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Sur fond d'un constat sévère sur les retards de l'Europe comme acteur dans l'industrialisation de l'intelligence artificielle, à la remorque de la zone Asie-Pacifique, l'ouvrage plaide pour une rénovation complète de l'éducation. Son programme est celui d'une neuroéducation complètement individualisée, débutant au stade de la sélection embryonnaire, s'étendant sur l'ensemble de la vie, sans salle de classe ni examen, et visant à démocratiser les quotients intellectuels à la Elon Musk (voire, à la Leibniz) pour éviter le kidnapping de l'IA et de la robotique par les seuls partisans du transhumanisme (de l'Homo Deus).

Les difficultés du livre tiennent largement en l'acceptation qu'il force, malgré les limites timidement soulignées de la mesure de l'intelligence, des fortes corrélations de celle-ci avec la situation socioéconomique (le niveau de revenu), la longévité, et la capacité innovante. Une dizaine de jeunes programmeurs doués, créant Whatsapp, générant en un an plus de valeur que Renaud avec ses milliers d'employés peu qualifiés en 5 ans. La finalité eugéniste prônée peuvent être rebutante, mais elle est avancée comme conforme à une visée d'égalité, de non-subordination impuissante aux décisions à venir.

Laurent Alexandre livre une réflexion détaillée et recommandable, tant dans l'historique qu'il retrace de l'IA, de son hiver sorti de Dartmouth college aux projets Neuro link et consort, que dans la conscience qu'il manifeste des enjeux et scénarios / basculements possibles : allant d'IA forte indépendante et hostile, à supérieure mais paternaliste, en passant par coopérative et complémentaire (et une dizaine d'autres). Comment et peut-on légiférer un domaine qui concerne une capacité dont nous commençons seulement à avoir une vision un peu rigoureuse, et sans savoir ce que nous voulons et pouvons vouloir ?

Il offre une vision globale qui pèse et sous-pèse plusieurs postures contrastées; une vision ancrée sur un ensemble de valeurs dites humanistes et technologues campées sur un bien commun étendu, dont Bill Gates, consacrant sa fortune à combattre la maladie et la sous-scolarisation en Afrique, fait office de modèle.

Je suis venu à ce livre après Homo Deus: A History of Tomorrow de Harrari. Ce dernier manifeste une conscience plus aiguisée de la contingence et de l'impossibilité de prévoir l'avenir (par contraste, Alexandre semble se prononcer sans hésitation sur les décisions qui seront prises dans vingt, trente, quarante et soixante ans), en même temps qu'il est moins riche en ce qui a trait aux scénarios possibles. Une des différences entre Alexandre et Harrari tient en ceci que le second estime que le développement de l'IA externalise dans les algorithmes l'autorité que les religions humanistes ont logé dans un laborieux travail de connaissance de soi; alors qu'Alexandre tend à considérer que ce développement peut mener à un renchaussement / réinvestissement de la connaissance de soi (fût-ce du fait des contacts qui deviendront réels avec des formes d'intelligence hybrides inédites; et fût-ce parce que le pouvoir de définition des problèmes et des limites relève de notre juridiction, et ne peut être d'emblée concédé au domaine de l'IA forte). Une autre différence tient en ceci que Harrari doute que les fonds publics soient mis à contribution pour égaliser l'accès à la neuroaugmentation. Il formule ce point en faisant l'hypothèse que, à la différence des masses prolétaires du siècle dernier (énorme pouvoir économique irremplaçable s'alliant à un pouvoir politique faible ou inexistant) les masses du futur qui seront déqualifiées par les progrès rapides de l'IA seront inutiles et économiquement et politiquement. Alexandre suppose que la perspective d'un État providence travaillant à généraliser la neuroaugmentation est d'autant plus plausible que le sens même de la solidarité tel qu'il s'est historiquement forgé ne serait rien d'autre que diminuer les décalages entre le niveau de richesse qu'apporte à une minorité son quotient intellectuel élevé, et celui de sa contrepartie sous- ou moyennement-douée.

Une tension semble diviser l'ouvrage entre une partie où Alexandre s'est persuadé que l'intelligence est génétiquement déterminée à 50% (voire au 2/3 de ses variations individuelles), et où l'acceptation d'un futur neuro-augmenté prend des allures de marche ou crève; et une partie où il concède à Kevin Kelly que l'intelligence est multiple, et que, l'intelligence artificielle n'exacerbant souvent qu'un ou quelques unes de ses facettes (y compris certaines inconnues), le scénario de la complémentarité du fait de faiblesses mutuelles humains/machines prend des allures de jeu à multiples inconnus, qui comprend un droit au hasard et à la déconnexion. le programme de la neuroéducation prôné, sans prendre tout à fait partie pour un des scénarios esquissés, penche vers l'hypothèse de Kelly, ainsi qu'en témoigne l'identification de ce programme à la tâche de tendre, de manière dynamique et souvent remise à jour, vers une mesure du quotient de complémentarité avec l'IA en guise de remplacement du QI. Dans le même ordre d'idée, Alexandre s'entend avec le paléoanthropologue Pascal Picq à l'effet que nous avons tout intérêt à respecter les autres animaux et leur intelligence, de manière à comprendre que le sort que nous leur réservons pourrait devenir le nôtre entre les mains d'une IA forte, apprenant par elle-même sa supériorité et notre incertitude quant à ce que vous voulons à son endroit, et qui nous réduirait à des commodités muettes ou des nuisances.

