Qui a entendu Ameisen à la radio sait à quel point sa voix est envoûtante, sans s'en apercevoir on se met à écouter et à comprendre la Science. Cette chose à côté de laquelle beaucoup d'entre-nous sont passés. « Se hisser sur les épaules des géants » dit-il pour voir plus loin, ses émissions devenues cultes ont fait l'objet d'un premier ouvrage. Pour qui n'a pas la chance de pouvoir l'écouter tous les samedis matin sur Inter (ce qui est mon cas), ses livres sont une alternative. Ameisen sait nous conduire vers un vrai savoir sans compliquer la route, il ne démarre jamais brutalement, il tourne autour du sujet, il le ficelle, le rend beau, le pare avant de nous le livrer et de nous charmer.
Prenons l'exemple des fourmis ou plus précisément du chemin que choisissent les fourmis pour aller jusqu'à leur nourriture. Ameisen démarre par … le palais de Cnossos où Pasiphaé la femme de Minos, roi de Crète, donna naissance au Minautore ! Oui, ça commence ainsi, parce que tout est relié, tout fait sens, tout est dans tout. Donc pour emprisonner cet être affamé de jeunes gens, Minos demande à Dédale de construire un Labyrinthe. Un lieu d'où il est difficile de sortir. Nous y sommes : comment trouver le chemin de la sortie ?. Il semble que sur cette terre ceux qui s'en sortent le mieux ce sont… les fourmis. Ameisen nous conduit alors vers ces petits êtres qui « depuis des centaines de millions d'années » cherchent et trouvent le chemin le plus court. Comment font-elles ? Trouvent-elles vraiment le chemin le plus court ? Peut-on se servir de leur méthode pour nos algorithmes compliqués ? Pour répondre à aux questions que se posent les biologistes, mathématiciens, informaticiens etc… des chercheurs ont mis des colonies de fourmis à l'extrémité d'un labyrinthe débouchant sur de la nourriture. Ce labyrinthe permettait 37 677 chemins différents dont 2 plus courts que les autres. En moins d'une heure nos fourmis avaient non seulement trouvé la sortie mais étaient sur la route la plus courte. Moi, ça m'en bouche un coin ! Tous les autres chapitres procurent le même émerveillement devant la nature. Les paragraphes sur les abeilles sont tous simplement magnifiques. Dans cet ouvrage, Ameisen prend le parti des toutes petites choses et c'est d'une phrase de
Virgile dans les
Géorgiques qu'il tire le titre de son livre « Je t'offrirai, à partir de toutes petites choses, des spectacles admirables ». Impossible de ne pas être séduite par un auteur qui sait mêler avant autant de délicatesse science, poésie, littérature…