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4,2

sur 4815 notes
Avec ce roman, vous allez voir ce qui se passe à l'intérieur d'un foyer musulman où prévaut la polygamie. Dans la vraie vie, c'est presqu'impossible. Un étranger ne franchira jamais l'enceinte de la « concession » où l'homme a rassemblé ses coépouses pour mieux les surveiller. Tradition et patriarcat font loi. Une jeune fille n'a d'autre espoir que de faire un mariage décent. Elle doit renoncer à l'instruction et à l'amour (quel amour ? « Une femme heureuse se reconnaît à ses voyages à la Mecque et à Dubaï »), car se marier avec l'homme qu'on aime, « c'est une idée de blanc ». Sitôt sa jeunesse évanouie, après de multiples grossesses, la première épouse doit accepter la venue d'une jolie vierge qui lui ravira les faveurs de son mari. S'engage alors une lutte sans pitié entre les rivales. Ce livre en raconte cette affreuse réalité au quotidien. Tous les moyens sont bons pour se nuire, du maraboutage jusqu'à l'invocation d'Allah, dans les cas de force majeur. Comment ces femmes supportent-elles ces tensions ? En usant de patience (« munyal »), le seul remède possible, d'après leur famille.
« Les impatientes » (il y en a…) permet de se familiariser avec cette culture. A défaut de la comprendre, on a de l'empathie pour ces femmes asservies et combatives. On s'interroge, aussi. J'en veux pour preuve la discussion que j'avais eue avec une vieille Émiratie qui avait épousé son mari très jeune, qui avait appris à l'aimer et dont la coépouse était devenue son amie. Elle m'avait fait cette réflexion pleine de malice : « est-ce que c'est pire qu'un mari qui te trompe après quelques années de mariage ? » Notre débat passionné reste un de mes meilleurs souvenirs d'échange « interculturel ».
Un livre fort intéressant donc, qui fait réfléchir et voyager. Un seul regret : l'usage incessant du mot patience (ou munyal), concept central de cette histoire mais, il en faut… de la patience… pour le lire autant de fois en si peu de pages.
Entre nous, je ne suis pas certaine que, du point de vue littéraire, ce livre ait sa place dans la short-liste du Goncourt. Mais c'est rafraîchissant. La question est plutôt de savoir pourquoi Laurent Mauvignier n'y est pas.
Bilan : 🌹🌹
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Un livre comme un cri, celui de trois femmes, trois filles, Ramla, Hindou, et Safira, qui se dévoilent tour à tour dans cette vie d'acceptation et de patience imposée aux femmes peules musulmanes, au nord du Cameroun.

Une fille ne doit pas aller à l'école, nul besoin d'être éduquée pour être soumise à la volonté d'un père, puis d'un époux tout puissant et d'une belle famille. Dans ces familles aux pères polygames, les filles sont une monnaie d'échange qui permet de conforter leur pouvoir et leur place au sein de la famille et dans la communauté. Elles sont mariées en fonction de tractations entre les hommes, qui à un plus âgé, qui à un cousin, doivent accepter les autres épouses qu'on leur impose, n'ont aucun droit si ce n'est d'être patiente, obéir, se soumettre et accepter.

Safira, la première épouse, devient une daada saaré  lors de l'arrivée de la deuxième épouse âgée d'à peine dix-sept ans, Ramla. La jalousie de celle qui fut pendant plus de vingt ans l'épouse unique, et les médisances qui accompagnent la nouvelle épouse, belle et jeune, vont rendre la vie bien difficile à l'une comme à l'autre. Pendant ce temps, Hindou, la soeur de Ramla, va subir les coups, la violence, les viols répétés (au sahel, le viol est une habitude, voire une culture, surtout les soirs de noces) de son incapable, alcoolique et drogué de mari qui est aussi son cousin. Car dans ces familles aux multiples épouses, les enfants sont légions, et les filles sont données en mariage sans aucune considération de leurs desiderata. D'ailleurs, les femmes ne doivent même pas exprimer la moindre volonté, ni ensuite parler de leurs problèmes ou de leurs malheurs car cela pourrait porter préjudice à la fratrie, à leur mère, et se retourner contre la famille, seul le silence et la patience sont possibles.
Un seul mot d'ordre donc, la patience, celle d'endurer, d'écouter, de subir, de souffrir, d'enfanter, de se taire, de travailler, d'obéir. Un époux et un père ont tous les droits, une fille n'en a qu'un, accepter.

