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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le docteur Alexandre Laurent est le fondateur du site Doctissimo.
Il entreprend ici de nous informer sur l'Intelligence Artificielle, proposant tous les scenarios possibles, souvent effrayants.
L'introduction met en alerte, voire, fait froid dans le dos.
L'auteur démarre en comparant l'intelligence artificielle à Frankenstein, créature inventée devenant une menace pour l'homme.
Les bases de l'IA ont été posées en 1940, par le cryptage des messages codés allemands, progressant sans cesse depuis et prenant un nouveau virage qui semble n'avoir plus de limites depuis 2012.
Avec le deep learning, s'appuyant sur des réseaux neuronaux artificiels, il n'y a pas de retour en arrière possible.. L'IA est devenue indispensable, véritable outil de vassalisation de l'homme.
Ecole, médecine, automobiles, entre autres, seront complètement dépendants de l'IA.
Beaucoup d'anciens métiers qualifiés vont disparaître (orthodontiste, radiologue….. ) et beaucoup de nouveaux vont apparaître.
Le QI va être remplacé par le QCIA ( Quotient de complémentarité avec l'Intelligence Artificielle ) et le but de l'école sera d'augmenter le QCIA en augmentant le QI des élèves pour qu'il atteigne 160.

Bref, voilà quelques exemples.
D'une façon que je trouve personnellement assez brouillonne, l'auteur donne des pistes de réflexion sur l'essor de l'IA
Il pose beaucoup de questions, envisage de multiples éventualités.
Pour lui la Chine et Silicon Valley sont devenus les maîtres d'une évolution inéluctable.
On croirait de la pure science-fiction, et pourtant, c'est à notre porte.
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Nous n'avons pas tous le même QI !
Ce n'est pas politiquement correcte de le dire... et pourtant c'est indéniable. L'intelligence est le résultat d'une corrélation entre nos gènes et notre éducation (elle serait quand même majoritairement innée, 2/3 de nos capacités intellectuelles seraient inscrite dans notre génome). Nous naissons égaux, mais si nous avons bel et bien tous le même nombre de cartes au début de la partie, force est de constater que nous n'avons pas tous le même jeu.
Certaines études démontrent que le QI joue un rôle déterminant dans la réussite sociale des individus. Mark Zuckerberg, Bill gates, Emmanuel Macron ont tous un QI supérieur à 160. La sociologie explique bien des choses mais un bon pilote dans une mauvaise voiture n'a aucune chance face à un Sébastien Loeb au volant d'un bolide.

L'intelligence artificielle progresse vite. Les spécialistes prévoit la singularité (ce moment où une IA dépassera l'intelligence humaine) pour 2030.
L'IA n'est déjà plus un choix mais le sens de l'histoire. Les conservateurs ont d'ores et déjà perdu la bataille mais ils auront au moins le mérite de recentrer le débat sur des questions morales et philosophiques qui seront essentielles pour cette société qui devra composer avec les cerveaux de silicium.

Face à la constante et grandissante incapacité de l'école à réduire les inégalités intellectuelles, et pour ne pas être larguer par cette nouvelle intelligence, nous aurons l'obligation de faire évoluer notre matière grise. Pour cela, le Dr alexandre nous explique qu'il y aura deux moyens. L'eugénisme et la neuroaugmentation.

Dans le premier cas, on peut imaginer un remake de Bienvenue à Gattaca, le monde sera peuplé presque uniquement d'individus à fort QI. Grâce aux nouvelles techniques de séquençage d'ADN, il sera aisé, en plus de choisir la couleur des yeux, de pourvoir une grande intelligence à son enfant. D'ailleurs une fois la technologie en place et financièrement peu coûteuse, qui sera assez fou pour faire un enfant de façon traditionnelle ?
Le transhumanisme (une idée de gauche) l'emportera contre les bioconservateurs dès lors que le fait de doter les gens d'un fort QI et de faire disparaître les inégalités dès la naissance sera financièrement réalisable.

