Ma parole, tu es vraiment une bleusaille ! Les quiétons ne voient pas la magie. Ils peuvent en subir les effets, mais leur cerveau cherche une explication rationnelle et gomme tout ce qui leur paraît bizarre.
C'est à cet instant seulement que Mornille remarqua les grosses écharpes de brume qui recouvraient le jardin. Le changement de température était brutal. En quelques instants, le givre avait envahi les carreaux de la roulotte. Très distinctement, Mornille vit pousser les tiges et les feuilles des citrouilles.
Qu'importe l'apocalypse, pourvu qu'on ait des chips !
"Ton petit fils sera mort dans trente secondes"
Du linge séchait d'une fenêtre à l'autre, entre les volets gris-bleuté, qui s'ouvraient sur la journée comme des paupières mal réveillées.
– Au cas où personne ne l’aurait remarqué, ça ne me plait pas d’impressionner les gens ! Je n’aime pas le regard méfiant qu’on me lance quand je passe à moins d’un mètre de quelqu’un comme si j’allais lui cogner dessus. Je n’aime pas que la fille que j’ai failli percuter me regarde comme si je l’avais fait exprès. Ou qu’elle s’imagine que je lui ai tiré les cheveux, juste parce que ses préjugés lui disent que c’est forcément moi le coupable ! La violence, ce n’est pas mon truc. L’autorité non plus. Je n’aime pas… forcer les gens à faire des choses contre leur gré. Et les serpillières non plus, d’accord ?
L’ouvrage fit poussivement défiler ses pages devant les yeux de Mornille et elle eut le cœur serré en constatant que l’encre en était presque complètement effacée. La perle blanche incrustée dans la reliure était ternie, elle aussi. Mornille referma le volume et le reposa : ça ne se faisait pas de toucher le grimoire de quelqu’un d’autre.
Assise dans son fauteuil à bascule, la propriétaire du grimoire, Dame Mélise, gardait les yeux dans le vague. Mornille avança une main timide pour rajuster l’étole qui s’était avachie sur le bras trop maigre de la vieille dame.
Cette dernière avait meilleure allure, à présent… Quand Mornille l’avait retrouvée, elle était si sale, si dépenaillée… !
C’était une sorte de sablier. Un sable doré était maintenu dans la partie supérieure et paraissait ne pas vouloir s’écouler. Sur le cadre, trois étoiles étaient réparties.
Maître Lin pointa le doigt sur le sable retenu en haut du sablier :
- Ça, c’est la quantité de magie à laquelle tu as droit.
Puis il indiqua la partie inférieure, vide pour le moment.
- Et cette partie-là, c’est ce que tu as déjà utilisé. Au bout d’un mois, le sablier se retourner de lui-même.
- Et si on n’a pas tout utilisé ? demanda Charly qui essayait de suivre.
- Malheureusement, ça n’arrive jamais. La magie se dépense hélas beaucoup trop vite.
Le geste était étudié et les cheveux volèrent avec grâce avant de se replacer en rang impeccable dans son dos. Mandrin avait lorgné le mouvement avec la gourmandise de celui qui découvre un nouveau jouet. Des souvenirs de pelotes de laine emberlificotées dansaient dans sa mémoire. Le chat regarda Maître Lin, Maître Lin regarda le chat. Et le chat décida de ne pas prendre de risque. Histoire de ne pas perdre la face, il se vautra sur un fauteuil comme un vrai prince sans gêne et eut la satisfaction de voir qu'il laissait des poils partout. (p.58)
Elle a vraiment des super-pouvoirs! C'est pas humain de résister à un charme aussi foudroyant que le mien!