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Romancier, essayiste et journaliste turc, Ahmet ALTAN a été arrêté à son domicile le lendemain du coup d'état du 15 juillet 2016 à Istanbul et Ankara à l'instar de milliers de militaires, d'enseignants, de journalistes, d'écrivains ... arrêtés et emprisonnés de manière arbitraire sur simple soupçon d'avoir participé au renversement du gouvernement de Erdogan.
I a 69 ans, il est condamné à perpétuité...
Au fond de sa cellule, il arrive à mettre par écrit son expérience quotidienne, ses réflexions et méditations. L'écriture est salvatrice. Il s'en remet à son imagination , à la force des mots pour survivre.
Inutile de préciser que ces lettres sont sorties clandestinement et sont interdites en Turquie .
Un livre d'une résilience exemplaire.
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Ce livre est d'une beauté bouleversante.
Je n'ai cessé de penser au poème de Paul Eluard «liberté ».
liberté dont est privé Ahmet Altan, arrêté par la police d'Erdogan après le putsch raté de 2016, accusé par les autorités d'avoir adressé des messages subliminaux appelant les opposants à Erdogan à fomenter ce putsch.
Dans ces textes, Ahmet Altan oppose à la force brute des militaires et de la police la légèreté de son stylo.
Il nous raconte son quotidien entre absurdité et brimades, mais ce qui ne le quitte jamais c'est l'espoir.
Ses accusateurs et ses geôliers ne réussissent pas à le détruire, la force de son imagination l'emporte hors des murs, ses pensées sont plus fortes que les barreaux de sa cellule.
Ahmet Altan a été condamné à une peine de perpétuité aggravée, puis sera libéré, pour être au final arrêté de nouveau quelques jours plus tard et immédiatement réincarcéré.
Un livre fort et puissant, témoignage de ce qui se passe dans la Turquie d'aujourd'hui.
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Ahmet Altan pourrait hurler à la mort comme le font les chiens. Arrêté au lendemain de la tentative de coup d'état de juillet 2016 contre Recep Erdogan en Turquie, condamné sans aucune preuve, il refuse le cri et les larmes et choisi de rester un homme libre que le crime ne peut atteindre dans l'essentiel de son être.
Entre les quatre murs de sa cellule, il se bat.
Il se bat pour rester debout, pour garder sa part de lumière, sa force de vie, son identité intacte. Il se bat pour dire non, pour rester entier, ne pas fléchir, ne pas tomber, refuser la cigarette du geôlier, refuser la facilité d'un dieu.
Il s'accroche aux images, il s'accroche aux rêves : il marche dans la neige, il réapprend à compter le temps pour mieux l'oublier, il contemple les mimosas sur la photo du mur. Il regarde les autres : barbier, tailleur, codétenus, il sait s'émouvoir et partager.
Ce livre rejoint les grands écrits de résistance face à la force qui broie et tue.
L'auteur démontre comment, la dignité, l'intelligence intérieure, la poésie, l'imagination, peuvent avoir raison des barbares.

« J'écris cela dans une cellule de prison.
Mais je ne suis pas en prison.
Je suis écrivain.
Je ne suis ni là où je suis, ni là où je ne suis pas.
Vous pouvez me jeter en prison vous ne m'enfermerez jamais.
Car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles. »

Après plus de mille jours dans les prison d'Erdogan, Ahmet Altan a été libéré en 2019.
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Ce livre est une pure merveille ! Merveille de sensibilité, d'humanité, d'intelligence, de culture, d'humour et de courage (n'en déplaise à son auteur). Ahmet Altan, journaliste et écrivain, croupit dans les prisons d'Erdogan, condamné sans preuve pour des raisons loufoques et contradictoires.
Il analyse son quotidien avec une acuité remarquable, son livre est passionnant et touchant.
C'est aussi une oeuvre sur la résilience grâce à la lecture, l'écriture, le rêve et l'imagination. Si vous aimez la littérature, vous aurez l'impression d'avoir rencontré un ami.
Le style est à la fois ciselé et dépouillé, comme les arabesques de l'art musulman.
Lisez-le, il a besoin de vous !
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Il est des pays où dire ce qu'on pense n'est pas la meilleure idée qu'on puisse avoir pour couler des jours « mal » heureux. La Turquie fait partie de ces nombreux endroits où la parole est en liberté conditionnelle, où le mot est sous surveillance, le verbe épié, disséqué, condamné.
Ahmet Altan, écrivain et journaliste Turc a été emprisonné et condamné à perpétuité quelques jours après la tentative de putsch contre Erdogan en 2016. La raison invoquée ? Avoir critiqué le gouvernement dans une émission de télé la veille et ainsi, selon Erdogan, avoir appelé à la révolte. En gros pour le pouvoir, il fait partie des instigateurs du coup d'état manqué.
Je ne reverrai plus le monde, ce sont des textes écrits en prison qui ont été sortis feuille après feuille par ses avocats.
Alors que je m'attendais à une charge sur la politique Turque, le nationalisme, la religion ou la liberté d'expression, alors que j'espérais, pour l'auteur, voir que les conditions d'emprisonnement avaient changées depuis Midnight Express (du fabuleux Alan Parker sur un scénario du non moins génial Oliver Stone), alors que… je sais qu'il ne faut jamais faire l'histoire avant d'avoir ouvert un livre, j'ai été surpris. Surpris par le ton du bouquin qui prend toutes mes attentes à contre pied de la plus belle manière qui soit.
« J'écris ces lignes depuis ma cellule. Mais je ne suis pas en prison. Je suis écrivain. Vous pouvez m'emprisonner mais vous ne pouvez pas me garder ici. Comme tous les écrivains, je suis magicien. Je peux traverser vos murs sans mal. »
Tout est dit, Ahmet Altan a choisi de nous dire le chemin qu'il a pris pour vivre sa détention arbitraire. Comment résister et ne pas se montrer abattu aux yeux de « l'ennemi », ne jamais lui donner l'espoir de son renoncement. Un moment de rêve, de méditation, un instant de poésie, furtif, fugitif et voila l'auteur de l'autre coté du mur.
Rien d'extraordinaire dans ces instantanés, rien de révolutionnaire dans ces petits textes et ces tranches de vie mais pourtant, assemblés les uns avec les autres, tous ensembles, quel grand livre.

