelle jusqu'ici paisible, a basculé. Elle a glissé, Axelle. Une grande glissade qui s'éternise, lente et insidueuse. La demoiselle lisse et sage, la princesse, la poupée de porcelaine comme aimait l'appeler son grand frère Martial est désormais toute chiffonnée. Renversante stupeur, insupportable perte, profonde tristesse, terrible colère... impuissance... et puis aujourd'hui, trois ans plus tard c'est le tourment qui a envahi son corps et son esprit. Sa vie est emplie d'une souffrance de chaque instant depuis que son frère est mort, assassiné. Tombé à terre, soudainement. Six balles tirées, pas d'issue possible.
Et le meurtrier, Axelle va le rencontrer dans quelques minutes. Il n'est pas un inconnu ; Bastien était le meilleur ami de Martial. Elle l'attend, dans le parloir de la prison avec Madame Ngoun. En marche vers l'entendement, la vérité, le pardon... Elle a découvert Madame Ngoun dans un documentaire télévisé sur le génocide cambodgien. Cette dernière a assisté à l'exécution de son père et de son frère par les Khmers rouges. Fondatrice de l'association « Choisir la vie », elle accompagne les gens meurtris dans leur reconstruction et les porte sur la voie du pardon.
Sa famille étant murée dans le chagrin, Axelle accepte la main que lui tend Madame Ngoun. Entreprendre l'ascension de la pente, quitter l'ombre et marcher vers l'éclaircie. Voir Bastien, lui parler, l'écouter, faire la lumière sur ce malheur et entendre peut-être ce qu'il lui a écrit juste après avoir tué son frère dans une lettre qu'elle n'a jamais pu ouvrir... n'a-t-elle pas d'ailleurs pressenti la teneur de cette lettre...
Emportée par l'angoisse et la détermination d'Axelle, je l'ai suivie pas à pas, mot à mot dans sa quête de vérité. Un chemin sombre et tortueux où les apparences sont trompeuses et la réalité féroce.
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