Tout au long du roman au style parfois déconcertant de simplicité, mais sans doute puise t-il là toute sa puissance, ce mot là est répété à l'envi, patience, Munyal.
Je sors de cette lecture révoltée contre ces hommes qui imposent, qui mutilent, qui exploitent les filles au prétexte qu'elles sont femmes, et en utilisant l'alibi facile de la religion et de la tradition.

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Un roman écrit par une écrivaine, africaine, de surcroît féministe et qui reste en lice dans le dernier carré pour le prix GONCOURT, LES IMPATIENTES de Djaïli AMADOU AMAL avait tous les ingrédients pour aiguiser ma curiosité et elle a été assouvie …..

A la lecture du roman de Djaïli AMADOU AMAL, je me suis demandé si le récit de ces trois épouses était un récit d'un autre temps ou bien un récit contemporain…Et à ma grande surprise et consternation, j'ai compris rapidement que les pratiques et coutumes décrites dans ce très beau et bouleversant roman ont encore cours de nos jours au SAHEL, que les femmes subissent encore aujourd'hui le même sort que Ramla, Safira et Hindou. Trois prénoms qui resteront longtemps gravés dans ma mémoire tellement leurs histoires m'ont marquée. Et pourtant compte tenu de la persistance de certaines pratiques ancestrales dans ces contrées telles que l'excision, il est évident que j'aurais dû être bien moins naïve me direz-vous !

A certains moments de ma lecture, j'avais envie de crier tellement je me sentais impuissante à lire les passages concernant les violences conjugales subies par Hindou, j'ai été atterrée par les réactions des familles, le manque d'empathie des proches, cette polygamie qui exacerbe les jalousies, démultiplie les plaisirs masculins et je suis restée hébetée par les recours incompréhensibles et crédules à des charlatans sous prétexte d'améliorer la situation de ces épouses ou de sauver leur peau. Bref, j'ai eu un noeud au ventre à la lecture de certains évènements tellement mon malaise était grand. Mais j'ai aussi pensé que ce roman était important, bénéfique et utile pour toutes ces femmes peules, musulmanes qui subissent le même sort.

Et puis, j'ai pensé à Djaïli AMADOU AMAL qui a eu le courage, avec le soutien de son époux, c'est à souligner, d'écrire ce roman polyphonique audacieux et nécessaire. Sa détermination, sa sollicitude envers ses soeurs peules se ressentent largement dans son écriture avec cette idée fixe en permanence scandée par tous « patience, Munyal ! », ce mot qui agace et écoeure .

Le sujet étant suffisamment important et fort pas besoin de grandes envolées pour évoquer la souffrance, la soumission, la solitude, la violence et malgré tout la révolte sourde de ces femmes, la simplicité du style se suffit à lui-même.

Djaïli AMADOU AMAL a écrit un roman puissant et militant. Je me réjouis que sa sélection pour le prix GONCOURT lui offre une vitrine, qu'il soit mis en avant et lu par le plus grand nombre !

Lien : http://cousineslectures.cana..
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Magnifique roman qui se déroule au Cameroun où des femmes musulmanes racontent leurs vies soumises à la volonté et l'autorité implacables de l'homme, père ou mari . Hindou est contrainte d'épouser un drogué alcoolique et violent, Ramla, sa demi-soeur, contre son gré également devient la seconde épouse d'un homme riche de cinquante ans. Safira, la première épouse, la « daada-saaré » âgée de 35 ans, jalouse développe un arsenal impressionnant d'expédiants divers et variés pour évincer Ramla…Ces trois femmes esclaves a qui on assène le devoir de « Munya »(patience), en toutes circonstances et comme remède à tous les maux doivent subir sans broncher ! Elles sont prisonnières d'un système bien rodé de mère en fille, la désobéissance de la fille rejaillit sur la mère en la culpabilisant encore un peu plus. Une narration saisissante et forte qui ferait presque passer « Me Too » pour un mouvement de riches bobos toujours insatisfaits !
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Au Cameroun, dans la communauté peule traditionnaliste sans concession, aux croyances musulmanes archaïques, Ramla essaye de trouver sa place de jeune fille. Elle aime apprendre, souhaite devenir pharmacienne. Ramla aime aussi sa mère, en proie aux coups bas permanents des autres épouses de son mari. Elle vit dans une "concession" avec son père, ses oncles, leurs trois ou quatre femmes chacun, leurs dizaines d'enfants. La hiérarchie y est sévère et d'un autre temps.
Quand elle accepte enfin de se marier, avec un homme moderne, étudiant, qui acceptera qu'elle continue ses études, on décide du jour au lendemain de la marier à un autre homme de 20 ans son ainé.

