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EAN : 9782312071664
244 pages
Les Editions du Net (31/01/2020)
5/5   4 notes
Résumé :
Ce livre rassemble des discours d’Aït-Ahmed tenus entre décembre 1962 et mars 2011.

Démocratie, multipartisme, proclamation des libertés individuelles dont celles des femmes, tels sont les fondements de la vision politique de ce grand homme, amoureux de la justice et de l’équité sociale.

Toujours d’actualité, ses discours nourrissent les élans populaires d’aujourd’hui comme le “hirak”, ce mouvement pacifique qui espère en l’émergence d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Te rappelles-tu, Da L'Hocine, de ce mardi 29/12/2015 et de la venue du chanteur Idir au centre funéraire de Montoie à Lausanne ?

Il t'a chanté “Cheikh Mohand”, une chanson qui te résume bien selon lui. Elle parle de ton aïeul, le marabout Cheikh Mohand El-Hocine. Tu as écrit dans tes mémoires que c'était un sage, un grand poète. On vantait sa facilité proverbiale à improviser poétiquement sur des maximes, des leçons de morale, voire des versets du Coran dans leur traduction berbère. Notre poète errant du 19e siècle, Si Mohand Ou M'hand, lui a d'ailleurs consacré un long poème.

Toi aussi, tu as été un grand sage, un amoureux des mots, qui a exprimé de bien nobles pensées philosophiques et politiques, autant dans des discours que dans des livres qui ne cessent de nous surprendre encore aujourd'hui par la justesse de leur analyse. Bien des pages de tes oeuvres éclairent toujours les chemins de doute de notre monde contemporain. Quel plaisir de lire tes mémoires qui décrivent les terres de ton enfance et de réentendre cette phrase si mélodique !

"Je suis né dans un village perdu au fin fond d'une vallée de la Haute-Kabylie, à quelque mille mètres d'altitude."

Oui, tu as vu le jour sur les hauteurs du Djurdjura qui ont fait de toi un homme bien trempé.
Nous nous souvenons encore de l'époque où tu étais un petit écolier. Dure était déjà ta vie ! Tu n'avais que six ans et tu avais dû émigrer chez une tante, pour te rapprocher de l'école française.

Tu nous rapportes que dès cinq, six heures du matin, tu allais apprendre le Coran, puis tu partais pour Michelet, le centre administratif, où se trouvait l'école primaire, et tu rentrais vers cinq, six heures du soir. Au total, tu faisais à pied un trajet quotidien d'une dizaine de kilomètres.

Plus tard, tu t'es éloigné de ton village natal et tu as parcouru des dizaines de milliers de kilomètres… Tu es entré au lycée à Ben Aknoun, tu as fait des tournées diplomatiques aux quatre coins du globe durant la Guerre de Libération, puis, après l'Indépendance, tu as connu un exil forcé en Suisse…

Là, tu as découvert les belles rives du lac Léman, un lac si clément pour tous les exilés comme toi, homme au combat si altier ! Tu as vécu dans un pays neutre et pacifique qui ne pouvait que convenir au démocrate que tu es.
Selon tes dernières volontés, tu es revenu définitivement dans ton village natal qui porte ton patronyme, Ath Ahmed, pour y être inhumé le vendredi premier janvier 2016. Un million de personnes t'ont accompagné jusqu'à ton ultime demeure. L'Algérie a décrété huit jours de deuil national pour rendre hommage au dernier « fils de la Toussaint ».

Nous savons tous que là où tu es désormais, tu entends encore la chanson d'Idir comme ces paroles de remerciements que nous t'adressons aujourd'hui pour tout ce que tu as fait pour nous. Sans toi il n'y aurait pas eu de libération. Sans tes appels à la mobilisation, tout élan vers la liberté n'aurait pas pu aboutir. Toi qui dès le début des années 1940 as posé les premiers jalons de l'Indépendance, tu as su rassembler la fine fleur des hommes valeureux et les mettre sur le chemin de l'action.
Lien : https://www.lematindalgerie...
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Mohammed YACOUB

Comment avez-vous connu Hocine Aït Ahmed ? Dans quelles circonstances ?


