L'idée me traverse qu'il faudrait que Guillaume meure pour que je puisse reprendre ma vie sans avoir à le quitter. Je me manque mais je suis partie trop loin pour trouver la force de venir me chercher.
Tout s'arrête un jour. Papa va mourir..
Elle n'a pas besoin de dire plus. Je sais son chagrin de le voir partir.
Se retourner sur sa vie, c'est prendre le risque de voir les traces du passé dans le sable de nos souvenirs. Vivre, vivre vraiment, regarder loin devant, avancer pas à pas et laisser le temps, le vent, effacer les empreintes derrière soi.
En fait c'est comme toutes les étapes douloureuses de la vie. On croit qu'on y arrivera pas, et puis on y arrive, simplement parce qu'on n'a pas le choix. On y arrive et on s'en étonne à peine.
Je me manque mais je suis partie trop loin pour trouver la force de venir me chercher.
Dix injections pour rien. Une dose doublée après la première échographie de contrôle. Mon hypersensibilité pour rien. Mon envie de me blottir dans les bras de Guillaume en permanence, mon humeur à fleur de peau, les larmes qui montent dès que s’enchaînent les accords mineurs trop faciles de chansons populaires, l’organisation de nos emplois du temps pour être tous deux chez nous à l’heure dite.
Pour rien.
Parce que tu es là depuis si longtemps.
Parce que tu sais tout ce qui fait que je suis moi depuis tout ce temps. Parce que tu as une avance considérable sur n’importe qui, une avance impossible à rattraper, si jamais il me prenait un jour l’envie qu’un autre que toi s’y essaye.
La vie sait se montrer savoureuse avec ceux qui osent la laisser venir à eux.
Le yoga, c'est croire en la divinité qui réside en soi. Aller la chercher. L'honorer. En prendre soin. S'en remettre à ce maître intérieur, le seul qui doive compter. C'est faire le silence pour n'être qu'avec soi et se parler. S'écouter. En paix. C'est allumer à l'intérieur suffisamment de lumières pour n'en avoir besoin d'aucune autre. C'est une expérience dont on ne se remet pas.
Le yoga, c'est une bénédiction.
Un enfant c'est des changements, c'est ouvrir le corps, c'est des cicatrices indélébiles, un enfant c'est plus u'un tatouage, un enfant ça demande réflexion.