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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« El colectivo », en V.O., s'ouvre sur cette phrase de Milan Kundera, qui résonne singulièrement pour le lecteur de de Beauvoir :
« Le roman n'est pas une confession de l'auteur, mais une exploration de ce qu'est la vie humaine dans le piège qu'est devenu le monde. »
Assis sur un banc, réfléchissant vaguement à cet épigraphe tchèque, alors que le tram me passe devant… J'en oublie tout ce qui m'apparaissait clair, un moment auparavant, à la lecture de ce court roman.
Sec, nerveux, poussiéreux, renfermé… traversé par une multitude de frontières… des images de notables de province étriqués… rafraichi par ces rares personnages doués d'un peu d'humanité, au milieu des autres…
Ce Collectif est économe, justifiant de l'absurde ces vies qui ne communiquent pas.
De son personnage principal, Ponce, nonchalant sociopathe, dont seule la petite soeur semble vivre réellement, à la figure de Gòmez, unique habitant de ce trou à circuler librement, en son coeur et à la face des autres, ce livre laisse une nette impression d'évidence, qui s'affadit une fois l'autobus passé, sans compromettre son efficacité.
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« La solitude n'est pas si mauvaise. Elle protège. »

Vous auriez dû écouter Victoria, la « petite » soeur de Ponce a compris.

Ponce. Marta. Mariés pour le pire avant tout. Vous vous êtes rencontrés furtivement, un soir triste, une envie de rompre la solitude il y a des décennies de ça, pas la meilleure des idées.

Et ce couple anonyme, elle en robe blanche, lui avec sa valise, vagabond de passage dans ce village où personne ne peut être ombre…

En très peu de lignes, Eugenia Almeida a installé une ambiance très particulière, pesante, dans ce roman où les peurs se croisent et nourrissent l'aveuglement des gens, chacun se renfermant en lui-même, gratifiant sa propre ignorance.

Avec sobriété elle raconte des destins fracassés qui vont se croiser dans ce village au moment où L'autobus doit passer les prendre. Mais l'autobus ne s'arrêtera pas. Il ne ramènera ni la petite Victoria, ni ce couple venu sans doute s'encanailler loin des regards… peut-être plus tard, l'autobus repassera et emportera les souvenirs amers.

« Le silence, c'est la santé » ...dans un système détraqué, manifestement, et ce, qu'il soit familial ou politique. L'autobus ne s'arrêtera pas ce soir.
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Un village argentin : le bus de 7 heures 30 ne s'arrête plus et la barrière du passage à niveau est baissée. Nul ne peut partir désormais, toutes les voies de communications étant interrompues ou surveillées. Autour de ces faits insolites, un grand émoi saisit la population : l'avocat, le gérant du café, le facteur, le commissaire, qui ne sait plus à quelle chaîne hiérarchique obéir, et d'autres. Au bout de quelques jours, un couple décide néanmoins de partir à pied en suivant la ligne de chemins de fer.
A travers cette situation simple et habilement brossée, c'est la dictature militaire avec ses disparitions quotidiennes et ses assassinats qui est évoquée. Quelques drames personnels font la trame de ces évènements : le mariage malheureux de l'avocat, la folie de son épouse, l'engagement militant caché de sa soeur Victoria, seule porteuse d'espoir dans cette tourbe humaine.
Le mystère qui plane, angoissant, et les relations entre les personnages ("Le silence c'est la santé ") font de ce livre une oeuvre extrêmement prenante qui pourrait sans nul doute être interprétée au théâtre.
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Tandis que la dictature militaire s'affirme en Argentine, les habitants de ce petit village de la province de Cordoba se croient épargnés : la rumeur exagère sans doute les échauffourées dans les grandes villes, tout rentrera dans l'ordre. Mais les menaces se précisent lorsque l'autocar ne s'arrête plus, rendant infranchissable la frontière entre les deux côtés (riches et respectables vs pauvres et minables).

Ambiance pesante dans ce roman aux allures de fable, qui rappelle certaines pièces sombres de Sartre et de Tennessee Williams.
Les caractéristiques de la dictature argentine sont évoquées plus ou moins explicitement : censure, manipulation de l'information, "disparitions", arrestations et exécutions sauvages pour l'exemple, encouragement à la délation. Paranoïa du peuple attisée par le pouvoir en place. Ne faites plus confiance à personne, apprenez à suspecter chaque inconnu d'abord, puis vos voisins et même les membres de votre famille, autant de "subversifs" en puissance. Ne réfléchissez plus et taisez-vous.
Dans un petit coin de ce triste cadre, on découvre une autre histoire sordide, celle du couple Ponce. L'auteur l'esquisse en quelques pages au milieu du récit à travers le portrait de cet avocat « raide comme la justice ». Homme dur et froid comme un bloc de pierre, figé dans son orgueil démesuré, faisant payer cher à sa femme une humiliation (née d'un malentendu ?) et piégé lui-même par la punition qu'il lui inflige.
La destinée sinistre de ce couple n'est pas liée au régime politique en place, mais elle lui ressemble et l'auteur l'inscrit habilement dans l'histoire à la façon d'un emboîtement de poupées russes. Une dictature qui isole l'individu, le réduit au silence, au néant. Comme le fait cet homme en brisant sournoisement son épouse, petit oiseau en cage qui s'échappe par ses rituels rassurants (et flirtant avec la folie ?).