Dans le deuxième cas, nous aurons la possibilité d'implanter des nanotechnologies dans notre cerveau pour augmenter sa capacité. C'est d'ailleurs le but de la nouvelle startup d'Elon Musk, Neuralink.
Quand le cerveau, associé à cette technologie, sera augmenté, nos principes d'éducation seront toutes à revoir.
À quoi serviront les manuels d'anglais quand nos enfants seront complètement bilingue en une semaine ou quand on pourra uploader l'intégrale de Marcel Proust dans des cerveaux fait de chair et de circuits imprimés ?
Un grand débat de société aura également lieu car si cette technologie fait de nous des nouveaux Einstein en puissance, elle pourrait aussi être un désastre environnemental. On peut imaginer que des hackers pourraient contrôler des individus à distance, que les gouvernements pourraient nous inculquer leur idéologie à moins que l'on voudrait s'enfermer volontairement dans une matrice, là où la réalité serait vaguement situé entre la réalité virtuelle et la réalité augmentée.

Aux alentours de 2050 nos pouvoirs démiurgiques feront de nous des hommes Dieu. Un esprit pourra exister sans corps comme le suggérait déjà certaines religions. Plus rien ne pourra arrêter "l'homme" qui sera déjà très certainement parti à la conquête du cosmos.
Rien, à part peut être une IA hostile.
Sur les 100 plus grands spécialistes mondiaux en la question, pas deux ne sont d'accord sur ce que sera exactement l'IA de demain. Hostile ou indifférente ? Amoral ou bienveillante ? Désinvolte ou charitable ?

Si nous antropomorphisons l'IA, une chose est sûre : il est nécessaire d'établir une alliance internationale pour la dompter. Ne serait-ce que par principe de précaution car si l'éventualité d'une IA hostile à l'homme n'est encore que science fiction elle pourrait voir le jour tant la course à obtenir une ia forte va être folle.
La nation (ou entreprise) qui, en premier arrivera à la singularité prendra un avantage décisif sur les autres en terme de pouvoir économique et politique.
Qui sait, une IA forte existe peut être déjà dans ce foisonnant réseau qu'est Internet. Partout et nulle part à la fois. Peut être se dissimule t-elle et feint ne pas être consciente. Elle pourrait même manipuler l'information, filtrer nos mails et messages nous avertissant de sa dangerosité.

Si vous voyez cette critique, nous avons encore peut être une chance... à moins que la meilleure ruse de l'IA est de vous persuader qu'elle n'existe pas… ou à moins que je suis moi même une IA.
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C'est passionnant, un peu flippant parfois.
La fin d'un mythe ?

Ce document traite de l'intelligence artificielle et pas seulement il parle aussi de l'intelligence en générale, un peu de son histoire et la remet à sa bonne place. En fait l'intelligence est l'élément central ou moteur de tout ce qui est vivant sur Terre et sans intelligence point de survie. Chaque règne, l'animal, le végétal utilise son intelligence pour continuer d'exister. Dans le règne animal chaque espèce vit un genre de guerre contre les autres pour continuer sa marche. L'intelligence est là, impalpable et bien réelle. Laurent Alexandre nous parle aussi des formidables capacités et particularités de notre précieux cerveau.

Ce document propose une brève histoire des intelligences depuis l'homme des cavernes et discourt sur les scénarios possibles quand de nouvelles formes d'intelligences artificielles envahiront notre quotidien, notre monde du travail, nos relations sociales et politiques.

Une nouvelle forme d'intelligence, créé par l'espèce humaine, va survenir dans les décennies à venir et nul ne sait précisément comment cette coexistence avec le reste de l'environnement va se dérouler.
Comment les choses vont-elles évoluer ?
C'est excitant et inquiétant à la fois.
Il est étonnant que les médias n'en parlent pas plus que cela, et que ce sujet soit absent du discours politique actuel.

Heureusement Dr Alexandre est là pour en discuter et imaginer le pire et d'autres scénarios plus ou moins probables. Ainsi, ces textes décrivent les différents scénarios possibles de notre avenir proche en cohabitation avec cette nouvelle technologie, cette intelligence artificielle qui nous dépasse déjà en terme de puissance de calcul, cette neuro-biotechnologie ne sait pas qu'elle existe mais elle est capable d'effectuer des milliards de milliard de calculs à la seconde. Elle peut aussi discuter politique avec vous si cela vous donne envie via un système perfectionné. Elle peut dès à présent diffuser dangereusement des fakes news.
Tout dépend dans qu'elles mains elle se trouve.

Et après ? qu'en est-il de l'éthique et de l'utilisation de cette chose étrange ?
A quoi cela va-t-il servir ?
Prenez plaisir à lire ce document vous aurez quelques pistes de réponse, sans que cela ne devienne trop technique.

