Mais comment font-ils ? Je les observe et rien ne leur pèse. Dans les allées du parc, autour des bâtiments, sur les vieilles barrières du lycée, ils fument et parlent en souriant. (…) Je leur dis bonjour. Ils se taisent. Me fixent. Me disent bonjour, étonnés.
C'est la nuit. Le Jean Bart ferme ses portes. Marie allume une cigarette. Elle est légèrement ivre. Quelques verres partagés comme ça avec les clients. Un peu de tout. Elle marche sur le quai. Les bateaux amarrés sont des ombres fines et ciselées. Marie avance sur la digue. Au bout un phare diffuse une lumière verte et clignotante.
Comme chaque midi, elle écoutera l'air absent les conversations de ses voisins. On parle des vacances. Qu'elles soient dans deux semaines ou dans six mois, ça revient toujours, comme on parle de s'évader, comme on attendrait la sortie de prison, comme la quille au service militaire
Sur la petite plage encaissée, aussi : les jeux, enfants, et plus tard le temps inlassable à regarder la mer et l'horizon, à percer là un vieux mystère qu'on ne comprend jamais vraiment. Cette fascination-là. Le bien que ça fait. Ce que ça procure. Comme si soudain notre esprit prenait ces dimensions-là. Comme si soudain tout s'élargissait. Tout ça si étriqué au fond. La vie
Mais comment font-ils ? Je les observe et rien ne leur pèse. Dans les allées du parc, autour des bâtiments, sur les vieilles barrières du lycée, ils fument et parlent en souriant. (…) Je leur dis bonjour. Ils se taisent. Me fixent. Me disent bonjour, étonnés.