Même si (ou parce que ?) l'auteur lance cette histoire de domination au passage, mine de rien, et n'y revient pas ou si peu, c'est cet épisode qui m'a le plus marquée. Je referme ce roman oppressant et dérangeant sur l'image de cette femme brisée.
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En exergue:
"Le roman n'est pas une confession de l'auteur, mais une exploration de ce qu'est la vie humaine dans le piège qu'est devenu le monde."
Milan Kundera

"Cela fait trois soirs que l'autobus passe sans ouvrir ses portes. le village est sous une chape métallique. Grise et légèrement ondulée. le seuil des maisons est maculé de terre et l'absence de pluie rend les chiens nerveux…"

C'est un village où le passage de l'autobus rythme les journées. Une voie ferrée le sépare en deux parties, qui ne sont pas destinées aux mêmes habitants. D'un côté il y a le vrai village, avec son hôtel, son docteur , ses habitants respectables, de l'autre "des putes, des voleurs, des vagabonds, des ivrognes. "
Un couple d'étrangers est à l'hôtel , des inconnus . La femme porte des sous-vêtements noirs, on a vu une bretelle de sa combinaison. Eux aussi attendent que l'autobus s'arrête, assez fébrilement. Mais l'autobus ne s'arrête pas, alors ils vont partir à pied, en suivant la foie ferrée.
Le décor de ce huis-clos étouffant est posé. le reste, quelques questions, peu de réponses et beaucoup de silences. de l'obéissance aux ordres qui viennent du haut. Un peu de remue-ménage, l'armée, des échos de fusillade , et un mot qui résout le problème pour tous, « subversifs ».

Dans son commentaire, Kathel parle du film de Carlos Sorin, Historias minimas. C'est tout à fait cela. Une petite histoire, comme cela. Les auteurs argentins ont un don particulier, pour décrire et traduire à travers la description de lieux confinés, étranglés sans aucune possibilité de communication extérieure, l'oppression, l'angoisse de tout ce qui n'est pas dit. Circulez, il n'y avait rien à voir, l'autobus va bientôt pouvoir s'arrêter de nouveau.

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Quelle belle découverte ! Et en plus c'est un premier roman, pour lequel Eugenia Almeida a reçu en 2005 en Espagne le prix Las Dos Orillas.
Dans un petit bourg perdu au fin fond de l'Argentine, depuis quatre jours l'avocat Ponce accompagne sa soeur pour prendre l'autobus. Un couple, client du café-hôtel du bourg l'attend aussi. Tous les jours l'autobus passe, mais sans s'arrêter. On se croirait au début d'une pièce de théâtre de l'absurde, mais peu à peu l'auteur nous révèle le drame intime du couple de l'avocat puis, encore plus progressivement la tension monte, les informations arrivent au compte-goutte,déformées par le bouche à oreille et la rumeur ou falsifiées par la censure, et le village se révèle le décor d'un autre drame, révélateur des injustices et des atrocités d'une dictature sous régime militaire. En à peine plus de cent pages l'auteur réussit à nous restituer l'ambiance malsaine de l'Argentine de 1976. Tout cela avec une grande finesse, tout en sobriété. C'est un roman qui invite à la réflexion, la situation d'une zone bouclée sans que l'on sache très bien pourquoi interpelle, l'ostracisme d'une partie du village par une autre aussi. Quelle serait notre réaction ?
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Dans une petite ville argentine, cela fait plusieurs soirs que l'autobus passe sans marquer l'arrêt, alors que des personnes l'attendent pourtant sur le bord de la route. Tout le monde au sein de la communauté, mais également les personnes de passage dans la bourgade et qui souhaitent la quitter, se demande ce qu'il peut bien se passer…
« L'autobus » est un court roman (moins de 130 pages) d'une grande retenue. L'atmosphère, déjà alourdie par l'orage qui menace, est rendue étrange, oppressante, par le fait que cet autobus passant le soir ne s'arrête plus, et ce, de façon délibérée. Que peut-il se tramer en dehors de la ville qui explique cette situation ? Quelle menace pèse sur ses habitants ? Coupés du monde, ceux-ci s'interrogent, cherchent à comprendre, les rumeurs circulent. Ce roman constitue en tout état de cause une subtile dénonciation de la dictature militaire argentine lors de la fin des années 70 / début des années 80, et de façon générale, de tout pouvoir autoritaire…
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Dans une petite ville du fin fond de l'Argentine, assis dans un café, un homme et une jeune fille attendent le bus.

