C'est Michaelangelo Vitaliani, dit Mimo, qui va
veiller sur elle, nous, nous allons veiller sur lui.
Sacra di San Michele, Piémont, Italie, 1986, Mimo a quatre-vingt-deux, il est en train de mourir.
Les frères de l'Abbaye s'affairent autour de lui, car même s'il n'est pas des leurs, s'il n'a pas prononcé ses voeux, il vit parmi eux depuis quarante ans. Il a un statut particulier, et surtout un mystère : « Il essaie de dire quelque chose ».
L'abbé, Padre Vincenzo, va nous donner la version officielle et nous conduire dans le lieu hautement sécurisé où « elle » repose.
Entre ce qu'on dit, ce qu'on sait, et ce qui est vrai, il y a souvent des marges, que Mimo lui-même, va dissiper pour nous : « Mais depuis quand les morts ne peuvent-ils pas raconter leur histoire ? »
Mimo est le fils d'un émigré italien en vallée de la Maurienne, tué pendant la guerre de 14-18. Sa mère, ne pouvant subvenir à son éducation, l'envoie à Pietra d'Alba comme apprenti de Zio Alberto, un sculpteur alcolo. Il cumule les handicaps, non seulement il est pauvre, exploité sans vergogne par son oncle, mais en plus il est nain, à l'âge adulte il mesure cent quarante centimètres.
Petit par la taille, mais grand dans l'âme, notre héros va prendre sa revanche sur le destin. Il va surpasser le talent de sculpteur de
Michel-Ange, en donnant vie à sa Pietà.
Il va vivre une histoire d'amour hors du commun avec Viola, digne descendante de la dynastie Orsini. Lors de leurs rendez-vous nocturnes et clandestins au cimetière, ils vont se reconnaître comme « jumeaux cosmiques ».
Nous allons sculpter avec Mimo pendant six cent pages, afin de découvrir son secret. Maintes péripéties nous attendent, en navigant des bas-fonds crapuleux aux hauts-lieux du Vatican et sphères du pouvoir, en nous extasiant devant
Fra Angelico ou
Michel-Ange, en prétendant ne pas faire de politique - ignorer le fascisme, la guerre, l'antisémitisme… -.
« – Écoute-moi bien. Sculpter, c'est très simple. C'est juste enlever des couches d'histoires, d'anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu'à atteindre l'histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l'histoire qu'on ne peut plus réduire sans l'endommager. Et c'est là qu'il faut arrêter de frapper. Tu comprends ? » p. 574
Veiller sur elle est une lecture imposée dans le cadre d'un groupe de travail.
C'est un roman captivant, bien ficelé mais trop consensuel et érudit pour moi. Il ne m'a pas pris aux tripes.
J'ai passé beaucoup de temps à faire des recherches sur Google, et je n'ai pas trouvé particulièrement heureux ce mélange de personnages fictifs et êtres réels.
Le parallélisme entre
Michel-Ange et Mimo, la référence à Laszlo Toth, m'ont semblé présomptueux.
Je n'avais jamais entendu parler de l'acteur Bartolomeo Pagano, donc je suis incapable de le visualiser et de comprendre ce qu'il représente pour
Jean-Baptiste Andrea.
Beaucoup d'artifices pour complaire à un large public.
Beaucoup de bruit pour rien, l'ambiance reste bon enfant, et au-delà de cette avalanche de sujets effleurés, je n'arrive pas à distinguer l'essentiel de l'accessoire.
Je n'aime pas quand l'auteur reste en-dehors de son oeuvre. J'ai compris qu'il était féministe, mais encore…