Louis Aragon dit de ce roman d'une centaine de pages qu'il est la plus belle histoire d'amour du monde. Une belle d'histoire d'amour enfant de bohême, un chant à l'amour qui me semble rendre si prenant ce récit parce que l'amour y est un révélateur.
" ... peut-être bien, l'amour, est-ce aussi une inspiration, comme l'inspiration du peintre, du poète ? "
Ce roman est celui d'un adolescent, Seït, de son peuple musulman d'Asie Centrale, de bergers nomades il n'y avait pas si longtemps, du quotidien paysan d'un de leurs villages au temps soviétique, au temps de la Deuxième Guerre Mondiale, aux saisons d'été et d'automne. Et ce roman, il est à la fois tableau et chanson sur l'amour, la terre, la vie; l'amour du pays natal et de la vie, de la liberté, de la (sa) vérité. Celle de vivre selon son coeur. Et de l'exprimer. Sur les pages, les sens et les arts se mêlent, les camaïeux d'une palette chatoyante à la partition exaltée des émotions, les vibrations de la steppe et les lointains retentissements du conflit en échos.
La force des sentiments ressentis entraîne les trois personnages principaux à choisir, à se créer un destin hors des sentiers battus, chacun s'y engageant par passion. Les amants quitteront leur communauté tandis que le jeune narrateur découvrira sa vocation de peintre.
Le tableau, qui ne néglige en rien son environnement, est tout en atmosphère tracée d'une plume limpide, sensible aux moindres frémissements des paysages et des êtres, des portraits colorés et vivants jusqu'aux nuances des ombres. Entre réalisme et lyrisme, les passages décrivant les sensations qui saisissent les personnages à l'écoute d'un chant, du chant qui leur ouvre les yeux et est capable d'animer les plus secrètes pensées, sont éclatants.
Une très belle histoire pour laquelle
Louis Aragon signe une toute aussi belle et intéressante préface ( que je conseille de lire ensuite pour en apprécier le propos, les mots de
Tchinghiz Aïtmatov également présents ), racontant sa découverte de ce texte dans une revue soviétique, présentant l'auteur, situant le contexte géographique et historique, soulignant la pureté et la richesse de ce récit. Comme lui, j'aurai bien voulu les voir, ces dessins de Seït, fait avant toute étude, avec cette naïve audace de l'ignorance, mais où les personnages sont si reconnaissables, si ressemblants.
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