Il m'est tout de suite venu un texte, une chanson après cette lecture, une des plus belles (lui qui n'a fait que des plus belles) de Daniel Balavoine à mon avis :

https://www.youtube.com/watch?v=DpY1kQiKHmA

Sous la torture
Derrière les murs
Les yeux remplis d'effroi
L'homme aux voeux purs
Souffre et endure
Les coups sourds de la loi
Noyés par les bulles rouges
Ses mots muets
S'élèvent et s'écrasent sur la paroi
L'écrivain plie mais ne rompt pas
Ressent une étrange douleur dans les doigts
Délire en balbutiant qui vivra vaincra

Dans la cellule du poète
Quand le geôlier vient près de lui
Quand plus personne ne s'inquiète
L'homme que l'on croyait endormi
Frappe avec sa tête

A court d'idées
Ils t'ont coupé
Et ta langue et les doigts
Pour t'empêcher
De t'exprimer
Mais ils ne savent pas
Qu'on ne se bat pas
Contre les hommes
Qui peuvent tout surtout pour ce qu'ils croient
Et l'homme infirme retrouve sa voix
Défie le monde en descendant de sa croix
Et sort la liberté de l'anonymat

Dans la cellule du poète
Quand le geôlier vient près de lui
Quand plus personne ne s'inquiète
L'homme que l'on croyait endormi
Frappe avec sa tête
Frappe avec ta tête...
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Ce livre de Ahmet Altan est très intéressant et surtout poignant en sachant les conditions dans lesquelles il a été écrit.
L'auteur nous y fait part de diverses pensées, des idées, il nous partage son quotidien en prison, l'absurdité des procès en Turquie et des rafles suite au putsch raté de 2016. Certains dénoncent des personnes n'ayant rien fait afin simplement échapper à la prison, ils sont prêts à dénoncer des amis etc.
Ahmet Altan a une plume agréable et porte un regard très intéressant sur la littérature, notamment quand il aborde le fait que certains personnages dépassent leurs auteurs, comme par exemple Anna Karenine ou Emma Bovary.
L'auteur fait preuve de dérision mais garde néanmoins courage et reste positif. Il a des termes très forts, surtout quand il dit qu'il reste libre malgré les barreaux de la prison puisqu'il a son imagination pour lui. Être écrivain permet de voyager, puisqu'il accompagne en quelque sorte son livre et s'invite dans le salon ou la chambre des lecteurs des pays dans lequel il est traduit.
Je conseille cette lecture qui nous fait réfléchir sur divers sujets et sur notre chance d'être libres.
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L'écrivain et journaliste turc Ahmet Altan a été emprisonné lors de la vague d'arrestations consécutives à la tentative de putsch de 2016 en Turquie. Ses caractéristiques : il est célèbre et, favorable à l'opposition, s'est exprimé dans le passé contre le gouvernement en place. Aujourd'hui âgé de soixante-neuf ans, condamné à perpétuité sans motif connu ni procès digne de ce nom, il a écrit ce livre du fond de sa cellule.


Voici une lecture qui laisse abasourdi et sans voix, horrifié de cette flagrante et révoltante atteinte aux droits de l'homme, mais tout autant étonné de la force de cet auteur, de taille à résister à l'anéantissement et, toujours, à faire entendre une voix que tout contribue à faire taire. Digne et douloureux, ce texte est un véritable pied-de-nez à l'oppression, la démonstration du pouvoir des mots, capables de traverser les murailles et de donner son vrai sens à la liberté.


