Il est tombé dans la douche m’ sieur ! -On essaie de l’aider à se relever
Quand elle rentre à la maison et qu’elle découvre ma lèvre explosée et mon T-shirt déchiré, ma mère dit :
Tu t’es encore bagarré, ce n’est plus possible, Ludovic !
_ Non maman, je ne me suis pas battu, ils me sont tombés dessus à six contre un, je n’avais aucune chance. J' veux plus aller au collège, ça va jamais s’arrêter. S’il te plaît, j'veux pas y retourner.
Mais je me tais, parce qu’elle a la vie dure, ma mère. Elle n’arrête pas de me dire : c’est pas facile, Ludo, je suis toute seule tout le temps, je suis crevée, j’arrête pas de bosser ! Tu es grand maintenant, aide-moi au lieu de tout compliquer !
Je sais qu'il faut que je redresse le menton. Je ne raconte pas la fin.
Comment être invisible quand on pèse quatre-vingt-treize kilos ? Mon surnom est Bouloule.
Gonfler la poitrine quand ils m’insultent, devenir un bloc de béton et parer les coups, foncer dans le tas.
__ Tu t'es encore bagarré,ce n'est plus possible,Ludovic!
Non,maman,je ne me suis pas battu ,ils me sont tombés dessus.A six contre un ,je n'avais aucune chance.j'veux plus aller au collège,ça va jamais s'arrêter.S'il te plaît,j'veux pas y retourner.
Mais je me tais,parce qu'elle a la vie dure,ma mère.Elle n'arrê pas de me le dire: "C'est pas facile ,Ludo,je suis toute seule tout le temps, je suis crevée ,j'arrêpas de bosser!Tu es grand maintenant,aide-moi
"Non, maman, je ne me suis pas battu, ils me sont tombés dessus. A six contre un, je n'avais aucune chance. J'veux plus aller au collège, ça va jamais s'arrêter." (p. 6)
" Peu de personnes imaginent qu'un enfant puisse être un tortionnaire. Un vrai, un dur. A onze, douze, treize, quatorze ans, on n'est pas un criminel!" (p.51)
"Je ne raconte pas la fin. Il n'y a pas de fin. Tout a une suite."(p.93)
– Lâche prise, Ludo, écoute ce qui pulse au fond de toi, ne retiens rien, laisse vibrer… Les sons font exister les choses invisibles. C’est un langage. Écoute l’air qui entre et qui sort, ressens, laisse pénétrer la musique, mais... pas ici !
Il désigne mes oreilles…
– Là.
Il appuie sur mon ventre.
– C’est des tripes que tout part.
Je me fissure, je cède.
Je leur dis pourquoi je n’arrive plus à vivre.