"Je n'ai pas pleuré. Je n'ai pas riposté. J'étais déjà morte à l'intérieur."

Parce que Ramla sait qu'il n'y a rien à faire. On inculque dès le plus jeune âge à ces femmes, Ramla, Hindou, Safira qui racontent aussi leur version, à se soumettre, à se taire, à attendre.
Elles sont si impatientes de vivre pourtant ces femmes.

Je n'ai pas apprécié ce roman pour ses qualités littéraires (très sobres) mais pour ce qu'il véhicule.
À l'heure où une grande partie des associations féministes nous abreuvent de femmes voilées "par choix", ce livre nous rappelle toutes celles qui sont enfermées et ne pourront jamais témoigner de leur enfermement sur les réseaux, dans des livres, dans des articles de journaux.
Djaïli Amadou Amal leur a donné la parole. Elle sait de quoi elle parle.

Ce livre est un crève-coeur indispensable.

Merci l'Académie Goncourt d'avoir mis ce roman dans votre sélection. Merci de l'avoir conservé en 2e sélection. Merci à FEMEN d'avoir pris récemment la parole très courageusement à ce sujet.

Lien : https://carpentersracontent...
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Publié en Afrique sous le titre Munyal, les larmes de la Patience . 

Ces Impatientes : Ramla, Hindou et Safira sont trois femmes peuls musulmanes dont la vie est rythmée de cette injonction : Munyal, patience!

« Il est difficile, le chemin de vie des femmes, ma fille. Ils sont brefs, les moments d'insouciance. Nous n'avons
pas de jeunesse. Nous ne connaissons que très peu de joies. Nous ne trouvons le bonheur où nous le  cultivons. A toi de trouver une solutions pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C'est ce que j'ai fait, moi, durant ces années? J'ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs."

Trois destins de femmes qui sont liés par un double mariage : celui de Ramla et celui de sa soeur Hindou, 17 ans toutes les deux. Mariages arrangés, mariages forcés. Ramla, la lycéenne qui se voit pharmacienne, fiancée à son amoureux étudiant, se voit arrachée à ses rêves d'avenir pour se marier à un homme riche, la cinquantaine, déjà marié, un ami de son père. Hindou est promise à un de ses cousins, jeune et beau, mais alcooliques et drogué, violent.

Accepter tout de nos époux. Il a toujours raison, il a tous les droits et nous, tous les devoirs. Si le mariage est une
réussite, le mérite reviendra à notre obéissance, à notre bon caractère, à nos compromis ; si c'est un échec, ce
sera de notre seule faute. Et la conséquence de notre mauvais comportement, de notre caractère exécrable, de
notre manque de retenue. Pour conclure, patience, munyal face aux épreuves, à la douleur, aux peines.

Et les épreuves qu'elles subiront vont au-delà de ce que je pouvais imaginer.

Safira, est la première épouse, la daada-saaré celle qui règne sur la concession. Elle doit accueillir Ramla

C'est ta soeur! Ta cadette, ta fille, ton épouse. C'est à toi de l'éduquer, de lui donner des conseils, de lui montrer le fonctionnement de la concesssion....

Safira n'avait jamais imaginé partager son mari. Elle va se battre, par tous les moyens.

Réquisitoire contre la polygamie. Jalouserie et hypocrisie. Les enfants aussi sont les enjeux des luttes de pouvoir et de séduction.