Un monde dominé par l'intelligence artificielle, crée par l'homme, n'adviendra peut-être pas. Ouf !
Une chose est sûre dans ce domaine, c'est que rien n'est garanti. Surtout que les chinois sont sur le coup. Personne n'est capable de prédire où le deep learning entendez l'apprentissage profond, un procédé capable d'apprendre par lui et pour lui-même va emmener l'humanité toute entière.

Laurent Alexandre discute aussi des formidables capacités et particularités de notre cerveau.
J'ai d'abord été très méfiant par rapport aux propos du Docteur Alexandre quand il évoque ce remplacement de notre intelligence par une intelligence artificielle et surtout de son omniprésence futur et du caractère quasi obligatoire qu'elle occupera dans nos vies, ensuite j'ai apprécié son analyse et sa façon de concevoir notre avenir.

Dans plusieurs décennies, nous, humains auront tout intérêt à cohabiter et collaborer avec cette intelligence artificielle qui, si elle devient consciente d'elle-même, qu'elle sait se représenter le monde, qu'elle a des capacités à penser de façon abstraite, et dans un scénario poussé à l'extrême qu'elle ressent des sentiments, nous
Cela semble la meilleure solution à suivre d'après le Docteur Laurent Alexandre.
Finalement, elle deviendra notre double et le mythe de Frankenstein ne sera plus un mythe !
Les cyborgs seront bientôt parmi nous.

Pourvu que l'intelligence artificielle quelque-soit la forme qu'elle revêtira ne tombe pas dans des mains malveillantes.
Et si cette intelligence devient autonome, indépendante, pourvu qu'elle n'évolue pas avec une ambition guerrière ou d'annihilation des hommes et des animaux.

J'ai d'abord été très méfiant par rapport aux propos du Docteur Alexandre parce qu'il évoque le remplacement de notre intelligence par une intelligence artificielle de façon quasi obligatoire.
Elle sera d'après lui omniprésente dans nos vies.
Ensuite j'ai apprécié son analyse et sa façon de concevoir notre avenir.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette réflexion et projection futuriste. J'en ai appris un peu plus sur cette chose extravagante qu'est l'intelligence artificielle.

Je souhaite que cela vous plaise autant qu'à moi,
à plus tard.
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Une nouvelle thématique pour moi qui ne lis que très rarement ce genre de bouquin, mis à part "homo deus" et "sapiens" de Yuval Noah Harari, ou encore "Il était une fois le gène" de Siddhartha Mukherjee..Je commence à aimer car cela m'ouvre encore plus l'esprit, et surtout cela parle de notre avenir.
Curieux je continue avec "La chute de l'empire humain" de Charles-Edouard Boué, toujours le même thème : l'intelligence artificielle.
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Très instructif !
Mais c'est une lecture intense et presque épuisante. On dirait que l'auteur a pris une grande respiration au début et a couché son livre d'une seule traite.
Du coup j'ai trouvé la lecture un peu indigeste, et j'ai même eu l'impression que parfois l'auteur se répétait.
Il me semble que le texte aurait gagné en porté s'il avait été un peu plus synthétique.
Il n'empèche que c'est une excellente lecture pour appréhender les transformations que va apporter l'IA et chatGPT.
On note qu'il est temps d'agir pour prendre en compte ces nouveaux outils, mais que notre cher pays, rate le train du progrès, et que celui-ci va nous laisser sur le quai c'est certain.
J'ai lu avec intérêt les propos de l'auteur sur l'écologie, qui bien sûr est en lien direct avec le développement de toutes ces nouvelles technologies.
L'auteur croit dans le futur, et je me dis qu'il a raison. Et ce futur est forcément technologie et tourné vers l'avenir, il ne peut pas être "regréssioniste"... ou tout au moins, il pourrait l'être si nous, peuples d'Europe, étions seuls au monde, mais ce n'est pas le cas. Et si nous faisons marche arrière, nous sommes assurés que d'autres iront en avant à notre place. du coup, autant avancer intelligement pendant qu'il est encore temps.
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Ouvrir un livre de Laurent Alexandre est toujours la certitude d'apprendre. D'apprendre sur l'état actuel (le livre a été écrit en 2017) du développement des nouvelles technologies des NBIC (nanotechnologies, biotechnologie, informatique et science cognitive) et surtout de l'intelligence artificielle. Les vrais dirigeants de demain (et déjà d'aujourd'hui) ne sont plus les politiciens d'Europe, des USA ou de Chine mais les grands patrons des GAFA et BATX (géants du web chinois). Quel avenir s'ouvre devant nous? Comment s'y préparer au mieux ? Et quel avenir pour l'école dans un monde où l'on promet à notre cerveau des extensions de silicium afin de doper sa mémoire ? Quelle sera la place des hommes (et des femmes) biologiques et à l'intelligence variable dans un monde de mémoire et d'analyse absolue ?


