AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,3

sur 5705 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est Michaelangelo Vitaliani, dit Mimo, qui va veiller sur elle, nous, nous allons veiller sur lui.

Sacra di San Michele, Piémont, Italie, 1986, Mimo a quatre-vingt-deux, il est en train de mourir.

Les frères de l'Abbaye s'affairent autour de lui, car même s'il n'est pas des leurs, s'il n'a pas prononcé ses voeux, il vit parmi eux depuis quarante ans. Il a un statut particulier, et surtout un mystère : « Il essaie de dire quelque chose ».

L'abbé, Padre Vincenzo, va nous donner la version officielle et nous conduire dans le lieu hautement sécurisé où « elle » repose.

Entre ce qu'on dit, ce qu'on sait, et ce qui est vrai, il y a souvent des marges, que Mimo lui-même, va dissiper pour nous : « Mais depuis quand les morts ne peuvent-ils pas raconter leur histoire ? »

Mimo est le fils d'un émigré italien en vallée de la Maurienne, tué pendant la guerre de 14-18. Sa mère, ne pouvant subvenir à son éducation, l'envoie à Pietra d'Alba comme apprenti de Zio Alberto, un sculpteur alcolo. Il cumule les handicaps, non seulement il est pauvre, exploité sans vergogne par son oncle, mais en plus il est nain, à l'âge adulte il mesure cent quarante centimètres.

Petit par la taille, mais grand dans l'âme, notre héros va prendre sa revanche sur le destin. Il va surpasser le talent de sculpteur de Michel-Ange, en donnant vie à sa Pietà.

Il va vivre une histoire d'amour hors du commun avec Viola, digne descendante de la dynastie Orsini. Lors de leurs rendez-vous nocturnes et clandestins au cimetière, ils vont se reconnaître comme « jumeaux cosmiques ».

Nous allons sculpter avec Mimo pendant six cent pages, afin de découvrir son secret. Maintes péripéties nous attendent, en navigant des bas-fonds crapuleux aux hauts-lieux du Vatican et sphères du pouvoir, en nous extasiant devant Fra Angelico ou Michel-Ange, en prétendant ne pas faire de politique - ignorer le fascisme, la guerre, l'antisémitisme… -.

« – Écoute-moi bien. Sculpter, c'est très simple. C'est juste enlever des couches d'histoires, d'anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu'à atteindre l'histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l'histoire qu'on ne peut plus réduire sans l'endommager. Et c'est là qu'il faut arrêter de frapper. Tu comprends ? » p. 574

Veiller sur elle est une lecture imposée dans le cadre d'un groupe de travail.
C'est un roman captivant, bien ficelé mais trop consensuel et érudit pour moi. Il ne m'a pas pris aux tripes.
J'ai passé beaucoup de temps à faire des recherches sur Google, et je n'ai pas trouvé particulièrement heureux ce mélange de personnages fictifs et êtres réels.
Le parallélisme entre Michel-Ange et Mimo, la référence à Laszlo Toth, m'ont semblé présomptueux.
Je n'avais jamais entendu parler de l'acteur Bartolomeo Pagano, donc je suis incapable de le visualiser et de comprendre ce qu'il représente pour Jean-Baptiste Andrea.
Beaucoup d'artifices pour complaire à un large public.
Beaucoup de bruit pour rien, l'ambiance reste bon enfant, et au-delà de cette avalanche de sujets effleurés, je n'arrive pas à distinguer l'essentiel de l'accessoire.
Je n'aime pas quand l'auteur reste en-dehors de son oeuvre. J'ai compris qu'il était féministe, mais encore…
Commenter  J’apprécie          2611
Un Goncourt, cela se déguste. On le dépiote comme un crustacé, en savourant chaque mot, en grignotant l'histoire, en cassant la carapace pour aller gratter et extraire la métaphore, en se laissant emporter enfin par la juxtaposition de mots improbable... le dernier opus de Jean-Baptiste Andréa a déjà un titre évocateur "Veiller sur elle". Il se présente comme un gros pavé de 580 pages devant lequel on salive comme devant un beau tourteau. Gagné !.. L'édition 2023 est d'une belle espèce. de celles qui vous emportent à la suite d'un personnage extraordinaire durant quasiment sa vie entière. Il y a du souffle épique au programme, en plus sur des chaleureuses terres italiennes. La montée du fascisme est évoquée par petites touches, mais cela reste un fonds sonore. le récit se concentre sur Mimo, un pauvre hère nain, doué pour la sculpture qui va tirer son épingle du jeu pour connaître une ascension sociale inespérée. Son moteur dans la vie est depuis l'enfance Viola, une fille d'aristocrate avec laquelle il noue une amitié forte, mais asexuée. Viola est un esprit libre, idéaliste, pleine de mépris pour ses origines, qui traverse l'existence avec détachement. Mimo court après elle, joue les protecteurs, se laisse envoûter, et revient immanquablement à elle, après avoir folâtré dans les draps de filles de passage. Que cherchent ces deux-là ? Peut-être simplement à prolonger la complicité de l'enfance. Grâce à la famille de Viola dont il a fini par se faire accepter, Mimo va connaître un destin exceptionnel de sculpteur, sollicité de toutes parts, y compris par cet état fasciste qu'il ne rejette pas. Une vie pleine et entière. Mais quand sa Viola va disparaître prématurément, le petit homme va perdre le goût de la vie, et se replier dans un monastère.

