Et la liberté ? C'est sans importance pour toi ?
"Ne sois pas bête, comment pourrais-je me moquer de toi ? répliqua-t-elle en essuyant ses larmes de rire. Je me souviens des leçons pour faire l'amour, dont Madame Violette a eu l'idée pour les élèves du plaçage.
_ Ne me dis pas qu'elle vous donnait des leçons !
_ Bien sûr, crois-tu que la séduction s'improvise ?
_ Maman sait cela ?
_ Pas les détails.
_ Qu'est-ce que cette femme vous apprenait ?
_ Peu de choses, parce que finalement Madame a dû renoncer aux cours pratiques. Loula l'a convaincue que les mères ne le toléreraient pas et que le bal irait au diable. Mais elle a essayé sa méthode avec moi. Elle utilisait des bananes et des concombres pour m'expliquer.
_ T'expliquer quoi ? s'exclama Maurice qui commençait à s'amuser.
_ Comment vous êtes faits, vous les hommes, et comme il est facile de vous manipuler, parce que vous avez tout à l'extérieur. D'un façon ou d'une autre, elle devait m'apprendre, tu ne crois pas ? Je n'ai jamais vu un homme nu, Maurice. Bon, seulement toi, mais à l'époque tu étais un gamin.
_ On peut supposer que quelque chose a changé depuis, dit-il avec un sourire. Mais ne t'attends pas à des bananes ou des concombres. Tu pécherais par optimisme.
_ Non ? Fais voir."
"Nous voulons nous marier, mon père, annonça Maurice.
_ Mais il y a le petit détail de la race, n'est-ce pas ? dit le prêtre dans un sourire.
_ Nous savons que la loi..., poursuivit Maurice.
_ Vous avez commis le péché de chair ? l'interrompit le père Antoine.
_ Comment pouvez-vous croire cela, mon père ! Je vous donne ma parole de chevalier que la vertu de Rosette et mon honneur sont intacts, proclama Maurice en rougissant.
_ Quel dommage, mes enfants ! Si Rosette avait perdu sa virginité et que tu désirais réparer le mal perpétré, je serais obligé de vous marier pour sauver vos âmes", leur expliqua le saint homme.
Toutes deux partageaient cette intimité qui, souvent dans l'exil, unit des personnes qui ne se seraient pas jeté un regard dans leur lieu d'origine.
Il serrait ses armes avec des doigts si raides qu'il était incapable de tirer. Il était trempé d'une sueur aigre dont il reconnaissait la puanteur : l'odeur de l'impuissance et de la terreur des esclaves martyrisés par Cambray. Il avait la sensation que son sort était scellé et que, tout comme les esclaves de sa plantation, il n'avait pas d'échappatoire. Il lutta contre la nausée et la tentation insupportable de s'accroupir dans un coin, paralysé par une abjecte lâcheté. Un liquide chaud mouilla sa culotte.
Nous ne pouvons protéger nos enfants ni leur promettre que nous serons près d'eux aussi longtemps qu'ils auront besoin de nous. Nous les perdons trop tôt, c'est pourquoi il vaut mieux ne pas leur donner le jour.
"Non pensare a cose brutte, Rosette, perché il pensiero fa sì che accadono."