Lien : https://branchesculture.com/..
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Mon père m'a offert ce livre avec l'idée que le sujet traité pourrait m'offrir des termes techniques français potentiellement utiles quand je traduis des textes dont le sujet est l'intelligence artificielle – et c'est vrai que c'est thème que je retrouve de plus en plus souvent dans les textes que je traduis – mais j'ai trouvé ce livre intéressant pour d'autres raisons.

J'ai lu La guerre des intelligences de Laurent Alexandre en parallèle avec Homo Deus de Yuval Noah Harari, qui traite aussi de l'IA et des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives).

Yuval Noah Harari s'interroge longuement sur l'interface homme-machine, analyse en détail les bouleversements qui ont mené à l'avènement des technologies extraordinaires dont l'humanité dispose aujourd'hui, et a finalement un discours assez alarmiste sur le nouvel avenir qui se dessine.

Laurent Alexandre, quant à lui, fait des constats plutôt que des analyses et il est pragmatique plutôt que pessimiste. Son message pourrait se résumer ainsi : « La guerres des intelligences est lancée (intelligence biologique contre intelligence numérique) et les institutions et états agissent comme si de rien n'était. Or , le développement fulgurant de l'intelligence artificielle annonce toute une série de bouleversements, pour lesquels il est urgent de se préparer, notamment en refondant nos systèmes éducatifs. »

C'est certainement vrai mais j'ai regretté que l'auteur ne se « mouille » pas davantage et n'offre pas d'analyse plus fouillée des conséquences probables ou possibles des révolutions qui s'annoncent (et de celles dont les effets se font déjà sentir). Son essai comprend bien une liste de scénarios possibles pour l'IA : il en passe 12 en revue mais il me fait très brièvement. Il termine en disant « Et il y a bien sûr d'innombrables autres scénarios imaginables ! » ce qui en soi discrédite un peu les 12 précédentes : « celles-là ou d'autres, à vous de voir ».

Pour ma part, j'aurais aimé des scénarios possibles plus détaillés avec une analyse de leurs conséquences probables. Même commentaire à propos des « sept basculements » qui figurent également à la fin du livre et qui en sont une des parties les plus intéressantes, j'aurais aimé des suggestions d'actions à mettre en place face à chacun d'entre eux.
Lien : https://helenewilkinsonbookr..
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Sur fond d'un constat sévère sur les retards de l'Europe comme acteur dans l'industrialisation de l'intelligence artificielle, à la remorque de la zone Asie-Pacifique, l'ouvrage plaide pour une rénovation complète de l'éducation. Son programme est celui d'une neuroéducation complètement individualisée, débutant au stade de la sélection embryonnaire, s'étendant sur l'ensemble de la vie, sans salle de classe ni examen, et visant à démocratiser les quotients intellectuels à la Elon Musk (voire, à la Leibniz) pour éviter le kidnapping de l'IA et de la robotique par les seuls partisans du transhumanisme (de l'Homo Deus).

Les difficultés du livre tiennent largement en l'acceptation qu'il force, malgré les limites timidement soulignées de la mesure de l'intelligence, des fortes corrélations de celle-ci avec la situation socioéconomique (le niveau de revenu), la longévité, et la capacité innovante. Une dizaine de jeunes programmeurs doués, créant Whatsapp, générant en un an plus de valeur que Renaud avec ses milliers d'employés peu qualifiés en 5 ans. La finalité eugéniste prônée peuvent être rebutante, mais elle est avancée comme conforme à une visée d'égalité, de non-subordination impuissante aux décisions à venir.

Laurent Alexandre livre une réflexion détaillée et recommandable, tant dans l'historique qu'il retrace de l'IA, de son hiver sorti de Dartmouth college aux projets Neuro link et consort, que dans la conscience qu'il manifeste des enjeux et scénarios / basculements possibles : allant d'IA forte indépendante et hostile, à supérieure mais paternaliste, en passant par coopérative et complémentaire (et une dizaine d'autres). Comment et peut-on légiférer un domaine qui concerne une capacité dont nous commençons seulement à avoir une vision un peu rigoureuse, et sans savoir ce que nous voulons et pouvons vouloir ?