Tahar KHALFOUNE

Avant de lier connaissance avec lui quand il avait mis fin à son exil en décembre 1989 en rentrant au pays, il y a eu d'abord une rencontre livresque durant la décennie 1980 : j'ai lu ses ouvrages sur Ali Mecili (athirhem rebbi), La guerre et l'après-guerre, les rapports remarquables qu'il avait présentés, alors qu'il n'avait que 22 ans, au Comité central élargi du MTLD en février 1947 sur la création de l'OS et en décembre 1948 à Zeddine sur les choix stratégiques et tactiques pour le déclenchement de la Révolution.

Une synthèse de ces rapports est publiée par l'historien Mohammed Harbi dans son ouvrage, Le FLN, Mirage et réalité, éditions Jeune Afrique, 1980.
À travers ses deux rapports, il avait montré très tôt ses capacités d'analyse et de prospective et son sens aigu des perspectives historiques.

Après son installation à Alger, avec quelques amis et étudiants de l'Institut national des finances, nous lui avons rendu visite en février 1990 au siège provisoire du FFS, au boulevard Bougara à El Biar.

Nous sommes, depuis, restés en contact et une certaine proximité plus intellectuelle que politique s'était peu à peu nouée, car il n'était pas simple d'être dans de vrais rapports politiques avec un homme de cette stature.
Lien : https://histoirecoloniale.ne..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Lettre à Mohamed Boudiaf (automne 1964)

Cher Mohamed,

Je t’ai griffonné quelques mots pour te demander de surseoir à toute initiative de nature à accentuer l’équivoque et à freiner par contrecoup le regroupement sur des bases saines de toutes les forces saines du pays.
En ce moment, des hordes néo-fascistes sont dirigées sur la Kabylie ; 900 nouveaux postes avancés viennent d’être installés, opérations sur opérations sont montées avec une sauvagerie inouïe : les véhicules civils sont réquisitionnés 20 jours par mois, qui permettent à l’ANP de transporter ses bataillons rapidement d’un secteur à un autre.
C’est en plein ratissage que je t’ai donc demandé de ne pas aggraver la situation.
Je propose que tu reviennes et que nous tenions une réuion, Si Sadeq, Hassani, Toi, avec un responsable dûment mandaté où tous les problèmes posés par la lutte antifasciste et par le regroupement seront réglés dans la discussion fraternelle et la confrontation directe des points de vue. Ce sera la réunion Constitutive du mouvement dont, ensemble, nous définirons les buts principaux et les bases organiques notamment : Cartel avec autonomie, mais dans un cadre défini en commun, ou bien fusion pure et simple.
En tout cas, après la réunion, la voie sera plus claire ; les militants seront consciemment engagés. Plus de fait accompli ni de décisions unilatérales. La direction provisoire pourra alors te mandater pour créer un journal...
La ligne du journal doit être au préalable définie d’un commun accord.
Mais il y a plus urgent : l’unification de la lutte. Il ne faut pas que le comité soit une fiction. Tu n’ignores pas que l’Ex-Wilaya 6 ne se sent pas engagée du tout à nos côtés et n’a jamais reconnu le CNDR pour la simple raison qu’il n’y a pas eu consultation et qu’il y a eu des divergences sur « l’utilisation du potentiel de la 6 ». « Le Haut Commandement de la W.6 » n’a pas cessé de se réclamer du FLN dans les quelques tracts où elle se déclare pour « le socialisme arabe et islamique ».
Plus grave encore ! Le Haut Commandement pratique l’attente, le « wait and see » et pèle par conséquent des troupes bien armées dont l’action n’avait jamais permis aux bourreaux de se concentrer sur la Kabylie (et Djidjelli de temps en temps).
Nos militants doutent de la sincérité et de l’efficacité de l’Union. Ils se posent des questions et c’est pour cela que c’est grave. Chaque jour apporte son lot de malheurs, nos camarades tombent, nous avons pour devoir de clarifier cette situation. S’ériger en direction révolutionnaire, c’est diriger d’une façon effective et permanente. Les directions-couvertures, les comités-alibi ne peuvent que préparer des crises futures sans régler les problèmes du présent.
Si tu ne peux pas venir tu mandates quelqu’un et nous pouvons très bien faire en une semaine tout le travail.
Pour ce qui est du FFS, engagé dans une lutte implacable depuis janvier, et dont le sigle a une résonance nationale en raison de ses assises populaires, il n’entreprendra rien qui puisse ralentir ou gêner le processus de regroupement. Il continuera à développer le combat pour le redressement de la révolution. Il vengera ses centaines de martyrs et surtout il continuera à poser à l’opinion algérienne, sans démagogie, mais sans paternalisme les problèmes d’aujourd’hui et les problèmes de demain. Notre base militante sera associée à ce débat. Nous ne laissons pas les militants dans l’ignorance des problèmes et de leurs développements jusqu’au jour où ils recevront une tuile sur la tête et où ils s’en prendront alors à leurs responsables qui les auraient trahis et dupés.
Nous ne voulons pas être des boucs émissaires et nous ne voulons pas être accusés de comportements « personnels ».
Cher Mohamed, nos militants ne se laissent plus mener ; j’espère que tu assisteras un jour prochain à cette atmosphère d’ardeur révolutionnaire. C’est là un grand acquis, quand on voit en face ce troupeau bâtard, guidé par des chiens policiers bâtards.
Personnellement, j’ai eu beaucoup de difficultés après lecture par les militants de l’appel du frère Hassani.
Pourtant, dans ma lettre à ce dernier, datée du 22 juin, mon souci était de le convaincre d’agir avant le 1er juillet et de le prévenir contre les surprises policières. Il fallait agir d’abord, d’autant qu’il pouvait faire tomber Constantine…
Je lui fixai rendez-vous à Bougie pour discuter. Que s’est-il passé ? Boumediene vous a pris de court. Mais la discussion reste ouverte…
Je termine en te disant (ce que j’ai dit à Ben Bella le premier novembre dernier pour lui arracher les concessions sur les modalités démocratiques du congrès) : je ne veux plus assumer de responsabilités à l’échelon national et je m’engage par ce mot à me retirer de tout rôle de premier plan. Je combats pour la liberté et j’espère pouvoir mériter la mienne.

