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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est toujours très difficile de lire un livre d'un auteur Turc. Que ce soient Ohran Pamuk, Hakan Gunday, Asli Erdogan ou Ahmet Altan, les seuls que j'ai lus jusqu'à présent, on n'en ressort jamais indemne. Tant la réalité qu'ils décrivent est effrayante. J'aime beaucoup ce pays. Je l'ai traversé de la frontière Arménienne aux rives de la mer Egée, de Antioche à Istanbul, en passant par le grand centre Soufi de Konya, à la découverte de sites incomparables, où toutes les civilisations se sont croisées, et d'une population extrêmement chaleureuse et accueillante. Mais jamais le voyageur, jamais, ne se douterait des effroyables exactions qui se déroulent dans ce pays. Depuis le putch raté de 2016, Erdogan est devenu complètement paranoïaque, voire psychopathe. Ces « Textes de prison » remettent les pendules à l'heure. L'auteur y décrit son arrestation, complètement arbitraire, basée sur la délation. Puis son incarcération et la vie en cellule à laquelle il s'efforce de s'habituer. Cette mascarade, cette parodie de justice à laquelle lui et ses compagnons de cellules sont soumis lors du procès est à peine croyable. Idem pour son passage à l'hôpital. On assiste à sa « voix intérieure », pour ne pas sombrer dans la folie. S'émerveillant ici de pouvoir lire Tolstoï, se réjouissant là de recevoir avec parcimonie, quelques nouvelles de ses proches… Les chapitres sont courts, reflets de pensées personnelles ou simples descriptions de situations vécues dans la trivialité de la promiscuité que l'on peut imaginer.
Il faut lire ce livre, déjà par respect pour son auteur, puis pour se dire que nous avons la chance de vivre dans un pays où, pour le moment, on jouit d'une liberté incomparable. Même s'il faut toujours être à l'affût.
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"Dix-neuf textes de liberté écrits par l'écrivain turc opposant au régime de Erdogan emprisonné depuis 2016 et condamné à la perpétuité en 2018 pour des crimes imaginaires. Dans ce livre extraordinaire qui ne manque pas d'humour, rédigé dans une cellule collective bondée, Ahmet Altan nous donne une leçon de résistance : « Je ne suis pas en prison, je suis écrivain. Enfermez-moi où vous voulez, je parcours encore le monde avec les ailes de l'imagination. » "
Pierre-Romain Valère in DM
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Ce livre est d'une beauté bouleversante.
Je n'ai cessé de penser au poème de Paul Eluard «liberté ».
liberté dont est privé Ahmet Altan, arrêté par la police d'Erdogan après le putsch raté de 2016, accusé par les autorités d'avoir adressé des messages subliminaux appelant les opposants à Erdogan à fomenter ce putsch.
Dans ces textes, Ahmet Altan oppose à la force brute des militaires et de la police la légèreté de son stylo.
Il nous raconte son quotidien entre absurdité et brimades, mais ce qui ne le quitte jamais c'est l'espoir.
Ses accusateurs et ses geôliers ne réussissent pas à le détruire, la force de son imagination l'emporte hors des murs, ses pensées sont plus fortes que les barreaux de sa cellule.
Ahmet Altan a été condamné à une peine de perpétuité aggravée, puis sera libéré, pour être au final arrêté de nouveau quelques jours plus tard et immédiatement réincarcéré.
Un livre fort et puissant, témoignage de ce qui se passe dans la Turquie d'aujourd'hui.
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Ahmet Altan pourrait hurler à la mort comme le font les chiens. Arrêté au lendemain de la tentative de coup d'état de juillet 2016 contre Recep Erdogan en Turquie, condamné sans aucune preuve, il refuse le cri et les larmes et choisi de rester un homme libre que le crime ne peut atteindre dans l'essentiel de son être.
Entre les quatre murs de sa cellule, il se bat.
Il se bat pour rester debout, pour garder sa part de lumière, sa force de vie, son identité intacte. Il se bat pour dire non, pour rester entier, ne pas fléchir, ne pas tomber, refuser la cigarette du geôlier, refuser la facilité d'un dieu.
Il s'accroche aux images, il s'accroche aux rêves : il marche dans la neige, il réapprend à compter le temps pour mieux l'oublier, il contemple les mimosas sur la photo du mur. Il regarde les autres : barbier, tailleur, codétenus, il sait s'émouvoir et partager.
Ce livre rejoint les grands écrits de résistance face à la force qui broie et tue.
L'auteur démontre comment, la dignité, l'intelligence intérieure, la poésie, l'imagination, peuvent avoir raison des barbares.

