On pourrait penser à une énième version de Roméo et Juliette à la lecture de ce roman .
Mimo et Viola ont treize ans quand ils se rencontrent, lui est un pauvre apprenti sculpteur atteint de nanisme, elle une jeune fille riche, fantasque et hypermnesique.
S'ils sont socialement incompatibles au début du roman, rien n'aurait pu les empêcher de s'unir s'ils l'avaient réellement souhaité.
Mais la relation qu'ils entretiennent est différente, plutôt de l'ordre des "jumeaux cosmiques" l'affirme Viola.
Jean-Baptiste Andrea aborde cette relation particulière avec intensité et délicatesse. Une intensité qui ne se dementira jamais malgré les brouilles, les séparations et les rancoeurs. Car ces deux-là ont un lien fort qui ne peut se défaire même s'ils choisissent souvent des chemins différents.
" Toi, moi, notre amitié. Un jour on s'aime. le lendemain, on se déteste... Nous sommes deux aimants. Plus nous nous rapprochons, plus nous nous repoussons.
- Nous ne sommes pas des aimants. Nous sommes une symphonie. Et même la musique a besoin de silences. "
La sexualité est absente de cette complicité quasi gémellaire et elle est à peine évoquée, alors même que l'auteur signale que Mimo et ses compagnons de boisson se livraient souvent à des nuits bien agitées.
Même si ses héros évoluent dans des périodes bien sombres, de la débâcle de la Première Guerre mondiale à la montée du fascisme et à la seconde guerre, l'auteur a choisi de peindre cette toile de fond en demi-teintes. Il est certes question de diverses pressions, de liens idéologiques entre le Vatican et les fascistes mais la violence est sciemment évitée.
Le contexte historique est davantage mis au service d'une intrigue qui montre comment Mimo se compromet auprès du pouvoir pour assurer son statut et à contrario, comment Viola, infiniment plus intègre, affirme ses positions antifascistes.
Par l'intermédiaire des frères de Viola, l'auteur dénonce les magouilles politiques auxquelles ils se sont livrés et comment ceux qui sont les plus proches du pouvoir, se sortent avec cynisme des situations les plus graves.
Enfin l'histoire de la Pietà ajoute une touche de mystère à cette intrigue plutôt consensuelle.
Cette oeuvre, sculptée par Mimo provoque un trouble dérangeant, un malaise inexplicable chez ceux qui la contemplent. Face à l'hystérie qui accueille la présentation de cette Vierge, le Vatican décida de la confier aux moines de la Sacra avec la recommandation de ne jamais la montrer aux visiteurs.
On comprendra alors pourquoi Mimo a choisi de finir sa vie au monastère, pour
veiller sur elle...
Un roman plein de charme et de subtilité mais qui manque un peu d'asperites.