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3,65

sur 1378 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Que racontent « Les Lisières » ? Paul Steiner, écrivain breton neurasthénique, quitté par sa femme, en manque atroce de ses enfants, doit retourner dans sa banlieue d'origine pour veiller sur sa mère malade et tenir la maison du père mutique mais agressif.

Paralysé par l'épreuve, désoeuvré et mélancolique, il retrouve ses copains d'avant. S'ensuit une mosaïque de personnages narrant leurs destins prédéterminés : chômage, séparation, violence conjugale, banalité pavillonnaire, ennui résidentiel, barres HLM, travail annihilant, pauvreté, inculture, médiocrité moyenne, et j'en passe un max... Misère, misère, aucun espoir, c'est foutu. Et pour les générations à suivre, ce sera pire.

Consterné, Paul revisite ses souvenirs et découvre une photographie lui révélant le secret de famille qui le détermine.

Sincèrement, Olivier, tu conviendras que la lecture d'un tract nationaliste, accoudée au bar du Progrès, à déguster un viandox-oeufs durs en attendant mon RER serait moins affligeante pour mon moral que cette litanie désolante à m'en couper l'appétit et me rendre malade moi aussi.

Cependant. Cependant j'en conviens, c'est MAGNIFIQUEMENT écrit. L'écriture revient sans arrêt sur elle-même, tel ce ressac qui t'est cher, et de ces marées humaines, désemparées mais dignes, il nous reste en fond de gorge un sentiment d'abandon, un chagrin profond, qui nous font envier tes plages bretonnes, tes bains de mer nocturnes, ta chance d'y avoir échappé.

Par ailleurs, cet ailleurs qui parfois t'affermit, le roman trouve son envol dans le mélange de l'intime et du communautaire, et nous ne pouvons rester indifférents à ces destins défaits.

Nous les écoutons en confidence, en larmes de fond. On les prendrait bien dans nos bras tes vieux potes, tes désamours manqués.

La prouesse réside dans l'alliance du morne, de l'ennui, et l'émergence au fil des pages d'une émotion lancinante, d'un attachement pour ces personnages et assez curieusement pour toi aussi, Paul ou Olivier, je ne sais plus. Les scènes de déchirement familial sont magistrales, et la douleur du narrateur s'agissant d'amours perdues nous roule dans un incessant reflux houleux, dont nous émergeons noyés mais bouleversés.

Le talent du Adam, et c'est bien à ceci que nous reconnaissons les grands auteurs, se résume en deux points majeurs : l'écriture déferlante mais endiguée, épouse la forme de ce qui est raconté, et la lecture, longuement ardue, trouve sa récompense sur le dernier tiers du roman.

Un beau roman, morose pour ne pas dire noir.
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S'il est simple de synthétiser en quelques mots le propos de ce roman, un écrivain brisé revient inlassablement sur le chemin parcouru depuis son enfance, qui l'a conduit des banlieues aux sphères de la création littéraire, il est beaucoup plus complexe d'en analyser les effets sur le lecteur.

Certes on peut parler de roman social, devant cette observation méticuleuse et profonde des mécanismes qui tissent les fils des destins individuels, héritage au sens large, des gènes, d'une culture, d'une famille. Mais ce qui donne une dimension supplémentaire, un relief émotionnel est l'implication du narrateur, derrière qui se cache (à peine) l'auteur, entrainé dans cette sarabande diabolique, qui nécessite un tempérament original pour tenter de s'en sortir, au risque de flotter à tout jamais au sein des lisières. On songe bien sûr au parcours d'Annie Ernaux, bien avant qu'elle ne soit citée dans le récit, renonçant de la même façon au sentiment d'appartenance.

Ce n'est pas seulement à sa classe sociale que l'on devient étranger. Cette ascension désirée comme un aboutissement par des parents soucieux du bien-être de leurs enfants devient le motif de la discorde. Là où les mots ne savent pas traduire les émotions, les silences sont autant de prétexte à interprétations erronées qui creusent le fossé. On se parle peu et quand on le fait, on dénigre. La société, les patrons, les étrangers....Et comment l'enfant bercé par des revendications syndicalistes, peut-il faire le lien entre cette famille et celle qui pourrait voter pour la Blonde?


