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Encore de Hakan Günday
La vie n'est jamais tout à fait routinière, elle sait nous réserver des surprises.
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Le Cercle littéraire de la BnF - Entretien du 14 septembre 2015 .
Pour cette vingt-cinquième édition du Cercle littéraire de la BnF, sont invitées Christine Angot pour Un amour imposssible (Flamarion) et Diane Meur pour La Carte des Mendelssohn (Sabine Wespieser éditeur). En fin d'émission, Alexis Brocas, du Magazine Littéraire, nous présente son coup de c?ur du mois : Encore (Galaade) d?Hakan Günday.
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Encore de Hakan Günday
La vie n'est jamais tout à fait routinière, elle sait nous réserver des surprises.
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Encore de Hakan Günday
Nous menions ces gens de l'enfer au paradis. Moi, je ne crois ni à l'un ni à l'autre. Mais ces gens-là étaient particulièrement crédules. Chez eux, c'était inné! Ils raisonnaient ainsi : s'il existe un enfer déchiré par la guerre et où l'on meurt de faim, il y a forcément un paradis.
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Encore de Hakan Günday
La seule chose insupportable, c'est que rien ne soit insupportable. -- Rimbaud-Verlaine, Agnieszka Holland, 1990
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Encore de Hakan Günday
La différence entre l'Orient et l'Occident, c'est la Turquie. Je ne sais pas si elle est le résultat de la soustraction, mais je suis sûr que la distance qui les sépare est grande comme elle. Nous, c'était là que nous vivions. Dans un pays où les politiciens, à la télévision, rappelaient tous les jours l'importance de la géopolitique. Au début, je ne savais pas comment comprendre. Cela voulait-il dire que notre pays était comme un bâtiment délabré devant lequel s'arrête en pleine nuit un autobus à l'intérieur ténébreux et aux phares éblouissants ? Qu'il est un immense pont de 1 565 kilomètres de long sur le Bosphore. Un pont géant infligé aux habitants de ce pays. Un vieux pont entre l'Orient aux pieds nus et l'Occident bien chaussé, sur lequel passe tout ce qui est illégal. Tout cela me chiffonnait. Et en particulier ces gens que l'on appelle les clandestins...Nous faisions tout notre possible pour qu'ils ne nous restent pas en travers du gosier. Nous avalions notre salive et nous expédions tout le contingent là où il voulait aller...Commerce d'une frontière à l'autre...D'un mur à l'autre...
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Encore de Hakan Günday
Pour haïr la victime, il n'était pas nécessaire de perdre du temps à faire personnellement sa connaissance. Il suffisait de sniffer quelques doses de la haine collective qui est en suspension dans l'air. Cela ressemblait à toutes les guerres qui ont été, sont et seront engagées au nom de symboles. (p. 46)
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Encore de Hakan Günday
Toutes les informations dont j'avais besoin se trouvaient là où les ignorants vont chercher la lumière, à savoir sur internet.
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Encore de Hakan Günday
Dieu était là pour ça, pour que les rois, les empereurs, les dictateurs, les chefs d'État fussent en position d'obéir, de laver leur conscience à la lessive de l'obéissance et de nous endormir en disant : "Tout vient de Dieu!" Seuls les leaders n'obéissaient qu'à Dieu.
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Encore de Hakan Günday
Il ne m'a fallu que cinq ans pour devenir un être terrifiant. Pourtant j'étais encore un enfant. J'avais 14 ans et pour moi la souffrance des autres n'était qu'un jeu, ce que je vivais me semblait irréel.
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Encore de Hakan Günday
Je vais me raconter une histoire et je vais la tenir pour vraie. Parce que chaque fois que je me tourne vers le passé, je constate des changements. Les lieux diffèrent, les traits se modifient. Rien ne reste à la même place dans cette existence. Les choses ne sont jamais contentes de la place qu'elles occupent. En fait, elles n'ont peut-être pas de place définie. C'est pour cela qu'elles ne restent pas dans le trou où tu les as laissées, que tu as creusé spécialement pour elles, à leurs dimensions. Tu en es pour tes frais! Elles se débinent dès que tu as le dos tourné, elles changent de place pour te rendre fou. Ton passé, surtout...
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Encore de Hakan Günday
Nous transportions de la chair. Uniquement de la chair. Le rêve, la pensée ou les sentiments n'étaient pas inclus dans le prix. Peut-être que s'ils avaient payé assez cher, nous nous serions débrouillés pour les faire passer sans dommage. J'en aurais même fait une affaire personnelle, j'aurais veillé à ce que les rêves qu'ils avaient formés dans la maison- ou dans le trou, quel qu'il soit, où ils étaient nés- ne se brisent pas durant le trajet. (p. 20)
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Bouvard et... (Gustave Flaubert)