Un manque d'audace. C'est ce que certains journalistes ont reproché aux jurés du prix Goncourt. Avant ma lecture, je trouvais cela un peu exagéré, me félicitant de voir un roman, un vrai, récompensé. Et puis je l'ai lu. Me voilà à mon tour en train de dire que tout cela manque d'audace.
Oui, c'est un vrai roman. L'histoire est bien construite, la lecture est fluide, il y a des péripéties et le décor italien est plaisant. Mais, il me manque le souffle romanesque. le petit truc en plus qui fait qu'on s'accroche aux personnages comme si notre vie en dépendait, qu'on veut savoir ce qu'il advient d'eux, quitte à se coucher au beau milieu de la nuit.
Premier problème, je ne me suis jamais attachée au personnage principal que je trouve un peu geignard. C'est une victime, et même s'il lutte contre ce que le destin lui a donné comme handicap, tout nous rappelle toujours qu'il est petit et pauvre. A l'inverse, Viola me semble trop excentrique, presque ésotérique. Ce qui ne devrait pas être pour me déplaire, mais j'ai le sentiment que ce n'est pas pleinement assumé.
Deuxième problème, je n'ai pas retrouvé la chaleur de l'Italie. Je ne demande pas des descriptions à n'en plus finir, mais quitte à ce que l'histoire se situe dans ce pays, j'ai envie de le ressentir à chaque page.
Troisième problème, qui m'est propre, mon maître-étalon, c'est
Alexandre Dumas. Tout roman historique passe à la question : « qu'en aurait fait Dumas ? ». Malheureusement, ici, je me suis dit qu'il en aurait fait bien autre chose, appuyant l'excentricité de Viola et l'héroïsme de Mimo, appuyant sur toutes les ficelles du grand destin, de l'artiste dévoré, de l'amour dévorant.
Je reprends la phrase célèbre de Danton, je n'attends que de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace en littérature. J'aime ce qui me bouscule, me fait réfléchir, me touche en plein coeur. Face à tant de classicisme, je lis sans déplaisir mais sans ressentir grand-chose, avec le sentiment que rien ne décolle réellement. Paradoxalement, dans un autre genre, mes attentes diffèrent, et je peux m'émerveiller pour des textes courts qui ne tiennent que sur l'atmosphère. Mais si j'ai dans les mains un roman historique, j'attends plus de feu, de fougue. Il m'aura manqué ça.