Bref, il s'agit d'un livre stimulant, riche, distanciant certains lieux communs, servant bien ses objectifs de (préparer à) regarder sérieusement ce que l'éducation et l'intelligence peuvent devenir.
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une réflexion assez complète sur les perspectives d'avenir qui nous attendent avec les évolutions technologiques en cours. On trouve beaucoup d'informations intéressantes.
L'auteur ouvrent de nombreuses pistes de réflexion mais vire parfois un peu au sensationnalisme.
Un livre à conseiller malgré tout à ceux qui souhaite connaitre les enjeux liés à l'intelligence artificielle.
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Un terrifiant roman de presque fiction avec des statistiques sur ce que sera l'enseignement demain.
Des outils d'apprentissage peu à peu réservés à une élite, la désertion de l'enseignement public dont les moyens se raréfient de plus en plus, la perte générale des savoirs au profie d'une minorité ploutocrate et techno-centrée qui aura, bien sûr, un contrôle absolu sur les masses laborieuses.

Si il s'agit là d'une spéculation, d'un futur possible parmi ceux qui sont encore à notre portée, cette analyse et les statistiques recensées pour la soutenir datent déjà de 2011.
Nous avons pu voir depuis l'amorce de ce déclin...
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Bon, on va pas se mentir, avec l'IA, on est mal barré (et ça vaut aussi pour les gros QI !)
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Le livre est bien mais l'auteur a maintenant dérivé et perdu ses repères.
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Un regard implacable et déroutant sur notre système éducatif. Un livre criant de vérité qui pose les questions de notre avenir. L'économie de demain se limitera t'elle au quotient intellectuel ? Ce livre nous offre une belle ouverture sur les chemins qui s'ouvrent à nous. Mais face aux géants de l'information et aux intelligences artificielles, n'est-il pas déjà trop tard ?
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Ce livre est à la fois passionnant et terrifiant.
J'ai adoré ! Je vous le conseille.
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L'auteur pose d'emblée les croyances religieuses nécessaire à son recit. Il brandit d'abord une menace qui consiste en l'émergence inéluctable d'une IA généraliste omnisciente et omnipotente puis une opportunité, en l'occurrence, le développement de techniques de sélection génétique ainsi que d'augmentatation artificielle des capacités cérébrales. Il n'y a aucune preuve formelle sur le niveau de maturité actuel de ces technologies ni sur leur potentiel futur. Il faut juste y croire comme dans une religion. le décor posé, il plonge dans des spéculations sans fin et répétitives d'un futur 100% cérébré ou seul l'IA et les Cyborgs ou encore les bobos OGM survivront. Il plaide pour une société eugéniste et transhumaniste. La transition sera articulée autour de l'éducation qui doit se transformer dans ce sens.
Ce qui m'a ennuyé dans ce livre outre la redondance d'arguments, c'est son réductionnisme au "tout intelligence". L'auteur explique tout par l'intelligence, entre autre, si tu es riches tu es intelligent sinon tu es cons.
Je me demande par ailleurs, si l'zuteur a vraiment bien compris la notion de QI ? Pourtant il a bien noté qu'il s'agit une distribution gaussienne. Dans sa société idéale de CYBORGS, il y aura forcément des cons, des moyens et des génies même si éventuellement la courbe en cloche sera peut être moins large grâce à la démocratisation des Boosts cérébraux. Dans cette société ou le QI ne sera plus le fruit du hasard des coïncidence génétique et socio-économique, le QI n'aura plus aucun sens car il n'est plus régit par une loi normale de part sa construction mathématique ! A quoi ressemblerait cette société de con-sanguins 3.0 ? Je ne sais pas si le livre répond à cette question et je ne le saurais peut être pas parce-que je n'ai plus envie de le terminer (j'ai lu péniblement un peu plus de la moitié ).
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Ce livre offre une introduction exceptionnelle à l'intelligence artificielle, présentant de manière claire et accessible les concepts fondamentaux et les applications pratiques les plus récentes. Une lecture essentielle pour tous ceux qui souhaitent comprendre ce domaine en plein essor
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Une réflexion morale et philosophique intéressante sur l'intelligence en général et notamment l'intelligence artificielle (IA), avec une vision tournée vers l'avenir : l'IA est déjà là et quelles sont nos possibilités d'adaptation face à ce véritable tsunami numérique ?

A travers différents scénarios tirés tout droit de science-fiction, Laurent Alexandre nous dresse des hypothèses d'évolution, souvent inquiétantes, de notre société face à cette IA parfois hostile. Quelles seront l'utilité et la place de l'humanité dans le monde de demain vis-à-vis de cette cohabitation avec la technologie ? On a du mal à se dire que ces transformations pourraient concrètement arriver dans ce futur dystopique qui semble si proche (dès les années 2030 selon l'auteur) mais que nous ne devons pas sous-estimer.

Qu'on soit d'accord ou pas avec ses idées, j'ai trouvé ce livre intéressant et stimulant, avec une critique plutôt constructive. J'ai apprécié le caractère documenté de cet ouvrage avec une liste interminable de références, qui donne envie de s'y plonger pour approfondir le sujet. Il s'agit d'un essai qui questionne, une prise de conscience sur ces enjeux actuels et de demain, que je recommande à tous ceux qui s'intéressent à ces thèmes en général.
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