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EAN : 9780265065570
132 pages
Forgotten Books (15/05/2018)
4.5/5   1 notes
Résumé :
I - Invocation en couleur antique
II - Classement des spécialités
III - Un phare au milieu des écueils
IV - Être ou n’être pas ses meubles
V - Les Arthurs
VI - La correspondance
VII - La table d’hôte
VIII - La Lorette au carnaval
IX - Excentricités
X - Budget de la Lorette
XI - Les médecins de la Lorette
XII - Ce que deviennent les vieilles Lorettes
XIII - Un poème
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Indéfinissable lorette : paresseuse, maligne, empruntant quelques caractères d'hommes : fumant le cigare, se travestissant, mais adoptant tout aussi bien avec excellence une attitude séductrice toute féminine…
Elle a le travail en horreur : « elle commence à broder une descente de lit, un porte-cigares, une pantoufle, une demi-paire de bretelles, mais personne ne peut témoigner qu'aucun de ces ouvrages ait jamais été terminé » Elle se donne néanmoins corps et âme pour tout type de filouterie sophistiquée.

Courtisane comme une autre, elle profite de l'argent de ses amants mais ce qui lui est singulier est son côté « génie des affaires » : elle monte ingénieusement de véritables entreprises pleines de petites filouteries, d'escroqueries :

Elle se rend au marché et attire à son filet quelques bourgeois ennuyés et naïfs :
« J'ai ouvert une table vous dit-elle, vous viendrez n'est-ce pas ? (…) »
Sa table d'hôte est la plus distinguée, la plus recherchée : « La spéculatrice déroule verbalement la carte du menu quotidien ; elle a les meilleurs fournisseurs de Paris, un sommelier du roi lui donne du vin en contrebande, et un courrier de la malle-poste lui apporte du Périgord des truffes. La table est des mieux composées ; il y a des peintres, des comédiens (…) »

Une fois réglé au prix fort le billet d'entrée, le nouvel hôte découvre qu'il n'y a ni argenterie, ni truffe, ni vins d'exception et pas même le droit à un bon poisson. Des hôtes grossiers se disputent des ailes de poulets, ce qui compose les spirituelles conversations promises avec les mets d'exception.

On joue à de drôles de jeux de table, le nouvel hôte perd et sans l'avoir prévenu on s'exclame autour : « Ah Ah perdu ! À l'amende ! … Vous devez une bouteille de champagne, dit la Maîtresse de maison » ; bouteille payée pour 4 fois pour son prix.
Ou encore à des enchères improvisées où de mauvaises pacotilles sont vendues à prix fort, quelques complices faisant habilement montés les enchères.

Si elle se rend au carnaval, c'est encore pour y flouer quelques innocentes victimes :
« dis donc, tu ne t'amuses guère… Moi aussi je m'embête (elle baille) - il y a mieux que ça (le carnaval) »
« Où ? »
"Où, reprit la sirène, vous le saurez si vous voulez me faire l'honneur de mettre votre nom sur la liste de souscription. Je donne jeudi un grand bal dans le salon de Grignon »
Le prix est fort élevé, mais fort heureusement, elle concède à l'inconnu une remise, ayant le privilège de bénéficier d'un tarif « ami »
« Voulez-vous me permettre de me compter au nombre de vos amis ? »
« Mais certainement. »
Bien entendu, tout le monde peut prétendre à ce tarif « ami ».

Le brave et honnête médecin n'échappe pas à ses filouteries : elle lui emprunte un parapluie sans lui rendre, dérobe sous ses yeux une statuette en affirmant « Docteur c'est pour me rappeler que je vous dois deux visites » ou même lui demande de lui prêter de l'argent… C'est le médecin qui paie au malade sa visite.

Courtisane débutante ou d'un niveau moyen, la lorette est rarement riche, se contente fort bien d'un amant clerc d'huissier ou d'un petit vaudevilliste. Elle tira toujours un profit, même minime, de l'amant qu'elle affectionne : le clerc d'huissier lui apportera quelques beaux châles dérobés lors de ses saisies et les petites portes du théâtre lui seront ouvertes par son amant vaudevilliste.

Passé quelques floueries sans grande conséquence, la lorette n'est pas une femme dangereuse tant qu'elle n'a pas envie de se venger.
Si elle est humiliée ou trompée par son amant, elle peut, en toute disproportion :
- Ecrire une lettre au procureur du roi en accusant son amant d'attentat contre l'Etat.
- Crier « au voleur !… » en créant une scènette de vol de à l'arrachée, au moment-même où un officier de police rôdait près d'elle, accusant son amant et ajoutant « caporal mettez les menottes à ce drôle qui se permet de me tutoyer ; il se croit sous la République : jamais je n'ai vu cet être »
- Ou encore, sans aucune pudeur, interrompre tout un théâtre en s'écriant « Adolphe, aurez-vous bientôt fini de lancer votre prospectus aux actrices ? » quand son amant regarde langoureusement les actrices.

En autres excentricités, la lorette aime se travestir en homme malgré l'interdiction par arrêté préfectoral (hors période de carnaval). Elle supplie le préfet, rivalise d'imagination pour obtenir une dérogation à l'arrêté et une fois obtenue : « elle fait la roue avec sa canne, arrête les passants qui fument et allume son cigare au leur (…) »

Ses correspondances sont soignées, étudiées et empoisonnées surtout : toute lettre envoyée est consignée précieusement, archivée, collectionnée, triée dans l'idée de menacer le correspondant plus tard en ressortant les lettres au public.
C'est notamment comme cela qu'elle obtiendra par ses anciens amants, devenus préfets, procureurs, députés… de bonnes positions passé la trentaine, la lorette vieillit bien, elle ne perd en rien de toute sa malice : « Elle obtient tout, sous condition de ne pas publier ses mémoires et de brûler les anciennes lettres d'amour. Les hommes en place ont une peur atroce des souvenirs de jeunesse »

Intelligente et coquette lorette, à l'identité mystérieuse, on l'admire et on l'a craint, elle n'est jamais attaquée par l'auteur pour ce qu'elle est, ce sont plutôt ses victimes qui sont cruellement moquées, toujours avec quelque exagération et un humour sarcastique.
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