AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,29

sur 60 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
«Il avait eu deux histoires. L'une à lui seul, personne ne la connaissait. L'autre contée par le grand-père. Après, il ne lui en est plus resté aucune. Et c'est de cela qu'il va s'agir
. Cette année-là, il avait eu sept ans, il allait vers sa huitième année.» Ainsi débute «Il fut un blanc navire» de Aïtmatov.
Le meilleur des grand-pères, grand père Mômoun va acheter un cartable à son petit-fils à la boutique ambulante qui venait parfois visiter les trois familles vivant au poste de Sân-Tach à la frontière du kazakhstan, au nord-est du lac Issyk-Koul. Ce cartable tout à fait ordinaire est extraordinaire pour l'enfant seul abandonné par ses parents que le «Preste Mômoun» va bientôt accompagner à l'école.

«La dure et lourde paume de grand-père se posa sur la tête du petit garçon. Brusquement, celui-ci sentit sa gorge se serrer, il prit conscience de la maigreur du vieillard, de l'odeur familière de ses vêtements. Une odeur de foin sec et de sueur d'homme habitué au travail. Il était fidèle, solide, c'était son grand-père. le seul être au monde, peut-être, qui l'aimât plus que son âme était ce vieillard simplet et un peu braque que les malins avaient surnommé le Preste Mômoun... Et après ? Qu'il soit comme on veut, c'était quand même bien d'avoir un grand-père à soi.»
p 33
L'histoire de l'enfant celle qui est à lui seul, c'est celle qu'il s'est inventée quand il monte comme tous les soirs sur la colline du guet d'où il peut voir ce qui se passe au poste mais aussi tous les sommets environnant grâce aux jumelles du grand-père et même apercevoir dans le lointain, à la marge extrême du regard le lac Issyk-Koul. 

L'enfant se rêve alors poisson pour rejoindre le blanc navire qu'il voit apparaître dans les jumelles, glissant sur l'eau bleue du lac, sur lequel il imagine son papa matelot et ses retrouvailles avec ce père rêvé.

L'enfant personnifie toute la nature autour de lui, il nomme les rochers, leur parle et les fait parler, de même pour les arbres, il parle aussi à son cartable. Il remodèle la réalité au gré de sa fantaisie.
Il est aussi imprégné des légendes que lui a conté son grand-père, en particulier celle fondatrice de la Mère des Mârals à la Belle Ramure que les Kirghiz considère comme la mère de leur peuple. Ces légendes relient à la terre, à la nature environnante et font naître le sacré, sont le terreau des croyances ancestrales qui donnent le respect de la vie sous toutes ses formes et de son mystère. Les anciens, comme le grand-père, en sont les gardiens.

Mais leur vie est empoisonnée par l'oncle Orozkoul marié à la tante Békéi, fille du grand-père. Comme la plupart de ses semblables il ne respecte plus rien, ni la nature, ni les hommes, il n'est que mépris et amertume, ne croit plus en rien... Il abat les plus beaux arbres, il frappe sa femme et n'a aucun respect pour le vénérable grand-père et encore moins pour les légendes....
Je ne peux rien dire de plus, seulement que j'ai encore plus aimé «Il fut un blanc navire» que «Djamilia». 
Ce récit est plein de sensibilité que ce soit pour évoquer les êtres mais aussi pour rendre hommage à la beauté de la nature attaquée par l'homme qui s'en est détourné.
Commenter  J’apprécie          330
Un gamin, abandonné par père et mère survit dans un poste forestier où vivent trois couples , unis par un lien de famille. le poste est à la limite de la forêt, dans la montagne.La vie y est difficile, l'hiver les trois maisons se retrouvent coupées de tout, l'été quelques passages d'éleveurs ou de camions animent le lieu.

L'enfant divague dans la nature, près du fleuve, dans la montagne, il divague dans sa tête aussi, s'inventant des amis, se nourrissant des légendes que son grand-père lui raconte. Il n'y a que ce grand-père qui prennent soin de cet enfant et lui donne une tendresse infinie.

Et puis, la bêtise, la méchanceté,la violence, l'alcool des adultes vont plonger cet enfant dans un drame auquel il ne saura faire face.

C'est un court roman, très beau, poétique,émouvant, une très belle occasion de découvrir un pays méconnu et un auteur intéressant.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          190
Lire ce livre, c'est plonger dans l'enfance, la beauté, la bonté, mais aussi dans la noirceur la plus profonde.
Un petit garçon à l'âge d'entrer à l'école a été recueilli par son grand-père, le "Preste Mômoun", vieil homme simple et généreux qui l'aime tendrement et le nourrit de contes hérités de ses ancêtres kirghizes qui mettent en scène la Grande Mère des Mârals à la Belle Ramure.
Mais le grand-père est sous la coupe de son gendre, à la méchanceté et la bêtise sans borne. Et dans cette petite communauté agraire, le plus fort gagne, malheureusement.