Mais le bus ne s'arrête pas. 

Après quatre jours d'attente, où le bus passe à l'heure prévue mais ne s'arrête pas, ils décident de partir à pied vers leur destination 

Dans le village, les conversations bruissent autour de l'absence d'arrêt de l'autobus, et de la fermeture de la barrière du passage à niveau qui sépare la ville en deux mondes qui s'excluent : le côté des riches et celui des pauvres ...

Petit à petit, l'atmosphère devient plus pesante, des objets disparaissent, des animosités remontent à la surface, des couples s'interrogent - chacun de leur côté - 

Au fil d'informations sporadiques distillées par la radio, on devine des actes atroces perpétrés par l'Armée, la police, dans la capitale ...

Un roman qui, à mots couverts, rappelle les sombres heures de l'Argentine 

Ce roman a obtenu le prix Las dos Orillas en 2005.
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Un autobus qui passe dans un coin paumé des alentours de Cordoba, un village où l'on sait tout "qui vole qui,qui déteste qui,qui trompe qui". Pourquoi ne s'arrête-t-il pas alors qu'Antonio Ponce, homme des plus respectés gesticule à l'arrêt pour qu'il prenne sa soeur Victoria, "la seule faiblesse qu'il s'autorise", lui l'avocat intransigeant ?
Plusieurs fois de suite se renouvelle l'affront.
Car c'est bel et bien un affront qu'il ressent: "il a donné un ordre et on lui a désobéi".
Et Marta, son épouse trois pas en arrière qui rit et jase comme une idiote!
Qui pourrait imaginer, à présent,en détaillant cette poupée cassée,ce pantin métallique qui s'agite et devient fou, la jolie jeune fille aux yeux d'oiseau, la fille cultivée du juge Flores promise à un bel avenir bourgeois qu'elle a été?
Pourquoi le beau Maître Ponce à la peau mate de jadis, s'est-il retréci? Pourquoi, surnommé "le croque mort" durant ses études est-il venu enterrer sciemment Marta dans ce bout du monde alors qu'une belle carrière s'ouvrait à lui?
Un village retiré de tout mais dont l'air parfois se charge de la poudre d'une fusillade,des cris d'un couple de fuyards et dont la terre ensanglantée porte bien des douleurs.
Malgré quelques lenteurs au début avant de rentrer dans le vif du sujet, L'autobus est un superbe livre qui pointe son doigt sur l'Argentine pays trop souvent soumis à la dictature d'hommes rigides qui exercent leur pouvoir pour broyer comme ce Ponce dont le leit motiv est: "Les femmes sont des idiotes et les hommes sont des brutes".
Qu'est-ce que la vie? Qu'est-ce que le destin?Qu'est-ce que l'abus de pouvoir? Comment s'enclenchent les rapports d'un couple pour passer à côté du bonheur?Voilà un peu toutes les questions que soulève Eugenia Almedia,née en Argentine en 1972,est l' auteur de poèmes en langue espagnole et de la pièce du fond. L'autobus (prix LasDos Orillas 2005), traduit en plusieurs langues, est son premier roman.
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Il est difficile de parler de ce livre, tant l'écriture en est concise. Les phrases sont courtes, les dialogues, qui sonnent très justes, sont nombreux, mais contiennent une part de mystère, les choses sont dites à demis mots, et on comprend pourquoi en avançant dans la lecture, lorsque le drame se précise. Il n'y a pas de descriptions ni de fioritures inutiles. Je préfère ne pas en dévoiler trop. Pour ma part, j'avais lu tellement vite la quatrième de couverture que je partais sans idée aucune sur ce roman, et je crois que c'est comme cela qu'on l'apprécie le mieux !
Il m'a fait penser à certains films argentins, comme Historias minimas de Carlos Sorin (2002) qui ne sont absolument pas tape-à-l'oeil, mais touchent par leur subtilité et l'émotion qu'ils dégagent. Dans ce roman, il y a une dimension plus politique et critique vis-à-vis de toute forme de dictature, toutefois... Il s'avère donc que c'est une très bonne surprise, et j'espère retrouver cet auteur un jour, puisque c'est son premier roman.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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