Ce livre est d'une belle densité. Avec une langue plutôt simple qui vous réserve parfois des décharges littéraires et sémantiques. L'auteur connaît visiblement l'Italie dans toutes ses dimensions. Il nous appelle à un beau voyage géographique et historique. Dans le dernier tiers, peut-être, l'histoire trottine avec nonchalance, mais comment en vouloir à l'auteur : une vie ne peut être faite que de coups d'éclat. L'important est de conduire à bon port, dans cet éclat final où le héro vieillissant va à nouveau se consumer pour son amie Viola. Une femme qui aura été son guide, sans qu'il ne l'ait jamais touchée. Puissant !....
Lien : https://calembredaines.fr
Commenter  J’apprécie          242
"Tramontane, Sirocco, Libeccio, Ponant ou Mistral. (...) Les mots ont un sens".
Certains vents glacent, arrachent, renversent; d'autres s'égaient entre les branches, font teinter les feuilles, caressent, s'enroulent, réchauffent. C'est vrai. Dire qu'il y a du vent ne suffit pas; les mots ont un sens.
Et Jean-Baptiste Andrea les maîtrise, les mots, avec brio, avec panache. Presque trop, jusqu'à l'aphorisme, donnant souvent à ses phrases des allures de sentence.
Ce livre est une réussite, incontestablement. Les trajectoires de Mimo et de Viola composent une fresque passionnante de l'Italie dans les remous du XXe siècle.
C'est en outre une réflexion et l'observation fine des différences physiques, sociales ou spirituelles.
Enfin, et surtout, c'est une ode vibrante à l'Art et au Beau.
A l'image de cette Pietà mystérieuse et cachée, porteuse d'envoûtements suspects, l'âme humaine projette autant de sublime que de sordide.
Jean-Baptiste Andrea traque la fêlure. Non celle qui, tapie dans le marbre, fragiliserait la sculpture, mais celle qui, au-delà des lignes et des courbes, donne à voir l'innocence, l'impuissance, la grandeur, les lâchetés. Ce fatras de glaise et de poussière qui façonne l'humanité.
Sans doute s'agit-il d'un mystère insoluble. Chaque page laisse deviner cet espoir du sublime sans jamais l'atteindre vraiment. Et c'est peut-être là la vraie richesse de ce roman. L'impossibilité à toucher le coeur du sacré, ce tâtonnement du "presque" qui ne fait qu'effleurer le mystère.
Sans doute, à lire ce billet, peut-on s'interroger. Ai-je aimé cette lecture?
J'emprunterai ma réponse à Brancusi, brièvement croisé dans le roman.
"Ne cherchez pas de formules obscures ou de mystère dans mon travail. C'est une joie pure que je vous offre. Regardez mes sculptures jusqu'à ce que vous les voyiez".

Je sais, la question reste entière....
Commenter  J’apprécie          243
Un roman très différent des trois autres écrits par l'auteur, plus étoffé et qui mélange de l'histoire à la fiction romanesque. En effet, le jeune Michelangelo Vitaliani, né en 1904 évolue dans une Italie qui voit naître le fascisme avec Mussolini, traverse les deux guerres mondiales en supportant l'attitude ambiguë du pape PieXII. Il est soutenu par les « Orsini », réminiscence d'une illustre famille de la renaissance dont « Viola », personnage central de l'histoire occupe tout l'espace. L'auteur, nous conte une belle aventure bien orchestrée avec de nombreux changements d'époque qui éclairent progressivement une narration qui tient le lecteur en haleine, dévoile la beauté artistique de la sculpture et la complexité des relations humaines.
Commenter  J’apprécie          240
Je me suis plongée dans ce livre après avoir soigneusement évité de trop apprendre sur son contenu. J'ai savouré la découverte de ce monde désuet, peuplé de personnages hauts en couleur. J'ai aimé le mystère qui se tisse en filigrane, les relations entre les personnages et leur évolution alors que le monde change. On peut reprocher à l'oeuvre de seulement effleurer certaines émotions, sans aller en profondeur. En revanche il s'agit indéniablement d'un page turner, un excellent divertissement qu'on dévore goulûment!
Commenter  J’apprécie          230
J'ai été touchée par ce roman et surtout par cette très belle histoire d'amitié entre Mimo et Viola, deux êtres que le destin a choisi de faire se rencontrer alors qu'ils évoluaient dans des mondes différents.

