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Citations sur Autour de ton cou (39)

Il avait pris un coup de soleil et sa peau était devenue de la couleur d’une pastèque mûre, et tu lui avais embrassé le dos avant de l’enduire de lait hydratant. Cette chose qui s’enroulait autour de ton cou, qui manquait t’étouffer avant que tu t’endormes, commença à se desserrer, à lâcher prise.
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Tu voyais aux réactions des gens que vous formiez un couple anormal — les méchants qui étaient trop méchants et les gentils trop gentils. Les vieilles dames et vieux messieurs blancs qui le fusillaient du regard en marmonnant, les hommes noirs qui secouaient la tête, les femmes noires dont les yeux pleins de pitié déploraient ton manque d’amour-propre, ton mépris de soi. Les femmes noires qui te décochaient de rapides sourires de solidarité ; les hommes noirs qui se forçaient à te pardonner, qui lui lançaient un bonjour trop appuyé ; les Blancs, femmes et hommes, qui disaient « Quel beau couple » d’une voix trop forte et trop enthousiaste, comme pour se prouver leur propre ouverture d’esprit.
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Lorsqu’il se mit à t’offrir des chaussures, des vêtements et des livres, tu lui demandas d’arrêter, tu ne voulais pas de cadeaux du tout. Il les achetait quand même et tu les gardais pour tes cousins, tes oncles et tes tantes, pour le jour où tu pourrais, enfin, aller au pays, même si tu ne savais pas comment tu arriverais jamais à te payer un billet d’avion en plus de ton loyer. Il disait qu’il voulait vraiment voir le Nigeria et qu’il pouvait payer pour votre voyage à tous les deux. Tu ne voulais pas que ce soit lui qui paie quand tu irais au pays. Tu ne voulais pas qu’il aille au Nigeria, qu’il l’ajoute à la liste des pays qu’il visitait pour s’ébahir devant le spectacle de la vie de gens pauvres qui ne pourraient jamais, à leur tour, s’ébahir devant le spectacle de sa vie.
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Au restaurant, beaucoup de gens te demandaient depuis quand tu étais venue de Jamaïque parce qu’ils croyaient que tous les Noirs qui avaient un accent étranger étaient jamaïcains. Ou bien, si certains devinaient que tu étais africaine, ils te disaient qu’ils adoraient les éléphants et avaient envie de faire un safari.
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La nuit, quelque chose venait s’enrouler autour de ton cou, une chose qui manquait t’étouffer avant que tu ne sombres dans le sommeil.
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Tu riais avec ton oncle et tu te sentais à l’aise chez lui ; sa femme t’appelait nwanne, sœur, et ses deux enfants d’âge scolaire t’appelaient Tantie. Ils parlaient ibo et mangeaient du garri à déjeuner ; c’était comme à la maison. Jusqu’au jour où ton oncle entra dans le sous-sol exigu où tu dormais entre des vieilles caisses et des briques alimentaires et où il t’attira violemment contre lui, en te pétrissant les fesses et en gémissant. Ce n’était pas véritablement ton oncle, en fait ; c’était un frère du mari de ta tante paternelle, sans lien de sang. Quand tu le repoussas, il s’assit sur ton lit — il était chez lui, après tout —, sourit et te dit qu’à vingt-deux ans tu n’étais plus une enfant. Si tu le laissais faire, il te rendrait de nombreux services. Les femmes intelligentes faisaient ça tout le temps. Comment croyais-tu que les femmes qui avaient des boulots bien payés au pays, à Lagos, y parvenaient ? Et même celles de New York ?
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Elle n’aurait pas dû rire quand Edward avait dit : « J’aimerais mieux que vous vous couchiez et partagiez votre place avec moi. » Ça n’avait rien de drôle. Ça n’avait absolument rien de drôle. Elle avait trouvé ça odieux, et odieux son grand sourire, le bref aperçu de ses dents verdâtres, cette façon qu’il avait toujours de regarder sa poitrine et non son visage, de promener ses yeux sur tout son corps ; pourtant elle s’était forcée à rire comme une hyène détraquée.
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Le nom lui-même, la « colline du singe sauteur », était incongru, et le village de vacances exsudait une complaisance de bien-nourris ; c’était le genre d’endroit où elle imaginait de riches touristes étrangers courir en tous sens pour prendre des photos de lézard, avant de rentrer chez eux sans s’être vraiment rendu compte qu’il y avait en Afrique du Sud plus d’humains noirs que de lézards à tête rouge.
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« La vie est bonne, papa ? » C’est ce que Nkiru s’est mise à me demander depuis peu au téléphone, avec cette pointe d’accent américain qui me trouble vaguement. Je lui dis qu’elle n’est ni bonne ni mauvaise, que c’est la mienne, c’est tout. Et c’est ce qui compte.
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J’ai vu avec surprise les yeux d’Ikenna s’embuer. Il avait oublié son nom et pourtant il était capable de la pleurer, ou peut-être pleurait-il une époque débordante de possibilités. Ikenna, comme j’en suis venu à le comprendre, est un homme qui porte le poids ce qui aurait pu être.
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