Tout ce passé n'est pas sans séquelles lorsque l'on fonde sa propre famille. le naufrage est-il évitable, quand le poids de l'héritage s'ajoute aux affres de la Maladie et de ses remèdes chimériques: alcool, herbe, tranquillisants. le couple part à la dérive, et les enfants, qui pérennisent le lien défait, deviennent inéluctablement les otages de la relation échouée

Servi par une écriture précise, poétique, qui ne peut laisser indifférent, le texte s'alourdit cependant de redites, justifiées certes par de nouveaux événements dans la narration, mais qui reprennent les mêmes analyses à l'aulne de ces révélations. le ton étant très dépressif, on est dans le cas du verre à moitié vide (ou plutôt complètement vide et on sait où est passé le breuvage), on flirte avec l'overdose.

Enfin pour finir sur une note positive, l'ensemble donne une impression d'authenticité, au point que l'auteur et le narrateur puissent être confondus, ce qui explique peut-être la vindicte dont Olivier Adam a pu être la victime, de la part d'un microcosme qu'il fustige
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Bien que ce livre (le premier que je lis d'O. Adam) m'ait bien plu, j'avoue y avoir trouvé, également, des redondances et une certaine forme de nombrilisme . Malgré cela, on y trouve de bien jolies phrases, trés poétiques. C'est l'histoire d' un écorché vif , inapte au bonheur (qu'il avait trouvé et qu'il n'a pas su (ou pu) garder) du fait de son état dépressif, doublée d'une étude sociale assez juste (enfin, c'est mon avis et j'assume); et, plus précisément, ce petit (???) point abordé concernant les orientations distribuées par les profs en fonction du milieu d'origine. Je suivrai cet auteur, c'est sûr malgré (ou à cause de) ses ambiances toujours plombées paraît-il.
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450 pages sensibles, intelligentes, fines, qui ont apporté de l'eau à mon moulin, qui m'ont bercée de leurs notes pleines de tristesse et pourtant porteuses d'espoir. C'est un livre qui m'a parlé, qui a fait vibrer la corde (trop) sensible de mes émotions.

J'ai avalé ce roman comme on boit un grand verre d'eau en plein été ! Il m'a fait du bien, un bien fou, je me suis sentie moins seule.


Les lisières, c'est l'histoire d'un homme que sa femme a quitté, qui souffre atrocement de cette séparation, mais qui ne perd pas espoir.

Les lisières, c'est aussi ce monde de la périphérie, dans lequel vivent (mal) des milliers de gens, et dont est issu le narrateur.

Les lisières, c'est surtout un roman qui possède un souffle épique, politique, un roman ambitieux. Olivier Adam ne se contente pas de raconter l'histoire d'un homme malheureux, il dresse aussi un tableau de notre société sans excès mais sans concession. C'est le récit des vies simples, des vies difficiles, des vies qui trébuchent, qui bégaient, qui se cherchent, qui se perdent.

Un bémol ? Allez, oui, un petit bémol. Olivier Adam a usé et abusé des énumérations… amusantes dans un premier temps, lassantes au bout d'un moment. Mais je ne lui en veux pas. Je suis restée sous le charme de son roman sans faillir.
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Roman largement autobiographique de l'auteur à un moment charnière de sa vie : tout juste séparé de sa femme qu'il aime encore, il doit s'occuper de ses parents qui vieillissent, de sa mère qui perd la tête. C'est l'occasion d'un bilan amer : une enfance en banlieue populaire avec des parents qui « triment » mais ne paraissent pas heureux, une carrière brillante mais une vie personnelle brisée, la dépression qui le ronge, le coeur à vif, les tentations de noyer son mal-être dans les médicaments ou l'alcool : avoir tout eu pour être heureux, n'avoir pas su le garder, en profiter, avoir toujours l'impression de ne pas être à sa place, d'être à la lisière, à la périphérie et non au coeur de sa propre vie.
C'est avec beaucoup de lucidité et de sincérité que l'auteur se livre. C'est un texte assez sombre mais touchant et dans lequel chacun peut retrouver une part de lui. Olivier Adam y parle d'amour, d'amitié, de jalousie, des non-dits qui détruisent, de nostalgie mais aussi d'actualité, de la société et de ses évolutions, de politique.
J'ai beaucoup aimé ce livre intime et bouleversant.
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Toujours le même thème chez Adam, toujours cette noirceur qui ressemble à une publicité pour du prozac. mais sans doute le mieux écrit et le plus complet de tous ses romans. L'auteur revient sur les lieux de son enfance, dans sa banlieue, où tous le voient comme désormais comme un parvenu. Et pourtant, il souffre! Terriblement tragique!
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Un roman très français ! J'y ai retrouvé les douloureux clivages sociaux d'Annie Ernaux. Car c'est une des "lisières" qui composent l'être de Paul Steiner : il n'est à la fois plus vraiment "juste" le fils d'ouvriers, mais pas complètement un écrivain bourgeois non plus. Paul Steiner voyage entre les sphères, en longe les bordures, sans jamais appartenir à l'une d'elles.
J'ai trouvé très intéressant de retrouver ce thème cher à Ernaux dans un roman contemporain, comme quoi le monde n'a pas tant changé que cela en 30 ans...