« J'écris cela dans une cellule de prison.
Mais je ne suis pas en prison.
Je suis écrivain.
Je ne suis ni là où je suis, ni là où je ne suis pas.
Vous pouvez me jeter en prison vous ne m'enfermerez jamais.
Car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles. »

Après plus de mille jours dans les prison d'Erdogan, Ahmet Altan a été libéré en 2019.
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Ce livre est une pure merveille ! Merveille de sensibilité, d'humanité, d'intelligence, de culture, d'humour et de courage (n'en déplaise à son auteur). Ahmet Altan, journaliste et écrivain, croupit dans les prisons d'Erdogan, condamné sans preuve pour des raisons loufoques et contradictoires.
Il analyse son quotidien avec une acuité remarquable, son livre est passionnant et touchant.
C'est aussi une oeuvre sur la résilience grâce à la lecture, l'écriture, le rêve et l'imagination. Si vous aimez la littérature, vous aurez l'impression d'avoir rencontré un ami.
Le style est à la fois ciselé et dépouillé, comme les arabesques de l'art musulman.
Lisez-le, il a besoin de vous !
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Il est des pays où dire ce qu'on pense n'est pas la meilleure idée qu'on puisse avoir pour couler des jours « mal » heureux. La Turquie fait partie de ces nombreux endroits où la parole est en liberté conditionnelle, où le mot est sous surveillance, le verbe épié, disséqué, condamné.
Ahmet Altan, écrivain et journaliste Turc a été emprisonné et condamné à perpétuité quelques jours après la tentative de putsch contre Erdogan en 2016. La raison invoquée ? Avoir critiqué le gouvernement dans une émission de télé la veille et ainsi, selon Erdogan, avoir appelé à la révolte. En gros pour le pouvoir, il fait partie des instigateurs du coup d'état manqué.
Je ne reverrai plus le monde, ce sont des textes écrits en prison qui ont été sortis feuille après feuille par ses avocats.
Alors que je m'attendais à une charge sur la politique Turque, le nationalisme, la religion ou la liberté d'expression, alors que j'espérais, pour l'auteur, voir que les conditions d'emprisonnement avaient changées depuis Midnight Express (du fabuleux Alan Parker sur un scénario du non moins génial Oliver Stone), alors que… je sais qu'il ne faut jamais faire l'histoire avant d'avoir ouvert un livre, j'ai été surpris. Surpris par le ton du bouquin qui prend toutes mes attentes à contre pied de la plus belle manière qui soit.
« J'écris ces lignes depuis ma cellule. Mais je ne suis pas en prison. Je suis écrivain. Vous pouvez m'emprisonner mais vous ne pouvez pas me garder ici. Comme tous les écrivains, je suis magicien. Je peux traverser vos murs sans mal. »
Tout est dit, Ahmet Altan a choisi de nous dire le chemin qu'il a pris pour vivre sa détention arbitraire. Comment résister et ne pas se montrer abattu aux yeux de « l'ennemi », ne jamais lui donner l'espoir de son renoncement. Un moment de rêve, de méditation, un instant de poésie, furtif, fugitif et voila l'auteur de l'autre coté du mur.
Rien d'extraordinaire dans ces instantanés, rien de révolutionnaire dans ces petits textes et ces tranches de vie mais pourtant, assemblés les uns avec les autres, tous ensembles, quel grand livre.

Il m'est tout de suite venu un texte, une chanson après cette lecture, une des plus belles (lui qui n'a fait que des plus belles) de Daniel Balavoine à mon avis :

https://www.youtube.com/watch?v=DpY1kQiKHmA

Sous la torture
Derrière les murs
Les yeux remplis d'effroi
L'homme aux voeux purs
Souffre et endure
Les coups sourds de la loi
Noyés par les bulles rouges
Ses mots muets
S'élèvent et s'écrasent sur la paroi
L'écrivain plie mais ne rompt pas
Ressent une étrange douleur dans les doigts
Délire en balbutiant qui vivra vaincra

Dans la cellule du poète
Quand le geôlier vient près de lui
Quand plus personne ne s'inquiète
L'homme que l'on croyait endormi
Frappe avec sa tête

A court d'idées
Ils t'ont coupé
Et ta langue et les doigts
Pour t'empêcher
De t'exprimer
Mais ils ne savent pas
Qu'on ne se bat pas
Contre les hommes
Qui peuvent tout surtout pour ce qu'ils croient
Et l'homme infirme retrouve sa voix
Défie le monde en descendant de sa croix
Et sort la liberté de l'anonymat