Je crois n'avoir jamais lu livre si poignant. Ecrit dans une langue fluide, il décrit un monde ancien qui bascule dans la modernité, mais aussi l'impuissance des faibles, des gentils et des rêveurs en butte à une brutalité qui saccage tout et surtout le sacré.

Commenter  J’apprécie          140
Dans les montagnes du Kirghizstan, près du lac Issyk-Koul, la brume des montagnes s'efface sous la plume de Tchinguiz Aitmatov afin que le tableau qu'il nous dessine avec passion de cette vallée prenne toutes ses couleurs, ses formes multiples.

C'est au coeur de son oeuvre que nous prenons bord, au-delà de sa narration, et que nous plongeons dans cette région splendide, restée intacte. Aitmatov ne pouvait soupçonner à l'époque, que ses descriptions seraient les plus proches de ce qu'est le Kirghizstan encore aujourd'hui.

C'est en passionnée de cette région que mon regard s'est posé sur le plus bel hommage que cet auteur Kirghiz, amoureux de son pays, nous livre et c'est bien dans le coeur de sa nation qu'il continue de briller tel un héros faisant connaitre aux yeux du monde la beauté de ses contrées et de sa culture qui demeure identique.

Quel merveilleux récit que ces rêves d'enfant qui finalement se retrouvent dans le regard de chaque descendant de celui-ci, croisé dans les hauteurs là où la vie toujours reflète en tout point cette différence radicale entre citadins et nomades. Bichkek la fanfaronne et la campagne chaleureuse, celle où le temps semble s'être arrêté en dehors du monde moderne.

Un conte sublime, comme il en existe beaucoup en Asie Centrale, qui rivalise avec le chien jaune de Mongolie, qui s'écoute au coin d'un feu, près d'un samovar bouillant au coeur d'une yourte .Des fragments de rêves, de vie, de fracture sociale , de culture ancestrale et c'est tout le Kirghizstan qui claironne.
Commenter  J’apprécie          90
Tchinguiz Aïtmatov, Il fut un blanc navire

Né en 1928, Tchinguiz Aïtmatov perd son perd en 1938 durant les Purges de Moscou. Kirghize d'origine, Aïtmatov a vécu une grande partie en tant que Soviétique, puis a connu les premières heures de la jeune République du Kirghizstan avant de mourir en 2008. Monument littéraire à lui seul en son pays, Aïtmatov a même des statues qui furent érigées en son honneur, notamment près du lac de l'Issik-Koul.

C'est au bord de ce lac que se déroule l'histoire de Il fut un blanc navire. Au sein d'une petite communauté de forestiers vit un petit garçon de 7 ans, qui aime à se baigner dans l'eau froide du torrent, donne des noms aux rochers à qui il parle, s'invente des histoires formidables. le petit garçon, personnage principal du roman et qui figure l'innocence de l'enfance et, par là-même, celle, originelle, du genre humain, est très proche de son grand-père. Celui-ci, malgré son grand âge, est peu respecté à cause de sa gentillesse et il effectue une grande partie des travaux de la communauté, laquelle est dirigée par Orozkoul, son gendre, un homme méchant qui bat sa femme, fille du grand-père, à cause de la stérilité du couple. le grand-père est marié à une vieille femme, qui n'est pas la grand-mère du petit, lequel a été abandonné à sa naissance par des parents qui, séparés, ont voulu aller vivre à la ville. Enfin vivent dans ce petit avant-poste de la frontière entre le Kirghizstan et le Kazakhstan Séidakhmat, sa femme et sa fille.

Ce petit garçon vit au sein d'une nature riche et mythique. Dans la forêt reviennent les marals, ces grands cervidés auxquels les Kirghizs font remonter leurs origines. Ils ont disparu des montagnes de l'Issik-Koul à cause de la chasse et des activités de l'homme mais les voilà qui, soudainement, reviennent. le petit garçon rêve aussi au blanc navire, qu'il voit parfois passer, à travers la lunette télescopique que lui a donnée son grand-père, sur les eaux bleues du grand lac. Il rêve de devenir un poisson et de descendre jusqu'au lac, jusqu'au blanc navire pour y voir son père qui, le croit-il, y travaille comme matelot.

Quand le grand-père décide d'acheter un cartable à son petit-fils et de l'emmener à l'école communale, à 5 kilomètres de là, les ennuis commencent.