Mimo, personnage atypique, nous narre son parcours, les événements importants de sa vie, ses aspirations mais aussi ses difficultés, ses tristesses et surtout son amitié infaillible pour Viola, jeune femme pour qui il a été prêt à tout.

À travers leur destin, nous apercevons les soubresauts de l'histoire italienne avec la modernisation du pays, l'évolution des mentalités, mais également malheureusement les pans plus sombres : la montée du fascisme et l'arrivée de Mussolini au pouvoir.

Outre l'intérêt pour l'histoire, l'auteur nous plonge aussi dans le monde de l'art et notamment la sculpture qui semble passionnant !

L'auteur a fait preuve d'une grande sensibilité dans la description de cette amitié complexe. En effet Mimo et Viola ont passé leur vie à se fuur pour mieux revenir vers l'autre. J'ai aimé cette plume d'une grande douceur et suis admirative de la pudeur qui prédomine.
Commenter  J’apprécie          220
En 1917 quand commence cette histoire, Michelangelo Vitaliani a 13 ans et vit à Pietra d'Alba, une petite ville italienne imaginaire. Quand elle se termine, en 1986, il a 82 ans et termine sa vie dans l'abbaye de la Sacra où il vit reclus depuis 35 ans.

Né de petite taille, Michelangelo dit Mimo se révèlera très jeune, être un sculpteur de génie et sortira, grâce à son art, de son milieu ouvrier pour tutoyer les plus hautes sphères de la société italienne du début du XXème siècle. Installé à Gênes, à Florence ou à Rome, Mimo côtoya les plus grands, mais il revint toujours à Pietra d'Alba où vivait son amour d'enfance, Viola Orsini, la fille d'une famille d'aristocrates qui scella son destin.

Ce « funambule en équilibre sur une frontière trouble située entre deux mondes, la raison et la folie » mena une vie décousue dans laquelle il ne cessa d'alterner la sculpture et la débauche. Un « petit homme avec une ombre immense» qui aurait dû marquer son époque, si sa statue de la Pietà n'avait provoqué, en 1951, une sorte d'hystérie collective qui contraignit le Vatican à le bannir.

J'ai retrouvé avec plaisir la belle plume de Jean-Baptiste Andréa, même si le roman m'a semblé piétiner quelques fois, m'interpelant sur la finalité des nombreux périples de son héros. La partie historique est intéressante même si elle est peu approfondie et elle suffit à ancrer ce récit d'un autre siècle dans notre époque.

Si certains personnages secondaires sont passionnants et originaux, je me suis difficilement attachée à Mimo, un peu trop sûr de lui et souvent versatile. Mais j'ai eu un tel coup de coeur pour Viola, si excentrique et si forte, que la suivre en pointillé tout au long de la vie du sculpteur fut un régal.

Au final, l'ensemble est équilibré et je comprends l'engouement pour cette belle histoire d'amour et d'art qui m'a fait découvrir l'incroyable puissance créatrice de la sculpture.

Commenter  J’apprécie          220
Il est rare que j'achète un livre sous prétexte qu'il est prix Goncourt sans même en lire le résumé. J'ai pris un peu de temps avant de réussir à entrer dans l'histoire. le monde de l'art et plus spécifiquement de la sculpture ne me parle pas. Par contre, dès que Mimo rencontre le personnage de Viola, quelque chose de magique se passe. J'ai aimé leurs discussions, leurs vies hors du commun et la naissance de leur amitié. Cette amitié va d'ailleurs au-dela en tant que jumeaux cosmiques, ils seront toujours là l'un pour l'autre. Et c'est ainsi que tout en de côtoyant, chacun avance dans sa propre vie. Mimo prend une revanche sur ce que la vie lui avait confié dès la naissance. Dans ce roman, le pouvoir, la politique, l'art et la religion n'empêchent pas les personnages de croire en leur liberté. Jainapprecie l'écriture de Jean-Baptiste Andrea à la fois douce et poétique.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          210
Tout le monde en parle, les critiques vont dans le même sens, il a obtenu le prix du roman Fnac 2023, il est sélectionné pour les plus grands prix littéraires, comment passer à côté de « Veiller sur elle » de Jean-Baptiste Andréa ?