"Les lisières" m'a été très agréable à lire, j'ai aimé ses réflexions sur la famille, l'immigration, le chômage, la société moderne. Il faut dire que la France en prend plein la figure mais certaines choses sont tout à fait transférables à la Belgique. Et puis bon, ce livre n'est pas seulement social, il est une fiction à laquelle il n'est pas difficile d'adhérer : l'amour, la famille, les enfants, le divorce. Des emmerdes de Monsieur et Madame tout le Monde.

Une belle découverte, donc !
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Paul Steiner a toujours été mal dans sa peau, ne se trouvant jamais à sa place.
Il semble être à la recherche de son équilibre et cela depuis son enfance.
Il n'a jamais été "bien dans ses baskets. "
Et pourtant, la vie semble lui avoir souri car issu d'un milieu ouvrier, il est devenu écrivain et scénariste à succès mais il ne semble jamais à l'aise nulle part.
Il a fondé une famille qu'il adore et pourtant sa femme lui demande de partir car il semble ne s' intéresser à rien, continue à boire et à être à la recherche de son destin.
Il évite au maximum d'aller rendre visite à ses parents et évite soigneusement de rencontrer son frère et ses enfants au prétexte que sa femme, avocat fiscaliste, ne défend que les riches et qu'elle ne l'aime pas.
Sa mère étant hospitalisée, suite à une chute, il se rend seul chez ses parents où il cohabite difficilement avec son père.
Il retrouve d'anciens camarades qui n'ont pas eu sa chance et qui galèrent pour faire vivre leur famille.
Cette vie nous est contée au milieu d'une France, bouleversée par la crise qui annonce la montée du front national, et attire alors le vote ouvrier.
Et pourtant, cette visite et le déménagement prévu de ses prents, qui le fera revenir dans sa banlieue, vont bouleverser sa vie.
Trouvera-t-il son équilibre?
Outre le récit, j'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur qui a su marier avec talent une vie personnelle immergée dans la vie sociale.
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Après avoir été déçue par son précédent roman, le coeur régulier, que je percevais léger, répétitif et facile, j'avoue avoir éprouvé quelques craintes devant Les lisières. Quelle erreur ! C'est avec surprise et plaisir que j'ai retrouvé un auteur dont les descriptions sonnent justes, et qui, me semble t-il, a fourni là un réel travail d'écrivain.
Cet ouvrage, dont le personnage ressemble à s'y méprendre à l'auteur, est très abouti. On y entre facilement, on se sent un peu comme chez soi, on ressent les douleurs, les peurs, les interrogations, on observe les évènements extérieurs en osmose avec le narrateur... comme si on était présent, sans être acteur. Bref, la connexion fonctionne.
A lire en toute simplicité.
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Difficile d'avoir un avis tranché sur ce livre. J'ai le sentiment de m'être plongée avec une certaine fascination au coeur des vicissitudes, angoisses profondes et réflexions sociétales du narrateur mais j'ai aussi ressenti une certaine lassitude face à la répétition presque malsaine de ses sujets de tourmente. Répétition peut-être utile pour entrer dans la peau et l'esprit du personnage qui ressasse et recherche des explications (ou alibis?) à son mal-être. Au final, une lecture marquante, mais qui me laisse un petit sentiment d'insatisfaction, alors comme c'était le premier roman (en littérature adulte) d'Olivier Adam que je lisais, je vais vite essayer d'en découvrir d'autres.
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