Djaïli Amadou Amal possède une écriture très émouvante et l'on ressent assez rapidement que chaque mot provient du plus profond de ses tripes; et pourtant l'éducation qu'elle a reçue prône la retenue des sentiments et certaines barrières entre les membres d'une famille sont infranchissables.
C'est l'oeuvre d'une femme qui est sortie plus forte des drames vécus en s'arrimant au port de l'écriture.
C'est donc le cri du coeur d'une femme de lettres et militante féministe qui utilise sa plume comme une arme et dénonce avec une sincère brutalité la violence faite aux femmes africaines.
Elle est « la voix des sans voix »
Elle raconte le destin - malheureusement trop banal dans le Sahel camerounais - de trois femmes, trois êtres, trois destins brisés, trois vies dérobées, des rêves envolés, piétinés par la force d'une tradition ancestrale qui assujetti et maltraite les femmes en leur imposant les mariages forcés et la polygamie.
L'écriture de l'auteure africaine est plutôt simple, sans fioritures et pourtant la trame narrative possède la force coup de poing d'un documentaire.
Dans une envolée assez large allant de coutumes tribales à la pratique de l'ésotérisme, la romancière cherche à démontrer l'importance de l'éducation des filles, qui leur donne les ailes dont elles auront besoin pour s'affranchir.
Porté par une fulgurante lucidité et nourri par une remarquable capacité d'analyse, dans ce récit
Djaïli Amadou Amal accorde une attention extrême aux miroitements de l'âme, aux émotions contradictoires qui s'emparent des êtres dans le théâtre social et familial, quel qu'il soit.