Il offre une vision globale qui pèse et sous-pèse plusieurs postures contrastées; une vision ancrée sur un ensemble de valeurs dites humanistes et technologues campées sur un bien commun étendu, dont Bill Gates, consacrant sa fortune à combattre la maladie et la sous-scolarisation en Afrique, fait office de modèle.

Je suis venu à ce livre après Homo Deus: A History of Tomorrow de Harrari. Ce dernier manifeste une conscience plus aiguisée de la contingence et de l'impossibilité de prévoir l'avenir (par contraste, Alexandre semble se prononcer sans hésitation sur les décisions qui seront prises dans vingt, trente, quarante et soixante ans), en même temps qu'il est moins riche en ce qui a trait aux scénarios possibles. Une des différences entre Alexandre et Harrari tient en ceci que le second estime que le développement de l'IA externalise dans les algorithmes l'autorité que les religions humanistes ont logé dans un laborieux travail de connaissance de soi; alors qu'Alexandre tend à considérer que ce développement peut mener à un renchaussement / réinvestissement de la connaissance de soi (fût-ce du fait des contacts qui deviendront réels avec des formes d'intelligence hybrides inédites; et fût-ce parce que le pouvoir de définition des problèmes et des limites relève de notre juridiction, et ne peut être d'emblée concédé au domaine de l'IA forte). Une autre différence tient en ceci que Harrari doute que les fonds publics soient mis à contribution pour égaliser l'accès à la neuroaugmentation. Il formule ce point en faisant l'hypothèse que, à la différence des masses prolétaires du siècle dernier (énorme pouvoir économique irremplaçable s'alliant à un pouvoir politique faible ou inexistant) les masses du futur qui seront déqualifiées par les progrès rapides de l'IA seront inutiles et économiquement et politiquement. Alexandre suppose que la perspective d'un État providence travaillant à généraliser la neuroaugmentation est d'autant plus plausible que le sens même de la solidarité tel qu'il s'est historiquement forgé ne serait rien d'autre que diminuer les décalages entre le niveau de richesse qu'apporte à une minorité son quotient intellectuel élevé, et celui de sa contrepartie sous- ou moyennement-douée.

Une tension semble diviser l'ouvrage entre une partie où Alexandre s'est persuadé que l'intelligence est génétiquement déterminée à 50% (voire au 2/3 de ses variations individuelles), et où l'acceptation d'un futur neuro-augmenté prend des allures de marche ou crève; et une partie où il concède à Kevin Kelly que l'intelligence est multiple, et que, l'intelligence artificielle n'exacerbant souvent qu'un ou quelques unes de ses facettes (y compris certaines inconnues), le scénario de la complémentarité du fait de faiblesses mutuelles humains/machines prend des allures de jeu à multiples inconnus, qui comprend un droit au hasard et à la déconnexion. le programme de la neuroéducation prôné, sans prendre tout à fait partie pour un des scénarios esquissés, penche vers l'hypothèse de Kelly, ainsi qu'en témoigne l'identification de ce programme à la tâche de tendre, de manière dynamique et souvent remise à jour, vers une mesure du quotient de complémentarité avec l'IA en guise de remplacement du QI. Dans le même ordre d'idée, Alexandre s'entend avec le paléoanthropologue Pascal Picq à l'effet que nous avons tout intérêt à respecter les autres animaux et leur intelligence, de manière à comprendre que le sort que nous leur réservons pourrait devenir le nôtre entre les mains d'une IA forte, apprenant par elle-même sa supériorité et notre incertitude quant à ce que vous voulons à son endroit, et qui nous réduirait à des commodités muettes ou des nuisances.

Bref, il s'agit d'un livre stimulant, riche, distanciant certains lieux communs, servant bien ses objectifs de (préparer à) regarder sérieusement ce que l'éducation et l'intelligence peuvent devenir.
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une réflexion assez complète sur les perspectives d'avenir qui nous attendent avec les évolutions technologiques en cours. On trouve beaucoup d'informations intéressantes.
L'auteur ouvrent de nombreuses pistes de réflexion mais vire parfois un peu au sensationnalisme.
Un livre à conseiller malgré tout à ceux qui souhaite connaitre les enjeux liés à l'intelligence artificielle.
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Bon, on va pas se mentir, avec l'IA, on est mal barré (et ça vaut aussi pour les gros QI !)
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