Il fut un blanc navire est un conte moral à l'écriture simple et poétique qui use de l'enfance pour décrire un monde en plein changement. le monde kirghize, sa mythologie, son respect de la nature dans laquelle l'homme est un maillon certes essentiel mais humble, s'écroule petit à petit avec la progression de l'acte civilisateur soviétique. Peu importe que les arbres soient centenaires : ils valent bien un repas arrosé de vodka. Peu importent ces cervidés sacrés qui réapparaissent contre toute attendre sur les pentes des monts Tian Shan : leur viande est un festin qu'on ne peut se permettre tous les jours. Si le roman ne peut être qualifié, sinon anachroniquement, d'écologique, il montre que la déshumanisation de l'homme commence par la négation de son environnement. Orozkoul en est le vivant exemple.
Commenter  J’apprécie          90
Un petit garçon raconte les histoires de son grand-père puis de son père, s'imaginant avec poésie son retour prochain. Au milieu de tout cela un jeune orphelin qui s'invente des histoires pour pallier à ce manque, sa famille et le reste du village avec leurs forces et leurs faiblesses sont aussi très bien décrit. La faune et la flore sont d'une poésie magnifique, bien que j'ai trouvé le début un peu long, il n'y a rien à enlever dans ce court roman.
Je le nommerai comme le Marcel Pagnol kirghize sans l'ombre d'un doute. La plume est belle, l'histoire aussi, l'intrigue est simple mais suffit pour profiter des beaux paysages du Kirghizistan. L'auteur est sans aucun doute le meilleur choix pour valider ce pays, il se lit très facilement et avec beaucoup de douceur.
Commenter  J’apprécie          81
Aux limites de la forêt un petit garçon grandit, élevé par son grand-père et son épouse après avoir été abandonné par ses parents. Il rêve au jour où il retrouvera son père là bas, sur le blanc navire, tout en écoutant les histoires du grand-père sur la Mère des Marals et les débuts légendaires de leur peuple. Et quand le monde des adultes est trop dur, quand il voit l'oncle tyrannique battre la tante et humilier le grand-père, quand les méchants sont au pouvoir et qu'un jeune garçon ne comprend pas les horribles compromission sans nombre du monde, il rêve encore plus, aux miracles, à se changer en poisson, à sauver les gens et à suivre la Mère des Marals....
Drame aigre, ode à la nature, sanglots de l'enfance perdue , l'auteur entremêle tous ces thèmes avec beaucoup de poésie.
Une jolie découverte
Commenter  J’apprécie          60
Je ne sais plus où j'ai vu pour la première fois ce petit classique mais quel plaisir !
Ce livre est magnifique et bouleversant.
On suit un petit garçon abandonné par ses parents et élevé par son grand-père au milieu des montagnes et quelques autres membres. Il est seul, la vie est difficile et sa présence est plus un fardeau que tout autre chose et pourtant son esprit est d'une imagination débordante. Il voue un amour profond pour son grand-père (sentiment réciproque) et ses récits.
Un petit bijou qui vous laisse tout retourné par la fin.
Commenter  J’apprécie          40
Très belle histoire sur la relation entre un grand-père kirghiz d'une extrême gentillesse et son petit-fils abandonné par ses parents.
Aïtmatov auteur du magnifique roman Djamilia nous fait voyager ici entre rêve et réalité.
Très beau!
Commenter  J’apprécie          40
Nous sommes dans les montagnes kirghizes, un monde ancestral, à la population clairsemée, dont les coutumes et façons de vivre n'ont guère évoluées depuis des siècles, même si la modernité fait son apparition de loin, comme par exemple un camion qui passe. Mais les habitants continuent encore à se déplacer à cheval.

Le roman se passe dans un poste forestier dans lequel habite une poignée d'adultes, et un petit garçon. Il n'a pas de contacts avec des enfants de son âge, et il imagine tout un monde peuplé de créatures magiques. Ce monde est inspiré en partie par les contes et légendes que lui raconte son grand-père, et surtout la plus merveilleuse d'entre eux, celui de la Mère des Mârals à la Belle Ramure. Animal magique, quasiment disparu, il est sensé être l'ancêtre des Kirghiz. Et le petit garçon, abandonné par ses parents, rêve de retrouver son père, et de rencontrer la Mère de tous les Mârals. Alors lorsque trois mârals viennent d'une réserve dans la forêt qu'il habite, il pense que tous ses problèmes peuvent se résoudre d'une façon quasi magique. Mais la cruauté des adultes va mettre un terme à tous ses rêves.

Un très joli livre, poétique, avec des magnifiques descriptions des paysages, et une touchante vision de l'enfance, avec les histoires que se raconte le petit garçon. Les adultes sont un petit peu plus caricaturaux, mais peut être parce que le point de vue est celui de l'enfant. En tous les cas un excellent moment de lecture, j'ai encore plus apprécié ce livre que Djamila, j'ai du mal à comprendre pourquoi les livres de Tchinghiz Aïtmatov sont difficiles à trouver actuellement, une question de mode probablement, il paie aussi sans doute d'avoir été associé à un régime politique qui n'existe plus.

Heureusement qu'il y a les bibliothèques.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (147) Voir plus




{* *}