Publié en 1926, ce récit de voyage semble être une réédition de la traduction originale. le nom du traducteur n'est pas mentionné ; on suppose qu'il s'agit de
Charles Rabot. On regrette que sur la couverture seul le nom d'Amundsen figure alors que le texte est écrit à plusieurs voix, comme indiqué au début de chaque chapitre.
Quelques photographies et repères historiques, politiques ou artistiques agrémentent le début de l'ouvrage. Pour le reste, il s'agit d'un document brut, certes présenté dans une mise en page agréable et aérée, mais sans autres notes ou informations que celles de l'édition originale.
Cela pourra rebuter le lecteur peu familier des comptes-rendus d'explorations. En effet le texte, à visée scientifique, comporte de nombreuses explications techniques, et parfois très développées, concernant la navigation, la météorologie, la topographie, la géographie, ainsi que des considérations ethnologiques.
Le style est par ailleurs souvent ampoulé et descriptif, comporte à plusieurs reprises des répétitions, voire des approximations (il nous semble avoir repéré une incohérence au sujet d'une heure) ; néanmoins des anecdotes parfois cocasses confèrent un peu d'humanité à cette épopée.
On notera que l'expédition commence bien en amont du pôle Nord : c'est en effet d'Italie que le « Norge » (nom du dirigeable) décolle, avant de parvenir, plusieurs semaines plus tard, en Alaska. Entre temps le Norge aura fait plusieurs escales, parfois longues, en raison des conditions météorologiques. Ainsi le dirigeable passe-t-il par la France, l'Angleterre, la Norvège, le Russie, la Finlande et, bien sûr, par le pôle Nord, avant de parvenir au terme de son périple et d'être démonté.
On constate, au fil des pages, à quel point ce voyage était risqué. Il est fait état de nombreux problèmes techniques révélant le caractère artisanal et empirique de la navigation en dirigeable : appareils de mesure imprécis, techniques de communication balbutiantes...
Cette expédition est avant tout un défi scientifique qui pourra néanmoins sembler dépassé au lecteur du XXIème siècle : celui de l'exploration de la planète par tous les moyens possibles. Amundsen prêche d'ailleurs souvent pour sa paroisse, vantant à plusieurs reprises la supériorité du dirigeable sur l'avion. La volonté de conquérir de nouvelles terres (symbolisée par l'acte totalement absurde de planter un drapeau, comme mentionné dans le texte, en raison d'un sol en perpétuel mouvement) pourra également sembler dérisoire au lecteur moderne, mais il convient de se souvenir que ce récit est le reflet d'une autre époque, d'une autre mentalité...
Au final, ce récit se révélera intéressant et passionnant pour le lecteur qui sait s'intéresser et se passionner pour ce type de récit. Les autres lecteurs sauteront de nombreux passages qui leur sembleront trop ennuyeux, pour ce concentrer sur les pages plus narratives.
(Merci à Babelio/Masse critique et aux Editions Interfolio qui m'ont permis de découvrir, à titre gracieux, ce récit.)
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