L'auteur en est à son 4e roman et semble aboutir ici à un bel équilibre, une écriture bien placée, des mots qui sonnent justes, des personnages fouillés qui en deviennent attachants, un village inventé mais bien ancré dans la réalité italienne qu'il en devient un personnage principal au même titre que Mimo et Viola.

Ce roman balaie plusieurs thèmes : la famille, le temps, l'amitié, les liens qui unissent les gens, les rapports parents/enfants, la politique qui divise, la fonction allouée aux femmes, aux gens de petite taille, aux pauvres, aux prêtres et à l'Eglise, au fascisme, tout cela à travers 8 décennies qui englobent les deux guerres mondiales. Petit clin d'oeil à John Irving avec l'introduction d'une ourse dans l'histoire.

C'est avant tout une rencontre improbable à 12 ans entre Mimo et Viola, issus de milieux sociaux diamétralement opposés, et qui vont vivre en osmose pendant des années, en « jumeaux cosmiques ». Mimo Vitaliani, né pauvre, abandonné par sa mère, confié en apprentissage à un oncle odieux qui abusera professionnellement de lui et d'un autre apprenti toute sa vie ; il restera petit de taille mais s'élèvera au plus haut rang de la sculpture pour prouver qu'il n'est pas un nabot mais un artiste talentueux. Viola est issue d'une grande famille bourgeoise les Orsini bien installés dans le village italien où arrive Mimo à l'âge de 12 ans. Elle est extrêmement intelligente, lettrée, fantasque, pleine de rêves difficilement réalisables pour une femme au début du XXe siècle. Ces deux-là vont passer leur vie à s'attendre, se disputer, et s'aimer quoi qu'il en coûte.

Tout l'art de JB Andréa est de montrer la force de leur lien à travers les années et les évènements politiques, alors qu'ils grandissent tous les deux et prennent des chemins opposés. Leur union restera intacte. C'est une belle histoire que nous raconte JB Andréa, en utilisant le « je » qui donne la parole à Mimo, nous faisant ainsi entrer dans sa tête. En filigrane, le mystère de la Piéta réalisée par Mimo, dont on n'aura l'explication qu'à la fin. L'auteur nous plonge dans la vie d'un sculpteur de génie, nous narrant toutes les facettes du métier dont il a su se documenter avec intérêt et qu'il nous retransmet avec plaisir. Car le talent est aussi dans ces détails, ainsi que dans la construction des différents personnages qui gravitent autour de Mimo et Viola, leur donnant une consistance, un passé et un bagage qui va les caractériser.

Un très bon moment de lecture, qui passe vite malgré les presque 600 pages, grâce au talent de conteur exceptionnel de l'auteur.

Commenter  J’apprécie          212
C'est un bel attelage que cet auteur et son éditeur , l'Iconoclaste, Ils avancent vite et bien.
Voilà le troisième roman de cet auteur que je lis et il se bonifie en route me semble t'il.
Michelangelo Vitaliani,(Mimo) fils de tailleur de pierre, nait en France en 1904, il est atteint de nanisme ce qui décuplera son envie et besoin de réussite, il sera sculpteur , et pourquoi pas aussi illustre que Michelangelo Buonarroti de 500ans son aîné !
Des marbres de Carrare à Florence il n'y a qu'un pas tout comme Rome et le Vatican de la renommée. Il va sculpter une « Pieta » qui fera chalouper jusqu'au pape si bien qu'elle deviendra un trésor caché aux yeux du monde tout comme Mimo vieillissant.
Viola , une fille rebelle de la grande famille Orsini occupera tout le côté romanesque du roman.
Les tribulations de Mimo à travers l'Italie et le fascisme sont ici menées tambour battant, une seule envie: tourner les pages ; même si ce n'est pas de la grande littérature, elle embarque le lecteur à tous les coups.
Commenter  J’apprécie          212





Lecteurs (12336) Voir plus



Quiz Voir plus

Veiller sur elle (Jean-Baptiste Andrea)

Que constate-t-on à la naissance de Michelangelo Vitaliani ?

Sa grande taille
Sa petite taille

27 questions
97 lecteurs ont répondu
Thème : Veiller sur elle de Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..