C'est un constat cruel. Et un roman que l'on ne lâche pas une fois commencé.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Impatientes, patience, Munyal, patior, endurer, supporter, subir, souffrir, être victime.
Les trois impatientes de ce roman, "fiction inspirée de faits réels" sont contraintes à endurer, supporter, subir, souffrir et être victimes de la tradition patriarcale polygame et musulmane des Peuls. Sans cesse, on leur serine le même refrain "patience".
Ramla et Hindou sont demi-soeurs, Ramla aime les études, rêve de devenir pharmacienne et d'épouser Aminou, un futur ingénieur dont elle est amoureuse. Sa demi-soeur Hindou n'a pas de goût pour les études et se plaît aux activités féminines. Toutes deux sont mariées de force le même jour, leur père ne tolère aucune protestation, leurs mères les exhortent à obéir, leur propre sécurité de co-épouses du père, est en jeu. le jour du mariage, elles doivent écouter les préceptes du mariage selon les pères et les oncles jusqu'à ce que les mères et belles-soeurs les poussent "sans ménagements" vers la voiture de leur mari.
Hindou a été donnée en mariage à son cousin Moubarak, elle ne quitte donc pas la "concession" où vivent les oncles et son père mais elle n'a pas le droit de revenir chez elle, même quand Moubarak la bat, même quand il couche avec une prostituée dans le lit conjugal. Elle sombre un temps dans une profonde dépression mais ce n'est qu'une porte de sortie provisoire. Lasse des exhortations à la patience, elle finit par partir, on ne sait où.
Ramla a été donnée en mariage à Alhadji , un homme politique riche et prospère, un homme de 50 ans, elle est sa seconde épouse. Contrainte de taire sa révolte, elle semble avoir adopté l'attitude de patience qu'on attend d'elle mais la jalousie de sa co-épouse, la "daada-saaré" finit par lui rendre la vie impossible. Elle finit par partir, elle aussi.
La 3e femme dont on entend la voix dans ce roman est Safira, la " daada-saaré" de 35 ans qui voit d'un mauvais oeil arriver Ramla, la nouvelle épouse qui n'a encore que 17 ans. Lorsque Ramda lui prend son tour, son walaande, la jalousie de Safira n'a plus de bornes.
Extrait : le huitième jour, c'est mon tour. Mon walaande ! La lune de miel instaurée par la religion est achevée et, désormais, Alhadji doit se partager entre sa nouvelle épouse et moi. Je m'apprête à revoir mon mari.
Quand il m'a annoncé son désir de prendre une nouvelle épouse après vingt années de mariage, il avait pris une décision unilatérale qui, selon lui, n'avait rien à voir avec ma personne. Il s'en est arrogé le droit et a refusé d'en discuter. Par contre, j'étais libre de refuser cet état de fait et, en ce cas, il pouvait me libérer. Or, entre son envie de se remarier et son désir de me conserver, il avait déjà fait son choix. Il m'a rappelé que je ferais mieux d'être raisonnable et sage :
« Ouvre les yeux, Safira ! m'a-t-il dit. La polygamie est normale et même indispensable pour le bon équilibre du foyer conjugal. Tous les hommes importants ont plusieurs épouses. Même les plus pauvres en ont. Tiens ! Ton père est aussi polygame, non ? Si ce n'est avec moi, ça sera toujours avec un autre. Jamais tu ne seras seule chez un homme. Si tu étais un peu reconnaissante, tu remercierais plutôt Allah d'avoir été seule pendant toutes ces années. Tu as bien profité de ta jeunesse sans partage. C'est égoïste à présent de montrer de l'amertume. Et puis, serais-tu plus sage que le Tout-Puissant qui a autorisé les hommes à avoir jusqu'à quatre épouses ? Es-tu plus importante que les épouses du Prophète qui ont accepté dignement cette polygamie ? Penses-tu être un homme pour affirmer qu'on ne peut aimer plusieurs femmes à la fois ? »
Pourtant l'hospitalisation de Ramla rapproche un temps les deux femmes : " Comme toi, j'ai eu le coeur brisé le jour de ce mariage. Comme toi, je ne suis qu'une victime. Je ne suis qu'un caprice pour lui. À peine m'a-t-il aperçue qu'il a décidé que je lui appartiendrais, peu importe ce que j'en pensais. Mes parents non plus n'ont pas tenu compte de mes sentiments et n'ont pas entendu ma détresse. Je n'ai pas choisi d'être ta rivale ou de te prendre ton époux.
— Je ne savais pas. J'en suis désolée. Mais tu sais, tu es encore jeune et…
— Je ne suis plus jeune. On m'a volé ma jeunesse. On m'a volé mon innocence.
— À moi aussi."
Ce roman polyphonique évoque la condition féminine dans les peuples musulmans polygames au XXIe siècle, à l'époque du smartphone, de l'Internet, des voyages intercontinentaux en avion. On pourrait l'oublier tant la réalité évoquée dans ce roman est rétrograde ! À plusieurs reprises, j'ai même pensé aux Lettres Persanes de Montesquieu, seuls manquent les eunuques ! le recours à des Marabouts et à des pratiques magiques invraisemblables accroît encore cet effet d'un autre temps. Comment des mondes aussi distants peuvent-ils coexister, même à l'ère d'internet et des voyages en avions ?
Ce roman se lit très vite et sans peine, l'écriture est classique, la construction polyphonique explore diverses dimensions de la polygamie musulmane mais c'est un pamphlet très puissant dont on ne sort pas indemne.


