« J’aurais un bébé dans le ventre avant la fin de la boîte de tampons, je l’ai décidé. » (p. 42)
« Trinquons au bonheur des autres ! En se regardant dans les yeux, dans les yeux surtout, sinon ça ne compte pas. » (p. 191)
– Alors, cette soirée ?
Je n’ose pas regarder Guillaume.
– Maeva est enceinte.
Mon ventre à moi n’est gonflé que de bière. Fausse, de surcroît.
"La faim dans ma tête". Le manque qu'aucune nourriture terrestre ne peut combler." (p. 17)
La vie sait se montrer savoureuse avec ceux qui osent la laisser venir à eux.
Un enfant c'est des changements, c'est ouvrir le corps, c'est des cicatrices indélébiles, un enfant c'est plus u'un tatouage, un enfant ça demande réflexion.
Personne n'est responsable sauf moi si je décide que c'est fatalité que leurs chagrins m'affectent. Ils peuvent exister sans moi sans nécessairement me grever. Un enfant est toujours en droit de refuser son héritage.
Je marche sur les murets, ou au centre des allées. Je me répète ce que je commence à comprendre : je suis quelqu'un d'important. Le personnage principal de ma propre vie.
Un sur cinq.
Sophie est mère depuis un an.
Alix depuis quelques mois.
Chloé depuis quelques semaines.
Et Maeva est enceinte.
Cette affolante statistique est avérée. Un couple sur cinq connaît des difficultés pour avoir un enfant et je suis celui-là.
Guillaume me passe la main sur le front, puis me caresse les cheveux.
– Arrête.
Je ne veux plus qu’il me touche.
Introduction d’un spéculum, nettoyage, cathéter, injection. Je sens à peine les deux dernières étapes, celles que pourtant je redoutais. Je ravale mes larmes, Guillaume dépose un rapide baiser sur mes lèvres.
– Eh bien voilà, vous voyez qu’il n’y avait aucune raison de paniquer comme ça.
A quel âge le corps médical cessera-t-il de me parler comme à une enfant que l’on vouvoie ?
Pour maximiser les chances, je demeure quelques minutes dans l’avilissante position tandis que Guillaume règle l’acte, bien plus coûteux qu’une consultation classique.
Stresser n’est pas donné à tout le monde