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Citations sur Les Lisières (265)

On est ce qu'on peut. Mais de le savoir, rien ne nous console
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Cette brutalité, cette violence il me semblait la percevoir chez la plupart des hommes, c'était peut-être une déviation de mon esprit mais elle me paraissait omniprésente, dangereuse, effrayante, un peu comme ces chiens dont les propriétaires vous asurent qu 'ils sont gentils mais dont vous voyez les crocs luire et les muscles se bander sous la peau que peinent à couvrir les poils ras. Je n'étais pas loin de penser qu'à la plupart des hommes il aurait fallu colle une muselière.
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Je m’étais toujours dit qu’il devait y avoir autre chose, du reste la plupart de mes amis s’enorgueillissaient de vivre une autre vie, mais je ne voyais pas très bien laquelle, ils bossaient, élevaient leurs enfants, partaient en vacances une ou deux fois par an, bien sûr ils étaient cultivés, lisaient des bouquins, les journaux, parlaient art et politique mais, fondamentalement, je ne voyais pas la différence. Il n’y avait qu’une seule vie. Et j’avais toujours été incapable de la vivre vraiment. Au final j’avais choisi de contourner l’obstacle. J’avais choisi de déserter. Je n’en étais pas spécialement fier. Dès que j’avais pu, j’avais laissé tomber tout ce qui de près ou de loin ressemblait à un boulot, même « intéressant ». La moindre contrainte me pesait. Obéir à un patron, me lever pour me rendre dans un bureau était au-dessus de mes forces. Sarah en riait au début. Mais je crois qu’à force elle a fini par trouver ça indécent, cette façon d’affirmer que je n’étais pas fait pour le travail et la vie sociale. Comme si quelqu’un l’était. Comme si on avait le choix. Comme si quelqu’un pouvait encore se payer ce luxe. En partant pour la Bretagne j’avais enfoncé le clou. Je m’étais fabriqué une vie de vacances – et, à ce titre, que mon choix se soit porté précisément sur une ville entièrement vouée au tourisme et rayonnant sur une côte ou s’égrainait un chapelet de petites stations balnéaires ne relevait sans doute pas du hasard: j’y menais une vie hors saison, une vie en lisière de la vie. J’affirmais à qui voulait l’entendre que c’était tout le contraire, qu’au bord de la mer je reprenais possession. Du monde des autres et de moi-même, que j’étais précisément au coeur de la vie, quand tout le monde en était détourné par obligation, fatigue ou paresse, j’étais au coeur de le vie qui ici pulsait comme ailleurs, j’invoquais toutes ces conneries cosmiques du monde physique que je sentais battre ici comme nulle part, le vent des marées le sable la roche et le ciel me reconnectaient au vivant, c’est ça que je représentais à longueur d’interviews de débats de dîners de coups de téléphone mais je n’étais pas dupe de mes propres mensonges. J’avais déserté.
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- Ils me font gerber, ces petits Parisiens bourgeois prétentieux méprisants de mes deux. Tous les mêmes. Suintant de condescendance pour les petites gens, bouffés jusqu’à la moelle par la haine des petits.
- De quoi tu parles, papa ? Ce type se dope, c’est un vrai labo à pédales.
- Mais tu ne comprends pas ? Tu ne vois pas ? Ils en ont rien à foutre qu’il se dope. De toute façon, ils se dopent tous. Même moi, quand j’ai roulé en compétition on m’a proposé des produits. C’est comme ça depuis toujours. Ils s’en foutent de tout ça. Tu vois bien. Tout ce qui les intéresse c’est de se foutre de sa gueule parce que c’est un petit gars du peuple, qu’il n’a pas fait d’études et qu’il parle pas bien le français. C’est à gerber, de se moquer de quelqu’un pour ça. Tu vois, mes grands-parents à moi, ils étaient paysans. Et ma mère, elle parlait encore patois en arrivant à Maisons-Alfort. Mon père faisait des fautes à chaque phrase ou presque. C’étaient pas des cons pour autant. C’étaient des gens bien. Courageux. Droits. Ils parlaient encore moins bien que lui.
Que je n’aie jamais pensé à ça, que je ne sois pas arrivé moi-même à cette conclusion le peinait, je le voyais bien. Pour lui les choses étaient claires. Avec mes bouquins, mes études, mes fréquentations, j’étais déjà passé de l’autre côté. Je n’étais plus des leurs.
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J'avais finalement retenu ceci: on est ce qu'on peut. On a certes le devoir de l'être de son mieux mais enfin, on est ce qu'on peut.
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Juste avant de m'engager dans la première ruelle je l'ai entendu gueuler qu'il aĺlait porter plainte et que j'allais devoir répondre de mes actes devant les flics. Je savais qu'il le ferait. Un type qui roule en Audi et porte des chaussures vernies au bord de la mer me paraissait tout à fait capable de faire ce genre de truc. (p.300)
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Longtemps j'avais cru ça : éviter les médecins m'apparaissait comme le plus sûr moyen de ne pas tomber malade.
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Se remet-on un jour d'avoir perdu son père ou sa mère, enfant ? Autour de moi tout affirmait le contraire. Certains de mes proches avaient vécu ça et avaient l'air blessés à jamais.
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mon père regardait les infos à la télé. Fukushima, la Libye, la cote d'ivoire, la grèce. partout l'apocalypse guettait. et en france pas moins q'u'ailleurs. la crise qui ne cessait de s'étendre, la Blonde, les affaires qui se multipliaient, l'obsession musulmane, l'Identité et la Nation, de vieux relents de Travail Famille Patrie. quelque chose pourrissait peu à peu dans ce pays. une lente décomposition. à coté de quoi les débuts du président, la vulgarité de ses manières, l'épaisseur réactionnaire de ce qui lui tenait lieu de pensée, l'impunité avec laquelle il menait les affaires du pays au seul bénéfice des puissants, n'apparaissaient plus que comme des points de détails, une matière à débats, à interprétations. a présent tout n'était plus que squames, lambeaux. tout le monde semblait à bout de nerfs. la dépression étendait son empire.
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Il suffisait que le ciel s'ouvre et se déploie par-dessus les eaux émeraudes tâchées de gris à l'endroit des récifs immergés, bordées de sable doré et lissées en miroir, pour que se déploient dans mes poumons des espaces insoupçonnés, des étendues limpides, des horizons neufs et refaits. Tout ça n'était sans doute qu'une impression, un leurre [...] comme si vraiment c'était possible, comme si vraiment l'on pouvait s'affranchir, se laisser derrière soi et tout reprendre à zéro.
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