Lien : http://www.lirelire.net/2020..
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ca faisait logntemps que je n avais pas été bouleversé par un roman. Djaili amadou Amal restera pour 2020 un vrai bijou. En denonçant la condition féminine au sahe , l auteure rappelle qu au 21e siecle , la coutume locale africaine pour les mariages forcés n a pas évolué. EN CITANT un cadeth du prophete : " malheur ç une femme qui met en colere son mari et heureux est la femme dont l époux est content d elle ", tout est dit. le viol est considéré comme une preuve d amour!! la femme africaine doit se plier au Munyal ( patience). Mon souhait c est qu en lisant le livre de Amadou , les mentalités changent au sahel afin de respecter la femme. le projet de publication du roman en france a été soutenu par la fondation Orange du livre et elle a obtenu le prix orange d afrique en 2019; a LIRE
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Dans la société peule camerounaise, « l'homme a tous les droits, la femme a tous les devoirs ».
Etre patiente c'est obéir, se soumettre, accepter, subir et surtout se taire. Car ici, la patience, ou munyal, est la solution à tout.
Ce roman polyphonique croise le destin de trois femmes musulmanes qui vivent à Maroua, au Nord du Cameroun, dans des concessions où se regroupe leur famille.
Ramla est fiancée et rêve de finir ses études et de devenir pharmacienne mais son père décide de la marier à 17 ans, à un homme âgé de 50 ans.
Hindou, son amie, se voit également mariée de force à un cousin violent et oisif.
Safira a seulement 35 ans mais mariée très jeune, elle est déjà mère de 6 enfants lorsqu'elle voit arriver dans sa concession, la seconde femme qu'a décidé de prendre son riche époux.
Et c'est bien le malheur qui s'abat sur ces trois femmes « impatientes » qui n'acceptent pas les choix faits pour elles par un père, un oncle ou un époux.
De ce traumatisme subi par manque de considération et de respect, vont émerger, selon leur capacité à se révolter contre l'ordre établi, des comportements différents qui vont de la fuite à la folie, en passant par le complot et la vengeance.
Mais le point commun de toutes ces femmes est leur statut de victime d'une violence physique et morale institutionnalisée.
Je repense en lisant ce terrible récit, à une réplique du Tartuffe à qui Molière faisait dire en 1667 : «Plus votre coeur répugne à l'accepter, Plus ce sera pour vous, matière à mériter. Mortifiez vos sens avec ce mariage."
Plus de 350 ans après, on pourrait encore appliquer ces vers que l'on pensait ne plus être d'actualité en 2020.
Un roman saisissant qui révèle une inacceptable réalité et que j'ai eu beaucoup de mal à supporter tant il m'a révoltée. Je suis incapable de tourner la page aujourd'hui et il demeure une blessure à ma condition de femme qui ne pourra pas se refermer face à une telle injustice.
Merci à Djaïli Amadou AMAL pour son courageux témoignage qu'il est impossible aujourd'hui d'ignorer.
J'ai hâte de voir la lumière venir enfin éclairer ces sociétés que la tradition maintient dans un mode de vie totalement archaïque.
Merci à lecteurs.com et aux Editions Emmanuelle Collas pour ce livre choc.
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Si le lecteur est nécessairement choqué, sidéré par le destin de ces femmes soumises par devoir et par coutume, le style simple et les phrases courtes, les multiples exclamations et les histoires qui se mêlent ne permettent pas de pénétrer complètement la vie de Ramla, d'Hindou et de Safira... (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/10/23/les-impatientes-djaili-amadou-amal/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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