Dans la cellule du poète
Quand le geôlier vient près de lui
Quand plus personne ne s'inquiète
L'homme que l'on croyait endormi
Frappe avec sa tête
Frappe avec ta tête...
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L'écrivain et journaliste turc Ahmet Altan a été emprisonné lors de la vague d'arrestations consécutives à la tentative de putsch de 2016 en Turquie. Ses caractéristiques : il est célèbre et, favorable à l'opposition, s'est exprimé dans le passé contre le gouvernement en place. Aujourd'hui âgé de soixante-neuf ans, condamné à perpétuité sans motif connu ni procès digne de ce nom, il a écrit ce livre du fond de sa cellule.


Voici une lecture qui laisse abasourdi et sans voix, horrifié de cette flagrante et révoltante atteinte aux droits de l'homme, mais tout autant étonné de la force de cet auteur, de taille à résister à l'anéantissement et, toujours, à faire entendre une voix que tout contribue à faire taire. Digne et douloureux, ce texte est un véritable pied-de-nez à l'oppression, la démonstration du pouvoir des mots, capables de traverser les murailles et de donner son vrai sens à la liberté.


Etonnamment légère et facile à lire, l'écriture est magnifique : éclairée, cultivée, profonde et élégante, elle impressionne par la sagesse et la qualité de ses réflexions, elle émeut par son humour et sa poésie, et elle vous plonge dans un profond respect tant pour l'auteur que pour son oeuvre. Ce témoignage d'une injustice et d'une expérience d'enfermement que le lecteur ressentira presque physiquement, est aussi un essai philosophique et un formidable hommage à la littérature, à la force des rêves et à l'indomptabilité de l'esprit. Tant qu'il y aura des livres, la pensée et les émotions seront toujours libres de voyager. Au-delà du coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un très grand livre. Il vaut mieux le découvrir plutôt que de lire des critiques déflorant le sujet. L'écriture est magnifique, ciselée, aucun mot ni paragraphe n'est en trop. Un chemin vers la résilience (une résonance particulière en temps de confinement) à partir du quotidien de la privation - injustifiée - de liberté.
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Journaliste, écrivain turc, Ahmet Altan, 69 ans, a été arrêté et emprisonné en 2016 à la suite de la tentative de putsch à Istanbul. Condamné à perpétuité.
De sa prison il écrit, ce qui le maintient vivant, lui permet de s'échapper d'entre ses murs. Il a beaucoup lu et voyagé et en imagination il arrive à s'éveiller tous les matins, non pas en prison mais, en entendant les oiseaux chanter au printemps, dans une villa entourée de grands jardins, en hiver et sous la neige, derrière les vitres de la datcha où se cache le Dr Jivago.
Sans haine, il dit ce qu'il vit en prison, les comportements de ceux avec qui il partage sa geôle. S'il ne subit pas de torture il est enfermé, sous-alimenté, parfois emmené à l'hôpital pour une radio, menottes aux mains. L'assistante ne lui permet même pas d'ôter les menottes pour l'examen, alors qu'elle doit savoir combien elles sont pénibles à supporter. Aucune humanité ni compassion, alors que, pratiquante, elle lit le Coran. Où est le bien dans sa religion ?
Après des procès qui n'en ont que le nom, en trois mots les juges le condamnent à perpétuité.
Ahmet Altan, contre toute attente, a été libéré le 5 novembre 2019. Comme il avait été libéré puis arrêté peu après, j'imagine qu'il craint le même scénario et doit vivre sur le qui-vive. Ce qui fut en effet le cas puisqu'il a à nouveau été arrêté 10 jours après avoir été libéré.
Un livre de réflexions, philosophiques parfois, et une manière de résister en prison en s'aidant par l'évasion intellectuelle.
"Vous pouvez me jeter en prison vous ne m'enfermerez jamais.
Comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles".
Une leçon de vie, une vue positive des choses, qui donne la force de vivre alors que le futur n'a aucune perspective puisque Ahmet Altan est emprisonné à vie. Ses écrits qui ne sont pas publiés en Turquie, ont été sortis de prison au fur et à mesure, par ses avocats.
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C'est un livre profond qui finalement est plus optimiste qu'il n'y paraît, car c'est presque un manuel de survie.
Quelle force de caractère !
Certes l'esprit est libre malgré l'enfermement et le jeu malsain de 'j't'enferme/j'te libère/j't'enferme/j'te libère/j't'enferme... mais il y faut tout de même une capacité peu ordinaire.
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