Fraternellement.
Hocine
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Mohammed YACOUB.
Quel souvenir gardez-vous de cet homme ? Avez-vous une anecdote relative à vos relations ou échanges ? Quel message voudrait-vous transmettre aux Algériens concernant son combat et plus largement son projet de société ?

Madjid BENCHIKH.
Il est difficile de résumer en quelques mots ce qu’ont été nos relations. Très vite, il m’a accueilli dans sa famille, avec sa femme et ses enfants, je m’y suis senti à l’aise. En fait, sa disparition est trop récente. Je ne le vois pas comme un souvenir. Je ressens parfois presque comme une présence. Je le vois encore échanger avec moi une sorte de regard complice lorsque, au cours d’une réunion, quelqu’un tient des propos trop exagérés qu’aucun d’entre nous ne jugeait utile de contredire.
C’était un homme d’action sans aucun doute, capable de décider très vite. Mais, à force de travail et de réflexion, il est devenu un homme politique capable d’inscrire son action dans une vision globale. Il avait un dessein pour l’Algérie. Il ne voyait pas d’avenir pour l’Algérie sans un système politique démocratique, soucieux du développement du peuple algérien appuyé sur nos origines, c’est-à-dire sur le génie des peuples amazigh et sur les apports de l’islam et des civilisations arabes, ouvert et enrichi par les découvertes des autres peuples du monde, c’est-à-dire sur l’humanisme, les sciences et les droits universels.
Il voulait réorganiser le pays en conférant aux grandes régions des pouvoirs de participation aux décisions et de gestion des affaires régionales et nationales. Il voulait ainsi contribuer à régler des problèmes de fond politique et économique et en finir avec l’autoritarisme. Mais en même temps, il voulait œuvrer pour un grand ensemble nord-africain.
Il avait jadis rêvé d’une lutte de libération coordonnée entre les trois pays, Tunisie, Algérie et Maroc. Il rêvait d’une Algérie qui compte sur le plan international en rassemblant nos forces avec celles de nos voisins comme il l’envisageait à la Conférence de Bandoeng. Ces projets sont toujours d’actualité. De plus en plus d’algériens doivent y réfléchir pour voir comment il convient aujourd’hui de les inscrire dans leurs luttes pour construire un avenir de liberté pour eux et pour leurs enfants.
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