Etonnamment légère et facile à lire, l'écriture est magnifique : éclairée, cultivée, profonde et élégante, elle impressionne par la sagesse et la qualité de ses réflexions, elle émeut par son humour et sa poésie, et elle vous plonge dans un profond respect tant pour l'auteur que pour son oeuvre. Ce témoignage d'une injustice et d'une expérience d'enfermement que le lecteur ressentira presque physiquement, est aussi un essai philosophique et un formidable hommage à la littérature, à la force des rêves et à l'indomptabilité de l'esprit. Tant qu'il y aura des livres, la pensée et les émotions seront toujours libres de voyager. Au-delà du coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un très grand livre. Il vaut mieux le découvrir plutôt que de lire des critiques déflorant le sujet. L'écriture est magnifique, ciselée, aucun mot ni paragraphe n'est en trop. Un chemin vers la résilience (une résonance particulière en temps de confinement) à partir du quotidien de la privation - injustifiée - de liberté.
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Ce n'est pas facile d'écrire après la lecture d'un tel livre. Ahmet Altan fait partie de ces nombreux intellectuels enfermés arbitrairement par un pouvoir en plein durcissement après le coup d'état manqué de juillet 2016. Son dossier a suivi son cours et, malgré de nombreux rebondissements, ce journaliste de 69 ans est aujourd'hui encore en prison, condamné à la réclusion à perpétuité. Malgré deux romans déjà parus en France, je ne connaissais pas cet auteur et c'est grâce à une note de lecture d'une lectrice dont j'apprécie souvent les choix de lecture que je me suis laissée convaincre.
Et bien m'en a pris. C'est une lecture qui ne laisse pas indifférent. C'est toujours difficile de trouver les bons adjectifs dans ce genre de situation : le livre évoque des évènements sombres pour un pays, tragiques pour un homme, comment dire que l'on a aimé cette lecture malgré son côté éprouvant, malgré ce qu'il décrit.
Eprouvant, ce livre, parce qu'il décrit une situation véritable. Mais pourtant, pas du tout plombant, si je peux me permettre d'utiliser ce mot. Parce que tout cela est passé au filtre de la distanciation dont est capable l'auteur. Il vit son incarcération à la fois dans sa proche chair, et comme un spectateur qui intellectualise cette expérience. Il le dit à plusieurs reprises, aucune porte ni aucun mur ne résiste à un écrivain.
Mais ce n'est pas seulement cette force de l'imagination ni cette culture qui rendent la lecture de ce livre si bouleversante. C'est la façon tellement détachée avec laquelle il décrit son expérience. Sentant bien que le juge est plus embêté que lui de cette mascarade judiciaire : l'un y laisse sa liberté, l'autre loupe l'heure du café. Ce détachement et cet humour m'ont parus parfois de la fanfaronnade, mais une fanfaronnade nécessaire parce qu'elle permet de survivre à ces conditions d'enfermement, et une fanfaronnade d'un grand panache.
C'est un texte fort, publié dans différents pays mais bien sûr pas en Turquie. L'éditeur est étrangement silencieux quant à la façon dont ces textes ont été sortis de prison, et peut-être ce silence est-il nécessaire. C'est d'ailleurs un texte peu structuré qui est ici donné à la lecture. Si l'on suit globalement la chronologie des faits judiciaires, mais les textes sont toujours courts, et s'y intercalent des réflexions, des pensées, des rêveries.
En définitive, ce livre, avec ses petites imperfections, est, j'imagine, un reflet fidèle de son auteur. C'est une lecture poignante et paradoxalement pleine d'espoir. C'est aussi un livre qui m'emplit d'un grand respect pour Ahmet Altan, pour la façon dont il affronte sa détention. Je ne connaissais pas cet homme avant, ni son combat ni ses écrits. Je suis maintenant tout simplement admirative de ce qu'il réussit à transmettre dans ce court texte. Je n'ai pu m'empêcher de le comparer à Jean Zay dont j'ai lu il y a un peu plus d'un an des extraits de ses textes de captivité. le contexte est différent, leur attitude face à l'adversité est aussi différente, mais c'est la même dignité inaltérable, la même capacité infinie à trouver en soi les ressources de sa propre liberté.
Je referme ce livre avec un étrange mélange de serrement au coeur et de chaleur. Serrement au coeur car cette détention ne devrait pas même être et une chaleur pour l'espoir qui transpire de ce texte. L'espoir que l'esprit est malgré tout plus fort, que c'est l'intelligence qui triomphera parce qu'on ne peut l'étouffer.
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Il y a 2 livres dans ce livre : un témoignage forcément bouleversant, historique et politique. Des dizaines de milliers de personnes emprisonnées de façon tout-a-fait arbitraire, artistes, enseignants, militaires...
Et l'oeuvre littéraire, le combat intérieur d'un homme qui refuse de céder.
Ce deuxième livre m'a beaucoup moins convaincu. Je suis resté extérieur à ce style ampoulé, sans rentrer dans le vécu du narrateur. A trop vouloir décrire et expliquer, les sentiments finissent par manquer, et l'ensemble semble déshumanisé.
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